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Madagascar

Premier conseil des ministres de Rajoelina

par  RFI

Article publié le 19/03/2009 Dernière mise à jour le 20/03/2009 à 08:22 TU

Un nouveau président, un premier conseil des ministres, Madagascar s’organise après des semaines de crise politique. Andry Rajoelina, qui préside désormais la Grande Ile, doit compléter son gouvernement cette semaine. Ce jeudi matin, il a pris sa première décision: la suspension du Sénat et de l'Assemblée nationale. Mais le nouveau président ne convainc pas encore à l'extérieur.

Andry Rajoelina (à droite) en compagnie de Monja Roindefo, Premier ministre de transition, le 18 mars 2009.( Photo : Reuters )

Andry Rajoelina (à droite) en compagnie de Monja Roindefo, Premier ministre de transition, le 18 mars 2009.
( Photo : Reuters )

L'ambiance dans la capitale

Cela pourrait s’appeler l’exception malgache. 24 heures après avoir hérité d’un nouveau président, Antananarive fait comme si rien ne s’était passé. Tout le monde vaque a ses occupations les monstrueux embouteillages asphyxient à nouveau les rues et le palais présidentiel ou s’est installé Andry Rajoelina ne désemplit pas. Les mauvaises langues disent que les opportunistes de tous horizons vont y proposer leurs services y compris des proches de l’ancien chef de l’Etat, Marc Ravalomanane, réfugié dans un endroit jusqu’ici inconnu.

 

Le nouveau président de la Haute autorité de transition a déjà pris une ordonnance pour suspendre l’assemblée nationale et le sénat. Pour le reste, il faudra attendre encore un peu. Rien n’a filtré sur les intentions du jeune président.

 

Nommera-t-il des personnalités de prestige et d’expérience au sein de la Haute autorité de transition ? Va-t-il constituer un gouvernement d’ouverture qui tienne compte des compétences et de l’équilibre régional ? Convoquera-t-il des assises nationales pour définir de façon consensuelle les structures de la transition ?

 

C’est en fonction de toutes ces paramètres que les Malgaches et les acteurs internationaux - en particulier les bailleurs de fonds - évalueront le nouveau régime. « Pour l’instant c’est le brouillard,on y comprend rien » dit un vieux routier de la politique malgache.

 

Pour bon nombre d’observateurs, le principal danger serait qu’Andry Rajoelina, qui ne dispose pas d’une grande expérience politique, se prête au clientélisme et verrouille le pouvoir. Un tel choix risquerait de nuire au nouveau  chef de l’Etat qui a pris la tête du pays en tordant le bras à la Constitution.

Reprise en main

Andry Rajoelina est arrivé ce jeudi dans la matinée au palais d'Ambohitsorohitra, et quelques heures plus tard, le porte-parole du gouvernement Augustin Andriamananoro est sorti sur le perron du palais présidentiel, et sans plus de commentaires, il a annoncé la suspension du Sénat et de l’Assemblée nationale dont les attributions seront désormais exercées par la Haute autorité de transition, le gouvernement et un conseil de redressement économique et social qui doit encore être mis en place.

Pour l’heure, on ne dispose pas de plus de précisions sur ce nouveau fonctionnement. On ne sait pas non plus si de nouvelles élections vont être organisées ou si cette suspension va durer.  

Il est vrai que depuis que Marc Ravalomanana a remis son pouvoir aux militaires, mardi, on est dans un cadre extra-constitutionnel, puisque cette manière de transmettre le magistrature suprême n’existait pas dans les textes.

Andry Rajoelina, qui a reçu son pouvoir de la part de ces mêmes militaires, a maintenant vingt quatre mois pour remettre tout cela en ordre. Mais pour le moment c’est un peu le flou. Même si, il faut le signaler, dans la rue la vie a repris un cours à peu près normal.

Méfiance à l'extérieur

Ceux qui semblent s’inquiéter d’avantage sont certains membres de la communauté internationale. Les Etats-Unis ont jugé le transfert de pouvoir non démocratique. La Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), organisation régionale dont est membre Madagasca est sur la même ligne. Dans un communiqué, son organe de sécurité a affirmé, ce jeudi, ne pas reconnaître le nouveau président et envisager de sanctionner le pays. Un appel est même lancé à l'Union africaine et à la communauté internationale à prendre les même positions. La SADC a cependant décidé «d'aider à trouver une stratégie détaillée et cohérente pour permettre de trouver une solution à la crise à Madagascar». 

Mais visiblement le nouveau gouvernement n’en a cure. Il veut se mettre tout de suite au travail et dès samedi, Andry Rajoelina se fera introniser publiquement au grand stade de Mahamasina.

Cela dit, le cabinet de Andry Rajoelina était, jeudi après midi, encore  incomplet. Il ne compte que douze ministres dit du «gouvernement du 13 mai», c'est-à-dire nommés pendant les semaines de bras de fer avec le désormais ex-président Ravalomanana. Ils ont toutefois été confirmés à leur poste, tandis qu'on attendait encore le choix de ministères clés, tels que celui de la Défense.