Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Madagascar

Andry Rajoelina se déclare «président de transition»

par  RFI

Article publié le 17/03/2009 Dernière mise à jour le 18/03/2009 à 03:52 TU

Andry Rajoelina devant le palais présidentiel d'Antananarivo, le 17 mars 2009.(Photo : Siphiwe Sibeko/Reuters)

Andry Rajoelina devant le palais présidentiel d'Antananarivo, le 17 mars 2009.
(Photo : Siphiwe Sibeko/Reuters)

L'opposant Andry Rajoelina se dit « président de transition » avant une élection présidentielle qui doit avoir lieu « d'ici 24 mois », a-t-il déclaré mardi soir à la chaîne d'information française LCI. Un peu plus tôt, les généraux lui avaient confié les pleins pouvoirs après une journée très confuse au plus haut niveau de l'Etat. Le président Ravalomanana a décidé mardi de transférer ses pouvoirs et ceux du Premier ministre à un « directoire militaire ». C’est par une ordonnance datée de ce mardi 17 mars que Marc Ravalomanana a donné mission à ce groupe de militaires d’organiser des « assises nationales », décision aussitôt comprise comme une démission, même si la présidence malgache n’emploie pas ce mot.

Le vice-amiral Hippolyte Rarison Ramaroson a été très clair : « On nous a donné les pleins pouvoirs, nous remettons les pleins pouvoirs à Andry Rajoelina. Nous ne voulons rien garder ». Et puisque le directoire militaire a reçu le pouvoir par ordonnance mardi matin, c’est encore par ordonnance qu’il a désigné Andry Rajoelina pour présider la transition.

Andry Rajoelina, après avoir reçu les pleins pouvoirs de l'armée malgache

« Suite à la décision du directoire militaire, c'est moi, Andry Rajoelina, qui dirige le pays actuellement... Je suis le président de la transition. »

18/03/2009 par Catherine Ninin


Selon les généraux, cette passation était leur objectif dès cet après-midi, mais on ne les a pas laissés faire lors d’une réunion à l’épiscopat. Andry Rajoelina avait claqué la porte dès le début de cette réunion qui devait valider le « directoire militaire » et les trois généraux avaient été emmenés manu militari par les soldats du CAPSAT, ces soldats qui symbolisent la révolte de l’armée contre Marc Ravalomanana. On se demandait alors ce qu’il allait advenir d’eux et en fait finalement ils ont juste confirmé cette intention de donner le pouvoir à Andry Rajoelina. « Nous n’avons pas pris cette décision sous la contrainte », assuraient les trois généraux.

Maintenant, il va falloir voir comment se concrétise dès demain cette déclaration, ce nouveau pouvoir qui appartiendrait à Andry Rajoelina. L’opposant n’est plus opposant théoriquement maintenant puisqu'il a les pleins pouvoirs, mais il faut désormais qu’il définisse les contours précis de la transition, de nombreuses incertitudes techniques demeurent. Il faudra aussi voir l’accueil que lui fera la population d’Antananarivo mais aussi celle de la province après cette annonce.

Le déroulé de la journée

Mardi matin, Andry Rajoelina fait une entrée triomphante dans les bureaux de la présidence à Antananarivo accompagné par une foule de sympathisants.

A une douzaine de kilomètres, le chef de l'Etat, Marc Ravalomanana, est retranché dans un autre palais à quelques kilomètres de la capitale protégé par la garde présidentielle.

Vers 11H30 TU, RFI apprend que le président Ravalomanana, cédant aux pressions de l'opposition, annonce qu'il décide de transférer ses pouvoirs et ceux du Premier ministre à un « directoire militaire » qui sera dirigé par l'officier le plus ancien et le plus haut gradé. Il s'agit du vice-amiral Hippolyte Rarison Ramaroson à qui est confiée la mission d'organiser des « assises nationales ».

Cette décision de Marc Ravalomanana est alors comprise par beaucoup comme une démission d'autant que ce dernier quitte sa résidence pour une destination inconnue. Mais la présidence dément toute démission. 

A la suite de la signature de cette ordonnance, le Conseil des Eglises malgaches -qui rassemble les Eglises protestantes et catholiques - a organisé une réunion de médiation avec l’ensemble des acteurs de la crise. Mais cette réunion a mal tourné.

Le médiateur, Monseigneur Odon Razanakolona, archevêque d’Antananarivo, a voulu informer tous les acteurs de cette affaire de l’ordonnance présidentielle. Il a donc convoqué l’état-major, Andry Rajoelina, en présence des différents émissaires, celui de l’ONU, de l’Union africaine, et quelques diplomates, dont le doyen, le nonce apostolique.  

Les membres du directoire arrêtés

Lorsque Andry Rajoelina est arrivé et a été informé du contenu de cette ordonnance présidentielle qui donne donc le pouvoir du président à un « directoire militaire », il a visiblement refusé et était assez mécontent. Il est sorti. A ce moment-là, le groupe de militaires qui l’accompagnait s’est énervé et a arrêté les trois hauts gradés membres de ce directoire, et qui participaient à cette réunion. Ils ont été emmenés au CAPSAT, le camp militaire proche de la capitale, d’où est partie la mutinerie qui a précédé le lâchage du président Ravalomanana par l’armée ces derniers jours.  

Finalement aux alentours de 19 heures TU, le vice-amiral Hippolyte Rarison Ramaroson annonce : « Nous remettons les pleins pouvoirs à Andry Rajoelina. Nous ne voulons rien garder ». Les trois gradés assurent n'avoir pas pris cette décision sous la contrainte.