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France / Crise financière

Les jeunes, premières victimes de la crise

par Mounia Daoudi

Article publié le 25/03/2009 Dernière mise à jour le 26/03/2009 à 00:49 TU

Les jeunes, « premières victimes de la crise en France » pour Nicolas Sarkozy. Le chef de l’Etat, qui semble plus que jamais déterminé à se saisir d'urgence du problème du chômage des moins de 25 ans, a annoncé qu’un plan serait présenté avant la fin du mois d’avril pour venir en aide à cette frange de la population de plus en plus présentée comme « une génération sacrifiée ».

Des demandeurs d’emploi attendent un entretien d’embauche, dans une antenne Pôle emploi à la gare Saint-Charles de Marseille, le 25 mars 2009.(Photo : Reuters)

Des demandeurs d’emploi attendent un entretien d’embauche, dans une antenne Pôle emploi à la gare Saint-Charles de Marseille, le 25 mars 2009.
(Photo : Reuters)

La situation des jeunes dans l’Hexagone préoccupe le chef de l’Etat. La France est en effet l'un des pays d'Europe où le chômage des jeunes est le plus élevé avec 21,5% des moins de vingt-cinq ans sans emploi, soit plus du double de l'Allemagne et le quadruple des Pays-Bas. Selon l’office européen des statistiques Eurostat, ce taux était de 17% en moyenne dans les pays de l’Union en janvier.

Plus inquiétant, la situation en France n’a cessé de se dégrader ces derniers mois puisque le chômage des jeunes a encore progressé de près de 6% en janvier et sur un an, cette progression dépasse les 25%. Enfin, les jeunes Français sont de loin les plus pessimistes. Ils ne sont en effet que 26% à juger leur avenir prometteur, contre 60% des Danois de 16 à 29 ans et 54% des Américains du même âge.

Pour prendre à bras le corps cet épineux dossier, Nicolas Sarkozy a étendu il y a quelques semaines les prérogatives de Martin Hirsch, le Haut commissaire aux solidarités actives qui est désormais aussi en charge de la jeunesse. Ce dernier a lancé il y a quelques jours plusieurs pistes pour tenter de venir en aide à ceux qu’il qualifie de « génération sacrifiée ».

Martin Hirsch souhaite porter à 30 000 le nombre de volontaires pour effectuer un service civique qui sera rémunéré 600 euros par mois. Il veut conditionner la réduction du taux de TVA dans la restauration à l'embauche massive de jeunes sans qualification. Enfin, il veut surtout faire financer par l'Etat 100 000 embauches de jeunes en contrat en alternance dans les entreprises pour les deux ans à venir. Des contrats d'apprentissage et de professionnalisation qui conjuguent cours théoriques et travail en entreprise.

Pas de cadeau aux entreprises

Le coût de ces propositions a été évalué à un milliard et demi d'euros sur deux ans. Martin Hirsch s'est empressé de préciser qu’il ne s’agira pas d’un cadeau aux entreprises mais d’« une avance avec retour sur investissement garanti ». Le Haut commissaire à la Jeunesse, propose en effet de réduire de 1%, à partir de 2012 et pendant cinq ans, les 30 milliards d'euros d'allègement de charges donnés chaque année par l'Etat aux employeurs.

Cette proposition est loin d’enchanter le Medef, le patronat français, qui a d’ores et déjà fait part de ses réserves. Mais Martin Hirsch assure qu'il s'agit là de la meilleure formule car, selon lui, « il y a aujourd'hui 200 000 jeunes sur le carreau dont beaucoup sont formés et ne veulent qu'une chose travailler et face eux des entreprises qui n'ont pas les moyens d'embaucher ».

Le dernier mot reviendra au chef de l’Etat qui doit encore valider les propositions de son Haut commissaire aux Solidarités actives et à la Jeunesse. Nicolas Sarkozy semble toutefois bien déterminé à avancer sur cet épineux dossier dans la mesure où la situation est jugée explosive dans certains quartiers. Or personne ne souhaite voir en France se développer un scénario à la grecque avec les violences qui ont secoué pendant des semaines ce pays à la fin de l’année dernière.

Jean-Louis Bianco, député socialiste

« Il faut beaucoup plus de soutien, y compris au pouvoir d'achat, on voit bien que la consommation a commencé à baisser. »

25/03/2009 par Valérie Gas

 

Les nouveaux chiffres du chômage

 

C'est une nouvelle hausse record du chômage en France. Avec 79 900 demandeurs d'emploi supplémentaires sans aucune activité en février, après une hausse de 90 000 en janvier. La France compte aujourd'hui 2 millions 380 000 chômeurs et même 3 millions 400 000 si l'on compte ceux qui exercent une activité partielle mais qui sont inscrits au pôle emploi, l'organisme qui regroupe désormais ANPE et Assedic.

Encore une fois ce sont les jeunes qui sont tout particulièrement concernés, avec une augmentation de près de 4% pour les femmes de moins de 25 ans, et de plus de 6% pour les hommes de cette tranche d'âge.

En revanche contrairement aux mois précédents les fins de contrats à durée déterminée et les fins d'intérim diminuent. Désormais ce sont les licenciements économiques qui prennent le relais. Le nombre de licenciés économiques a augmenté de 3% en février. Parallèlement le nombre d'offres d'emplois collectées ne cesse de diminuer. Et la situation ne devrait pas s'arranger. Le président de l'Unedic anticipe encore quelques mois « assez violents ». Il estime aussi que la vitesse de progression du chômage n'a rien à voir avec ce qui s'était passé en 1993. La situation serait bien pire.

Philippe Berhault, délégué CFDT au pôle Emploi

« Nous réclamons un plan d'urgence pour le Pôle emploi, afin d'arriver à satisfaire au moins à un bon accompagnement des gens qui se retrouvent au chômage. »

25/03/2009