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Parlement européen

La rupture conservatrice

par Piotr Moszynski

Article publié le 12/03/2009 Dernière mise à jour le 12/03/2009 à 18:33 TU

Le Parlement européen à Strasbourg.(Photo : DR)

Le Parlement européen à Strasbourg.
(Photo : DR)

Les conservateurs britanniques rompent avec le Parti populaire européen (PPE) pour créer un groupe plus eurosceptique au Parlement européen, voire un nouveau parti paneuropéen. Leur départ du PPE est sûr, la création d’un nouveau groupe parlementaire – beaucoup moins. Pour l’instant, ils n’ont pas suffisamment d’alliés pour le faire.

Les grandes manœuvres pré-électorales ont commencé au Parlement européen. Il doit être renouvelé en juin prochain et, comme souvent à l’approche des élections, les partis cherchent à profiler leur image de manière aussi claire et compréhensible pour les électeurs que possible. Ces partis veulent donc se distinguer des autres en soulignant les points de leurs programmes qu’ils jugent les plus caractéristiques et les plus séduisants aux yeux de leurs électeurs. Ainsi, les tories reprochent aux autres conservateurs et aux chrétiens-démocrates réunis au sein du PPE d’être un peu trop euro-enthousiastes.

En disant que cela leur est devenu insupportable et en tirant des conclusions aussi brutales, les membres britanniques du PPE disent en même temps à leurs électeurs : « Regardez, c’est nous qui incarnons le mieux votre attachement à la Nation et votre angoisse face à l’administration bruxelloise toute puissante qui nous étouffera si nous ne résistons pas ».

Les alliés

Après s’être clairement démarqués de leurs collègues du PPE, les conservateurs britanniques espèrent maintenant amplifier leurs forces en trouvant des alliés aux attitudes semblables. D’autant plus que, pour fonder un nouveau groupe au Parlement européen et un nouveau parti paneuropéen, il faut être au moins sept. Sept partis originaires de sept pays de l’UE. Pour l’instant, le compte n’y est pas. Seulement deux partis représentés au PE signalent leur volonté de suivre les tories. Les eurodéputés tchèques du parti ODS, proches du président eurosceptique Vaclav Klaus, annoncent aussi leur intention de quitter le PPE. Le deuxième parti qui s’apprête à s’allier aux conservateurs britanniques ne peut pas le quitter car il n’en fait pas partie. Il appartient à un autre groupe parlementaire, Union pour l’Europe des Nations (UEN), qui réunit les souverainistes. Il s’agit de « Droit et Justice » (PiS) des fameux frères jumeaux polonais, Lech et Jaroslaw Kaczynski.

Selon l’agence de presse polonaise PAP, les auteurs de la nouvelle initiative seraient en pourparlers également avec quelques partis des pays baltes et avec le parti flamand « La Liste de Dedecker ». Est-ce que cela suffira pour créer un nouveau parti européen, et ensuite devancer les libéraux et devenir la troisième force politique au Parlement européen, derrière le PPE et les socialistes ? Telle est l’ambition des initiateurs de l’opération. Pourtant, elle risque d’être difficile à mettre en œuvre. En effet, le groupe libéral au PE compte actuellement 100 députés de 22 pays. Or les trois partis qui sont actuellement engagés dans le nouveau projet ne peuvent espérer, à l’issue des prochaines élections européennes en juin 2009, que sur une cinquantaine de mandats.

Quelle différence ?

Mais, au-delà de chiffres et de calculs, y compris électoraux, quelle serait, en fin de compte, la différence essentielle entre le nouveau parti et le PPE actuel ? Les Britanniques sont plutôt avares en détails et ils agissent essentiellement en coulisses. Les députés de l’ODS et du PiS sont un peu plus bavards. Selon Jan Zahradil de l’ODS, il s’agirait d’un parti « euroréaliste, soutenant le marché libre », y compris dans le domaine de services. Il estime par ailleurs que la principale différence avec le PPE, c’est que « ce ne sera pas un parti fédéraliste ».

Adam Bielan du PiS explique : « Les chrétiens-démocrates sont le parti le plus euro-enthousiaste au sein du PE, encore plus que les socialistes. Nous ne soutenons pas l’intégration de ce genre. Nous n’allons certainement pas, non plus, appartenir au même groupe que les partis qui ne sont pas vraiment amicaux envers la Pologne, comme le CDU allemand ». Le parti des frères Kaczynski souhaite donc apporter au nouveau groupe parlementaire surtout son nationalisme assorti de quelques phobies. Au moins, c’est clair et déclaré d’avance. Jadis, les conservateurs britanniques faisaient très attention à rester en bonne compagnie, soigneusement sélectionnée. Mais les temps changent et certaines traditions se perdent.