Article publié le 05/03/2009 Dernière mise à jour le 07/03/2009 à 03:53 TU
Le président bissau-guinéen Joao Bernardo Vieira a été tué par des militaires, ce lundi 2 mars 2009.
(Photo : AFP)
La résidence de l’ancien président Joao Bernardo Vieira porte encore, trois jours après son assassinat, les traces de l’attaque des militaires de lundi matin. Impacts de balle et d’arme lourde, désordre dans toutes les pièces du bâtiment, taches et projections de sang prouvent la violence employée par les assaillants et attestent du pillage qui a suivi. Notre envoyé spécial a pu visiter le bâtiment.
De notre envoyé spécial à Bissau, Laurent Correau
Une salle à manger modeste. Deux chaises côte à côte. Le carrelage blanc est défoncé sous l’une d’elles. Il est surtout maculé de sang séché. Les projections ont éclaboussé le mur. Une machette est posée là, au milieu des douilles de balle. Un chargeur d’AK 47 a été laissé sur l’une des chaises.
Le sol maculé de sang et les projections qui marquent le sol de la salle à manger témoignent de la violence des assaillants.
(Photo : L. Correau/RFI)
Des cannettes de boisson et des effets personnels jonchent le sol. Toutes les pièces ont été saccagées. Dans la chambre du chef de l’Etat, une rafale d’arme automatique est venue symboliquement lacérer la penderie où étaient alignés les costumes du président.
Sur le lit, deux tiroirs et un attaché-case sont encore posés. On y trouve un décret présidentiel, signé le 31 décembre dernier, reconnaissant l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.Dans une autre pièce dévastée, une feuille manuscrite semble fixer des lignes directrice : « 1) informer 2) déplorer et condamner 3) Appeler au calme (…) » elle pose également à l’encre verte les grandes lignes d’un programme « chefs militaires 9h00, conseil des ministres 10h30… ». Sur une autre feuille, on trouve les premières lignes de ce qui aurait pu être un message à la nation « Hier, le … 2009 à 19h15 minutes… » Le texte s’arrête là.
« Ils sont venus pour tuer et piller »
Un peu plus loin, un coffre fort a été éventré. « Ils sont venus pour tuer et piller », se lamente un des guides. « Ils ont même cuisiné de la viande », explique, indigné, un autre. Le petit grill est encore visible dans une cour adjacente. Le charbon n’a pas été vidé. Un morceau de viande est à terre. Des vautours rôdent et se posent sur les parois d’un container.
Le mur d’enceinte de la maison de Nino Vieira, transpercé par un tir d’arme lourde.
(Photo : L. Correau/RFI)
« C’est un acte barbare, estime un habitant du quartier. On ne peut pas agir comme ça. Que le président soit bon ou pas, on ne peut pas le tuer comme ça. »