Article publié le 04/03/2009 Dernière mise à jour le 07/03/2009 à 09:36 TU
Des responsables des agences de l’ONU ont accusé, en 2004, le gouvernement soudanais d’avoir procédé à un « nettoyage ethnique » contre les populations darfouris, composées notamment de Fors, Massalites et Zaghawas, utilisant pour cela des moyens militaires importants, notamment des avions bombardiers, ainsi que l’appui de milices armées arabes, les janjawids, qui auraient participé à plusieurs massacres de civils. Les autorités de Khartoum ont démenti à plusieurs reprises ces accusations et affirment que le conflit au Darfour, contre des groupes rebelles, aurait provoqué seulement 10 000 morts.
En janvier 2005, une commission d’enquête de l’ONU, tout en dénonçant des crimes contre l’humanité, considère toutefois que le gouvernement du Soudan « n’a pas poursuivi une politique de génocide ». Puis, en mars de la même année, les Nations unies approuvent le principe de sanctions ciblées contre les individus reconnus coupables d’atrocités, qui pourront être traduits devant la Cour pénale internationale (CPI). Le 6 juin 2005, la CPI annonce l’ouverture d’une enquête, dirigée par le procureur Luis Moreno-Ocampo, sur les crimes présumés commis au Darfour.
En mai 2007, la CPI délivre des mandats d’arrêt pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité contre le ministre soudanais des Affaires humanitaires, Ahmed Haroun, et le chef des milices janjawid Ali Kosheib. Le président Omar el-Béchir a toujours refusé leur extradition. Le 14 juillet 2008, le procureur Moreno-Ocampo demande aux juges de la CPI de délivrer des mandats d’arrêt contre le chef d’Etat soudanais pour des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide commis au Darfour. En novembre 2008, le procureur a demandé des mandats d’arrêt contre trois commandants rebelles, accusés d’avoir dirigé une attaque contre des éléments de la force de paix de l’Union africaine (UA), tuant 12 soldats.
Le Soudan, soutenu par l’UA, a demandé, le 20 février 2009, le report d’un an de l’émission du mandat d’arrêt international contre son président affirmant que « cela nous donnera du temps pour travailler à la paix au Darfour, que nous avons déjà entamé avec un mouvement (de rebelles) ». Le 3 mars dernier, Omar el-Béchir a affirmé que toute décision de la CPI à son encontre n’aurait « aucune valeur » et que « cette décision à venir, ils peuvent se préparer à la ravaler ». L'armée soudanaise a prévenu, ce mercredi 4 mars 2009, qu'elle « réagira avec fermeté » contre ceux qui collaboreraient avec la CPI.