par RFI
Article publié le 16/03/2009 Dernière mise à jour le 16/03/2009 à 14:43 TU
Le président de l'Assemblée nationale congolaise, Vital Kamerhe, en décembre 2006.
(Photo : Georges Tamba/AFP)
La rentrée parlementaire est tendue, ce début de semaine, à Kinshasa. Les députés de la majorité réclament la démission du président de l'Assemblée. Ils reprochent à Vital Kamerhe ses critiques contre la participation du Rwanda à une opération contre les rebelles hutus rwandais FDLR, le mois dernier, dans l'est du Congo. Mais le patron de l'Assemblée nationale n'entend pas lâcher prise.
En dépit des pressions exercées sur lui par sa famille politique et par le chef de l’Etat, le président de l’Assemblée nationale a ouvert, ce lundi, la session parlementaire de mars.
Il était seul à la tribune, tous les autres membres du bureau ayant démissionné avant cette rentrée. Kamerhe a tout de même réussi à rassembler trois cent députés : l’ensemble des députés de l’opposition, auxquels se sont ajoutés près d’une centaine appartenant à la majorité.
Dans son discours, le président de l’Assemblée nationale a promis sans donner de date de convoquer incessamment la conférence des présidents des groupes parlementaires. « Une réunion au cours de laquelle, a-t-il dit, sera posé le problème de sa démission qui est exigée par l’AMP (l'Alliance de la majorité présidentielle) et par le président Kabila ». « On ne peut pas jeter le discrédit sur les députés, tout simplement parce qu’ils ont exercé une prérogative qui leur est reconnue constitutionnellement », a également expliqué le président de l’Assemblée nationale.
Soutien de députés «kabilistes»
Kamerhe a été fortement applaudi par le public, composé essentiellement des fonctionnaires du Parlement, les seuls autorisés - en dehors des députés – à assister à la cérémonie d’ouverture de la session parlementaire.
La veille, il avait passé toute la journée au Palais du peuple, mettant la dernière main aux préparatifs de cette séance cruciale. Il est resté sourd aux pressions de sa famille politique, y compris celle du chef de l’Etat, qui exige sa démission.
Aucun des nombreux émissaires envoyés auprès du président de l’Assemblée nationale n’est parvenu à le convaincre : « Je veux bien démissionner mais cela doit se faire dans le respect des textes », n’a cessé d’expliquer Kamerhe.
L’Alliance de la majorité présidentielle (AMP) a demandé à ses membres de boycotter cette cérémonie, d’où l’étonnement des députés de l’opposition. Jean-Lucien Bussa du Mouvement de libération du Congo (MLC) : « La déchéance ne peut être obtenue que lorsqu’une plénière est convoquée. En ce qui nous concerne, explique l'opposant, en tant que députés de l’opposition, nous nous étonnons d’une majorité au pouvoir qui refuse de participer au jeu démocratique. Mais en même temps, nous sommes en train de craindre une espèce de dérive présidentialiste et même dictatoriale qui s’annonce à l’horizon ».
Au sein de la mouvance présidentielle, certains députés pensent la même chose que l’opposition. Justin Bitakwira demande ainsi au chef de l’Etat de reconsidérer sa position : « Si le chef de l’Etat veut encore qu’il soit le chef de l’Etat, que tout le monde a vanté, en qui chacun a confiance, qu’il suive nos propos, qu’il suive nos convictions ; dans le cas contraire, je considère qu’il est un chef de l’Etat perdu »... Certains journaux de Kinshasa affirment qu’il s’agit d’un conflit d’intérêt dans la cour du président Kabila.