Article publié le 07/03/2009 Dernière mise à jour le 08/03/2009 à 22:51 TU
Le plus prestigieux des festivals panafricains du cinéma et de la télévision, celui de Ouagadougou au Burkina Faso, vient tout juste de proclamer son palmarès. La plus haute récompense l'Etalon d'or du Yennenga a été décernée au film Teza de l'Ethiopien Hailé Gerima qui revient sur les années de dictature qu'a connues son pays. Cette année, le Fespaco a remis 128 récompenses au total pour cette 21e édition. Le festival qui fêtait son 40e anniversaire a présenté un nombre record de films 374 qui avaient été sélectionnés parmi les 664 oeuvres qui lui avaient été envoyées. Voilà qui témoigne du dynamisme du cinéma africain
Salomé Gerima, soeur du réalisateur éthiopien Haile Gerima, reçoit à la place de son frère l'Etalon d'or de Yennenga pour le film Teza au festival de Fespaco à Ouagadougou, le 7 mars 2009.
(Photo : AFP)
Avec notre envoyée spéciale à Ouagadougou, Sophie Torlotin
Le palmarès est à l’image de cette 21ème édition : désordonné, incohérent du point de vue du 7ème art. Quoique très panafricain : on a parfois le sentiment que les considérations géopolitiques et protocolaires priment sur les qualités purement cinématographiques.
Si l’étalon d’or de Yennenga remis à Teza, la fresque historique de Hailé Gerima sur l’Ethiopie et l’étalon de bronze accordé à l’Algérien Lyes Salem pour Mascarades étaient attendus, d’autres choix laissent songeurs.
Les films sud-africains Nothing but the truth de John Kani et Jerusalema Ralph Ziman se retrouvent tous deux au palmarès, confirmant la vitalité de l’Afrique du Sud, pôle d’attraction du 7ème art sur le continent.
Les œuvres des réalisateurs maghrébins se taillent la part du lion, en remportant une dizaine de prix sur les 30 décernés. Les films algériens se distinguent particulièrement. De quoi réjouir l’importante délégation algérienne venue présenter la 2ème édition du festival panafricain qui se tiendra à Alger en juillet prochain.
Les deux films burkinabè n’ont bien sûr pas été oubliés. Le fauteuil de Missa Hébié reçoit le prix RFI du public et celui de la 1ère oeuvre et Cœur de lion de Boubakar Diallo est distingué par l’Union européenne.
Teza est à la fois un cri, une leçon d’histoire et un poème visuel au puissant souffle épique
Hailé Gerima nous entraîne dans l’histoire de l’Ethiopie contemporaine, rappelant quels furent les espoirs de sa génération, portés par l’idéal révolutionnaire, puis broyés par les dérives autoritaires et brutales de la dictature Mengistu.
Il le fait à travers les yeux d’un intellectuel, Anberber, témoin impuissant, victime et à la fois en partie responsable des soubresauts de l’histoire de son pays. Jeune homme, Anberber suit des études scientifiques en exil en Allemagne. Dans les années 70, la chute du Négus Hailé Sélassié lui permet de retourner en Ethiopie aux côtés de son ami Tesfaye. Anberber et Tesfaye sacrifient leur vie privée, leurs amours et leurs enfants, pour un avenir qui s’annonçait radieux et qui se transforme en bain de sang.
Hailé Gerima n’épargne ni sa génération, qui n’a pas pu ou pas su éviter les violences, ni l’Occident coupable de violences racistes. Le seul espoir du film repose sur une nouvelle génération, ces enfants à qui Anberber finira par faire la classe. Hailé Gerima, qui n’avait pas fait le déplacement à Ouagadougou, avait envoyé sa sœur et co-productrice Salome Gerima qui a déclaré chercher des financements pour montrer le film gratuitement dans les universités éthiopiennes.
Palmarès de la 21e édition du Fespaco |
Catégorie Long métrage : - Etalon d'or de Yennenga : Teza de Hailé Gerima (Ethiopie) - Le poisson noyé (Imout el hout) de Malik Amara (Tunisie). Diaspora : - Prix Paul Robeson : Jacques Roumain, la passion d'un pays de Antonin Arnold (Haïti). Catégorie documentaire : - Nos lieux interdits de Kilani Leila (Maroc). TV/Vidéo : Séries/sitcom : - Prix spécial du jury : When we were black de Khalo Matabane (Afrique du sud). AFP |
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08/03/2009