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Sommet du G20

Un mort en marge des manifestations anti-sommet

Article publié le 02/04/2009 Dernière mise à jour le 02/04/2009 à 08:42 TU

Des milliers de manifestants ont dénoncé le capitalisme sauvage dans les rues de Londres ce mercredi, pour l'ouverture du G20. Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées et un manifestant est mort dans des circonstances non encore élucidées.( Photo : Andrew Winning / Reuters )

Des milliers de manifestants ont dénoncé le capitalisme sauvage dans les rues de Londres ce mercredi, pour l'ouverture du G20. Plusieurs dizaines de personnes ont été arrêtées et un manifestant est mort dans des circonstances non encore élucidées.
( Photo : Andrew Winning / Reuters )

Après plusieurs rencontres bilatérales ce mercredi, c'est au petit-déjeuner que les choses sérieuses ont commencé à Londres, mais il semblerait que les positions se rapprochent, et les projets de communiqué final commencent à circuler. Hier soir, une personne a été tuée en marge des manifestations anti-sommet, près de la Banque d'Angleterre.

Protestations dans la rue...

Avec notre correspondante à Londres, Muriel Delcroix

La mort de ce manifestant qui a succombé à un malaise au milieu de la foule vient endeuiller une journée de manifestations en marge du G20, pour la plupart pacifiques.

Une réalité qui a pourtant été éclipsée par le violent face-à-face devant la Banque d’Angleterre entre protestataires altermondialistes et policiers, des manifestants exaspérés par  l’arrogance des banques et le laisser-faire des Etats.

Selon un manifestant, « le capitalisme ne fonctionne pas dans les pays en voie de développement, beaucoup de gouvernements ont voulu imposer le capitalisme, mais ça ne fait que créer plus de pauvreté. Quant à la crise actuelle, nous gâchons notre argent à vouloir sauver les banques... Je voudrais plutôt voir les gouvernements du G20 reconnaître leurs erreurs, ils ont l’argent, le pouvoir, et les moyens de changer le monde pour qu’il soit meilleur »

La colère des participants a d’ailleurs très vite dégénéré, provoquant plusieurs échauffourées.

Aux cris de « Pourriture... Surmontez l'inflation - mangez les riches » ou encore « Voyoux », des milliers de manifestants ont pris d'assaut le centre financier de Londres. Quelque 32 personnes ont été ainsi arrêtées après avoir brisé des vitres, notamment de la banque RBS.  

Un décès encore non expliqué

C’est en fait aux alentours de 19h00 que des témoins ont alerté la police. L’homme, âgé d’une trentaine d’années, s’était effondré au milieu de la foule encerclée par les forces de l’ordre. Des officiers ont alors tenté de le réanimer, sous des jets de projectiles, mais sa mort a été prononcée en début de soirée à l’hôpital. Les raisons de ce décès ne sont pour l'instant pas connues et les circonstances peu claires.

Plusieurs personnes ont apparemment été blessées lorsque des manifestants contenus par un cordon de police se sont massés contre des barrières de sécurité, près de la Banque d'Angleterre. Il faut dire que quand les violences se sont intensifiées, la police britannique n’a pas tardé à recourir à une tactique qu’elle appelle celle du « kettling » (du mot kettle, bouilloire) et qui consiste à établir un cordon de sécurité imperméable autour des manifestants : personne ne rentre, personne ne sort, et l’homme était apparemment cantonné dans une de ces zones…

Une enquête devra de toute façon déterminer les circonstances exactes de son décès mais en attendant, la police dit redouter ce jeudi une violente réplique des échauffourées de la veille, alors que des groupes de manifestants ont prévu de perturber l’ouverture de la Bourse de Londres et surtout de converger vers le centre de conférence Excel, dans le quartier des docks, là où les dirigeants du G20 vont prendre les décisions finales de ce sommet.

Après la mort de ce protestataire, les 10 000 policiers mobilisés jusqu'à ce jeudi soir sont encore plus sur leurs gardes, redoutant désormais une réplique brutale des groupes anarchistes qui les ont déjà menacés de représailles.

Et discussions dans les salons

Avec notre envoyée spéciale, Muriel Paradon

Après le dîner de travail donné au 10, Downing street, les discussions se sont poursuivies une bonne partie de la nuit. La mise au point d'un accord sur la manière de relancer l'économie mondiale et de réformer le système financier, n'était toujours pas acquise en fin de soirée mercredi.

Il faut dire que la France et l'Allemagne ont mis la pression en exigeant des engagements très fermes sur un certains nombre de points : il faut dresser une liste noire des paradis fiscaux, encadrer les fonds spéculatifs ou la rémunération des traders, autant de problèmes qu'il faudra résoudre avant de parler du reste, a prévenu Nicolas Sarkozy.

De leur côté, Gordon Brown et Barack Obama ont surtout insisté sur la nécessité d'être unis pour résoudre la crise actuelle. Mais au fil de la journée, ils ont laissé entendre qu'un accord était possible, autrement dit que les positions se rapprochaient. Nicolas Sarkozy a toutefois refusé de commenter les projets de communiqué final qui circulaient dans la soirée, estimant que tout restait ouvert jusqu'au dernier moment.

Le G20, baptême du feu européen de Barack Obama

Avec notre envoyée spéciale, Stéphanie Schüler

Barack Obama arrive en Europe telle une superstar. Sa côte de popularité chez les Européens dépasse parfois même l'excellente opinion qu'ont de lui ses propres compatriotes. Seulement voilà : Barack Obama a beau être un président très populaire, son idée de mettre plus de moyens dans la relance économique l’est beaucoup moins.

Barack Obama a déjà eu l'occasion de soumettre cette stratégie lors du premier dîner de travail des dirigeants du G20, mercredi soir au 10 Downing Street, où, alors qu'il était justement assis à côté d'Angela Merkel, il a bien sûr été question de la relance économique. Mais de leur coté, les Européens ont été ces dernières semaines très réticents à mettre une nouvelle fois la main à la poche. A Berlin ou Paris, nombreux sont ceux qui voient d'un très mauvais oeil la perspective de creuser encore d'avantage leurs déficits pour arrêter une crise dont les Etats-Unis sont tenus comme les principaux responsables.

Barack Obama semble finalement accepter, comme le souhaite l'Europe, laisser chaque pays décider de ses propres plans de relance. II a toutefois souligné que les Etats-Unis « ne pouvaient être le seul moteur de la croissance mondiale ».

Le président américain se retrouve donc dans une situation délicate : il doit faire preuve de beaucoup de diplomatie et d'humilité, mais aussi s'affirmer car le sommet à Londres est son premier grand rendez-vous international.

S’il est vrai que cette première sortie du président américain est suivie avec une grande d’attention par le monde entier, il en va de même pour ses compatriotes qui attendent, eux aussi, beaucoup de ce sommet à Londres.

Les Américains ont élu Barack Obama en novembre dernier parce qu'il paraissait le mieux placé pour sortir les Etats-Unis de la grave crise économique et financière qu'ils traversent. Le destin politique de Barack Obama va donc dépendre en grande partie de sa gestion de la crise. Chaque hésitation de sa part, chaque occasion ratée pourrait lui coûter très cher.