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Madagascar

Rajoelina veut rassurer la communauté internationale

par Bruno Minas

Article publié le 19/03/2009 Dernière mise à jour le 19/03/2009 à 09:56 TU

La Haute cour constitutionnelle de Madagascar a officiellement entériné, mercredi, l'accession au pouvoir d'Andry Rajoelina, désormais président d'une autorité de transition à la tête de l'Etat pour une durée maximale de deux ans. Devant 15.000 partisans rassemblés sur la place du 13-Mai, haut lieu de son bras de fer de trois mois avec Marc Ravalomanana, le président de transition a assuré qu'il ferait tout son possible pour que les Malgaches sortent de la pauvreté. Andry Rajoelina a, plus tard dans la journée de mercredi, reçu la chargée d'affaires de l'ambassade de France, Marie-Claire Gérardin, l'envoyé spécial de la Francophonie, Edem Kodjo, et un envoyé spécial de l'Union africaine, Ablassé Ouédraogo, qui n'ont fait aucune déclaration. Le nouveau président malgache a également affirmé avoir parlé avec le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, président en exercice de l'UA. Il faut savoir que Madagascar doit, en principe, organiser le prochain sommet de l'UA, en juillet prochain. Andry Rajoelina n'est pas sûr, à ce stade, que son pays puisse honorer cet engagement. Mais d'une manière générale, Andry Rajoelina doit encore convaincre la communauté internationale de sa légitimité. Analyse.

Le  président de la Haute autorité de transition malgache, Andry Rajoelina  (C) arrive pour rencontrer ses partisans au centre ville Antananarivo, le 18 mars 2009. (Photo : Reuters)

Le président de la Haute autorité de transition malgache, Andry Rajoelina (C) arrive pour rencontrer ses partisans au centre ville Antananarivo, le 18 mars 2009.
(Photo : Reuters)

Le 6 mai 2002, Marc Ravalomanana était officiellement investi président de la République de Madagascar, et enfin reconnu comme tel par la communauté internationale. Il lui avait alors fallu près de six mois pour venir à bout d'une confrontation avec le président sortant de l'époque Didier Ratsiraka.

Ce dernier affirmait qu'un deuxième tour était nécessaire après l'élection présidentielle de décembre 2001, alors que Marc Ravalomanana se disait sûr de sa victoire au premier tour et s'autoproclamait président.

Madagascar s'était retrouvée avec deux présidents, deux gouvernements, deux administrations de l'Etat. Marc Ravalomanana officiait depuis la capitale Antananarivo, dont il avait auparavant été le maire; tandis que Didier Ratsiraka s'était retranché dans sa ville d'origine, Toamasina (Tamatave). L'ancien président avait « coupé les ponts » avec la capitale, au sens propre puisque les ouvrages routiers reliant à la côte avaient été dynamités.

Une multitude de médiations avaient été tentées par l'Union Africaine, l'Union Européenne, la France, les Nations Unies, l'Organisation de la Francophonie. Jusqu'à ce que Paris décide d'exfiltrer Didier Ratsiraka et que tous finissent par reconnaitre une victoire de Marc Ravalomanana, consacrée par la Haute Cour constitutionnelle, même si l'on n'a jamais su ce qui était vraiment sorti des urnes.

« Vous pouvez m’appeler président »

L'ascension d'Andry Rajoelina - surnommé TGV - a été  plus rapide. Un peu plus de deux mois après la première manifestation massive sur la Place du 13 Mai, le voilà maintenant aux commandes du pouvoir malgache. « Vous pouvez m'appeler président »,  se plait-il à répéter à ses interlocuteurs.

Cependant, l'habillage  juridique de cette victoire est beaucoup plus difficile à élaborer. A première vue, aucune des dispositions prises depuis ce mardi 17 mars n'est conforme à la constitution malgache. Rien dans la loi ne permet de dire que Marc Ravalomanana puisse nommer un « directoire militaire », et encore moins de transmettre le pouvoir à Andry Rajoelina. La Constitution prévoit que le président du Sénat assure un intérim en cas de démission ou d'empêchement, or cette solution n'a pas été retenue.

L'ancien président de la Haute Cour constitutionnelle, Norbert Ratsirahona, est à la manoeuvre pour légaliser ce changement de régime.  « Il ne faut pas qu’on se voile la face, aucun article de la constitution ne prévoit ce genre de transfert du pouvoir. Mais, précise-t-il, je ne dirai pas que c’est anticonstitutionnel, je dirais que c’est extraconstitutionnel, car une délégation de pouvoir est toujours prévue quelque part. En outre, ajoute-t-il, ce n’est pas inédit, cela s’est déjà produit en 1972 et à l’époque la Haute Cour constitutionnelle n’avait rien dit. L’important est de respecter l’esprit de la constitution et de revenir à la stabilité et à un climat apaisé. » 

Quoiqu’il en soit, si Andry Rajoelina confirme son souhait d'être élu président de la République, il faudra changer l'actuelle constitution. Elle fixe un âge minimum de 40 ans, M. Rajoelina n'a que 34 ans.

A écouter

Andry Rajoelina

« Je n’ai pas d’objection à recevoir l’Union africaine à Madagascar. Nous sommes là pour bâtir et non pas pour détruire ».

19/03/2009