par Stefanie Schüler
Article publié le 11/03/2009 Dernière mise à jour le 11/03/2009 à 20:47 TU
La guerre sale |
Entre 1980 et 2000, les forces de l’ordre et l’armée péruvienne affrontent la guérilla maoïste du Sentier lumineux en une guerre sanglante. Au plus fort du conflit, la guérilla comptait environ mille membres mais elle contrôlait de nombreux villages de la campagne péruvienne, dont la population était souvent forcée de coopérer avec le Sentier lumineux. Quand l’armée péruvienne reprend les villages, elle massacre à son tour pour punir les villageois d’avoir « coopéré ». En 1992, pour répondre aux attaques des guérilleros, des lois antiterroristes draconiennes sont adoptées. Plus de 2 500 personnes sont alors jugées sous le régime dictatorial d’Alberto Fujimori. Victimes de tortures et d’exécutions sommaires, elles étaient condamnées à mort ou à des lourdes peines de prison en absence de tout procès équitable. |
La Commission Vérité et Réconciliation (CVR) |
Créée en 2002 (après le retour de la démocratie avec l’élection d’Alejandro Toledo en juin 2001), la Commission Vérité et Réconciliation recueille en 26 mois 17 000 témoignages de victimes et d’acteurs du conflit. La CVR rédige ensuite un rapport qui est rendu public. La réalité éclate alors au grand jour : la guerre civile a fait plus de 70 000 morts, aussi bien dans les rangs de la guérilla que parmi la population civile et les forces de l’ordre. |
Lors de ses recherches, la Commission a identifié également 4 000 charniers à travers le pays. Mais à ce jour, une dizaine seulement ont été exhumés. Salomon Lerner Febres, l’ancien président de la Commission Vérité et Réconciliation, accuse la classe politique péruvienne, pour laquelle, selon lui, il vaut mieux « que les morts restent morts dans l’ignorance et l’oubli, sinon de nombreux hommes politiques impliqués dans les crimes de guerre devraient faire face à la justice ».