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Corée du Nord

Tous mobilisés contre le Taepodong-2

par Nicolas Vescovacci

Article publié le 02/04/2009 Dernière mise à jour le 03/04/2009 à 12:54 TU

Le gouvernement japonais a donné ordre, le 27 mars 2009, à ses forces d’autodéfense d’abattre le missile nord-coréen ou ses débris s’ils venaient à menacer l’archipel. Le Japon et les Etats-Unis ont déjà déployé des navires de guerre au large des côtes japonaises pour intercepter et détruire ce Taepodong-2, capable en théorie d’atteindre les côtes de l’Alaska et de Hawaï. Le Japon se prépare au pire et compte sur son double bouclier anti-missiles pour se protéger.

Cette photo du service de presse du gouvernement nord-coréen montre le lancement d'un missile le 4 septembre 1998.(Photo : AFP)

Cette photo du service de presse du gouvernement nord-coréen montre le lancement d'un missile le 4 septembre 1998.
(Photo : AFP)

« Intercepter et détruire, » c’est la mission du bouclier antimissile japonais qui repose sur deux technologies. La première est embarquée sur deux navires de guerre nippons qui patrouillent depuis quelques jours en mer du Japon, à l’est de la péninsule coréenne.

Il s’agit du système de défense Aegis : des missiles Mer-Air (Standard Missile-3 fabriqués par Raytheon) capables de détruire un engin balistique en phase montante. Autrement dit : capables d’intervenir rapidement, à peine quelques minutes après le lancement du missile visé.

En appui à la marine japonaise, quatre destroyers américains, dont l’USS McCain et l’USS Chafee, équipés du même système de défense, naviguent dans les eaux territoriales de l’archipel. Pour des raisons politiques et diplomatiques, les Etats-Unis n’ont pas, a priori,  l’intention d’intercepter eux-mêmes le missile nord-coréen. Les Japonais devraient s’en charger pour pouvoir invoquer plus facilement la légitime défense.

D’ailleurs, le régime communiste menace d’ores et déjà Tokyo de représailles militaires en cas d’interception.

Des Patriots pour protéger le nord du Japon

Depuis que le Premier ministre Taro Aso a autorisé les Forces d’autodéfense à détruire le missile nord-coréen (27 mars 2009), le Japon a aussi déployé de nombreuses batteries de missiles Sol-Air.

Il s’agit des célèbres Patriots (Patriot advanced Capability-3, fabriqués par Lockheed Martin) développés conjointement par les Américains et les Japonais.

Ces PAC-3 sont opérationnels dans différents endroits du territoire de l’archipel.

Positionnés sur la base aérienne d’Iruma dans le nord de Tokyo, ils protègent la capitale. Positionnés près des villes d’Akita et de Morioka, ils protègent tout le Nord et le Nord-est du Japon. Ces Patriots sont le dernier rempart du double bouclier anti-missiles japonais car les Patriots ne peuvent frapper qu’en phase descendante. Ils avaient montré toute leur inefficacité en 1991, en pleine guerre du Golfe, lors des bombardements irakiens sur Israël. Depuis, les militaires affirment que les systèmes de guidage ont été améliorés.

Ce serait la force de ces PAC-3, des missiles de troisième génération.

Exercice grandeur nature

Chaque missile Patriot coûte un peu plus de deux millions de dollars pièce. Chaque unité des  Standard Missile-3 embarquée à bord des destroyers américains et japonais vaut dix millions de dollars. Répliquer à un tir de missile nord-coréen peut coûter cher. Mais c’est aussi une opportunité unique, pour les militaires, de tester en situation leurs différents systèmes anti-missiles qui équipent les Etats-Unis, le Japon et la Corée du sud.

A Washington et à Tokyo, on précise que ce déploiement est préventif. Qu’il s’agit de se donner les moyens d’intervenir en cas de nécessité. Au Pentagone, certains doivent pourtant se frotter les mains. Si les Nord-coréens venaient à réussir le lancement de leur missile Taepodong-2, les partisans des boucliers antimissile gagneraient du terrain.

Les milliards de dollars de financement que nécessite le développement de ces technologies auraient alors une chance de résister à la chasse aux gaspis lancée par le Congrès américain.

Pour que ce scenario se mette en place, les Nord-coréens doivent réussir leur tir et le missile ennemi doit être intercepté avec succès.