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Slovénie / Croatie

Délicates discussions pour une médiation européenne

par Maud Czaja

Article publié le 10/03/2009 Dernière mise à jour le 10/03/2009 à 17:11 TU

La Slovénie et la Croatie ont accepté l’idée d’une médiation européenne dans le différend frontalier qui les oppose. Mais Zagreb a posé une condition : le contentieux doit être définitivement tranché devant une instance judiciaire internationale. Les ministres des Affaires étrangères slovène et croate doivent rencontrer ce mardi soir le commissaire européen à l’Elargissement Olli Rehn pour discuter de cette possible médiation européenne.


La question du partage de la baie de Piran, entre la Croatie et la Slovénie, fait toujours l’objet d’un litige qui semble ne pas pouvoir trouver d’issue par des négociations bilatérales.(Carte : www.amb-croatie.fr)

La question du partage de la baie de Piran, entre la Croatie et la Slovénie, fait toujours l’objet d’un litige qui semble ne pas pouvoir trouver d’issue par des négociations bilatérales.
(Carte : www.amb-croatie.fr)


« Nous avons maintenant les positions de départ des deux pays », a déclaré lundi le commissaire européen à l’Elargissement Olli Rehn. Bruxelles, Zagreb et Ljubljana vont donc pouvoir s’asseoir à la table des négociations pour définir ensemble les conditions d’une médiation européenne.

Zagreb veut un arbitrage international

Mais Olli Rehn reste néanmoins prudent car rien n’est gagné. « Il s’agit d’un pas positif », a estimé le chef de la diplomatie slovène Samuel Zbogar, « mais il pourrait être insuffisant ». L’UE avait demandé aux deux pays de ne pas poser des « conditions impossibles » à une médiation européenne. Or, Zagreb réclame que le contentieux territorial, qui porte sur quelques kilomètres de tracé de la frontière maritime et terrestre, soit porté devant une instance judiciaire internationale.

La Croatie a en effet toujours réclamé un arbitrage international pour régler ce conflit alors que de son côté, la Slovénie a toujours soutenu une médiation européenne. Une procédure entamée devant, par exemple, la Cour internationale de justice pourrait prendre plusieurs années. Et dans ce cas de figure, Ljubljana prévient qu’elle maintiendrait son veto à l’ouverture de nouveaux chapitres des négociations, ce qui retarderait l’adhésion de la Croatie. Pour l’instant, seuls 22 chapitres des négociations sur 35 ont été ouverts avec la Croatie. La Slovénie a en effet mis ses menaces à exécution en décembre en mettant son veto à l’ouverture de dix nouveaux chapitres. Une décision qui a remis le contentieux slovéno-croate sur le devant de la scène européenne.

Ce conflit retarde l’entrée de la Croatie dans l’Union européenne

Depuis, les rencontres entre responsables croates et slovènes se sont multipliées sans succès.

L’Union européenne, qui a pour habitude de laisser les Etats régler bilatéralement leurs différends frontaliers, a donc proposé de jouer les médiateurs car ce conflit retarde l’entrée de la Croatie dans l’Union européenne, qui apparaissait acquise pour 2010.

Le commissaire européen à l’Elargissement Olli Rehn a déjà pris les devants en demandant au prix Nobel de la paix Martti Ahtisaari, qui avait déjà été médiateur dans les Balkans, au Kosovo, d’accepter de se pencher sur ce contentieux territorial qui oppose la Slovénie et la Croatie depuis près de 18 ans.

Le golfe de Piran


Le différend qui oppose la Slovénie à la Croatie repose principalement sur la définition des eaux territoriales dans le Golfe de Piran. En effet, depuis l’éclatement de la Yougoslavie en 1991, Zagreb et Ljubljana n’arrivent pas à s’accorder sur le tracé des frontières maritimes et terrestres dans cette zone.

Derrière cette bataille pour quelques kilomètres se cache en fait l’accès pour la Slovénie aux eaux internationales. Pour l’instant, sa façade maritime est enclavée entre les eaux croates et italiennes.