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Sommet du G20

Obama l'Européen?

par Maud Czaja

Article publié le 01/04/2009 Dernière mise à jour le 02/04/2009 à 14:48 TU

«J’avais l’impression de me retrouver dans l’histoire d’amour de quelqu’un d’autre», écrit Barack Obama dans son livre Les Rêves de mon père, en parlant de son premier voyage en Europe. L’Europe n’était alors qu’une étape dans son voyage vers l’Afrique. «Ce n’était pas que l’Europe n’était pas belle. Tout était exactement comme je l’avais imaginé. C’est juste que ce n’était pas moi». Barack Obama est Américain, il a des origines africaines et a vécu en Asie. Si les Européens ont rapidement été gagnés par l’Obamania, Barack Obama est en revanche un homme plus raisonné que passionné. Mais il sait qu’il aura besoin de cet allié historique des Etats-Unis.

Décryptage avec François Lafond, directeur du bureau parisien du Think Tank The German Marshall Fund, institution américaine visant à promouvoir les relations transatlantiques.

RFI : Le président américain est arrivé sur le Vieux continent mardi soir. Une première tournée à l’étranger très importante lors de laquelle il va rencontrer ses principaux alliés européens. Quels rapports Barack Obama a-t-il avec l’Europe ?

François Lafond.(DR)
François Lafond : De nombreux observateurs disent que le président Barack Obama connaît moins l’Europe que les présidents Clinton ou Kennedy, je dirais qu’il la connaît peut-être plus que le président Bush quand ce dernier a été élu président des Etats-Unis.

Il faut également prendre en compte son environnement. Il est entouré par des personnes qui ont une profonde connaissance de l’Europe telles que son conseiller à la Sécurité James Jones, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton et d’autres personnages clés comme Phil Gordon du secrétariat des Affaires étrangères.

Le président américain a par ailleurs démontré qu’il apprenait très vite. Peu de gens le donnaient vainqueur au tout début de la campagne américaine. A la fin, on s’est rendu compte qu’il était extrêmement bien organisé, redoutable, avec une grande capacité à la fois d’écoute mais aussi de rassemblement. Il aura sans doute une attitude très ouverte en Europe.

RFI : L’Europe a très vite été gagnée par l’Obamania. Barack Obama a en revanche moins d’attaches en Europe que nombre de ses prédécesseurs. Est-ce que cela va changer quelque chose ?

François Lafond : Je ne pense pas. Ce n’est pas parce qu’il n’a pas passé un ou deux ans dans une université en Europe que cela va influencer sa politique. L’Europe est un continent historiquement important et le demeure aux yeux de Barack Obama même s’il y a maintenant d’autres acteurs, d’autres partenaires qui émergent. Il faut essayer de repenser un petit peu cette organisation mondiale, le G20 est en cela un pas important.

On essaye de trouver une nouvelle architecture, une nouvelle configuration institutionnelle pour régler les questions mondiales. Elle comportera les Etats-Unis, l’Europe mais aussi les autres partenaires qui sont importants, la Chine, l’Inde, la Russie.

Les relations transatlantiques restent stratégiquement importantes mais elles ne sont pas suffisantes pour la gestion des affaires du monde.

RFI : Le premier voyage à l’étranger d’un membre de l’administration Obama s’est déroulé en Asie, est-ce un signe ?

François Lafond : La majorité de la population mondiale se trouve en Asie. Ces quinze dernières années, la croissance économique était en Asie. Les plus vives tensions sont également sur le continent asiatique, en Afghanistan, au Pakistan, en Inde.

Il faut que nous, Européens, nous nous en rendions compte. Il y a une sorte de basculement du barycentre du système international vers l’Asie. Hillary Clinton a certes fait son premier voyage en Asie mais il faut également prendre en considération le fait que le président Barack Obama va passer sept jours en Europe, à l’extérieur de son pays, un pays en pleine crise économique. Ce voyage est un signal fort à destination des Européens quant au rôle stratégique que peuvent jouer les relations transatlantiques dans la gestion des problèmes mondiaux.

RFI : Le président américain aura donc une approche plus globale de la politique ?

François Lafond : Oui, Barack Obama a en plus toute cette dimension là dans ses gènes, une partie de son histoire en Afrique, une partie de son enfance en Asie.

Il y a de bonnes raisons de penser qu’il aura une perspective assez large, assez internationale et qu’il essayera de prendre en compte toutes les dimensions lors des grands rendez-vous même s’il ne faut pas perdre de vue qu’il reste le président des Etats-Unis.