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Sommet du G20

Vers une réforme de la finance mondiale

par David Baché

Article publié le 02/04/2009 Dernière mise à jour le 05/04/2009 à 14:26 TU

Les participants affichent leur satisfaction : le G20 qui s'est réuni ce jeudi à Londres a produit un document final jetant les bases d'un système financier mondial mieux régulé. Contrôle des fonds spéculatifs, sanctions contre les paradis fiscaux, supervision internationale... les avancées sont nombreuses.
Les participants au G20 réunis jeudi 2 avril 2009 à Londres.(Photo : AFP)

Les participants au G20 réunis jeudi 2 avril 2009 à Londres.
(Photo : AFP)


Les pays signataires prévoient de nouvelles règles pour encadrer les fonds spéculatifs (hedge funds) : ils devront être déclarés et respecter les normes internationales de transparence dans leur gestion. Les engagements des banques vis-à-vis de ces fonds seront contrôlés.

Les agences de notation devront signer un code de bonne conduite afin d'éviter les conflits d'intérêt, c'est-à-dire les collusions entre agences et investisseurs. Les normes comptables des banques sont aussi abordées : les critères de définition de leurs fonds propres seront harmonisés internationalement pour plus de clarté. Ces critères ne sont pas précisés.

Le Conseil de stabilisation financière remplace le Forum de stabilisation financière. Cette organisation travaillera avec le Fonds monétaire international sur des systèmes d'alerte, afin de prévenir les risques de crise macroéconomique et financière. Surtout, sous sa nouvelle forme, l'organisation intègre l'ensemble des pays du G20, ce qui donne une place inédite aux pays émergents dans la régulation de la finance internationale.

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Paradis fiscaux

 « L'ère du secret bancaire est terminée », affirme la déclaration finale, dans laquelle les pays se disent « prêts à déployer des sanctions » à leur encontre, mais sans donner davantage de détails.

Quant à l'identification de ces paradis fiscaux, le G20 lui-même n'en désigne aucun, mais fait explicitement référence à la liste des paradis fiscaux non coopératifs élaborée par l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), publiée le jour même.

Le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel, qui en avaient fait leur bataille commune, crient victoire.

Une posture tempérée par Jean Merckaert, du Comité catholique contre faim et pour le développement (CCFD), qui parle même d' « hypocrisie   » : « Si les pays du G20 voulaient vraiment en finir avec les paradis fiscaux, s'indigne-t-il, il suffirait d'empêcher nos banques et nos multinationales d'y opérer ».

« Une nouvelle ère »

Le Fonds monétaire international (FMI) avait lancé un appel pour le doublement de ses ressources, elles seront triplées. Les pays membres de G20 s'engagent à les faire passer de 250 à 750 milliards de dollars, afin de renforcer le rôle de l'institution financière internationale dans la lutte contre les effets de la crise.

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Les moyens des banques multilatérales de développement sont augmentés de 100 milliards de dollars.

Aucune mesure commune de relance économique n'a été décidée. Les pays du G20 rappellent que des dispositifs sont mis en place à travers le monde et que d'autres mesures seraient prises à l'avenir, si nécessaire.

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Le Premier ministre britannique et hôte du sommet, Gordon Brown, en prend des accents lyriques : « un nouvel ordre mondial émerge, se réjouit-il, et avec lui nous entrons dans une nouvelle ère de coopération internationale ».

Le président français Nicolas Sarkozy se dit tout simplement « heureux » de ces résultats, pendant que la chancelière allemande, Angela Merkel, évoque un  « compromis historique pour une crise exceptionnelle ».

« C'est déjà ça »

Du côté de la société civile, on salue aussi des avancées patentes. « Les réformes proposées par le G20 pour réguler la finance mondiale sont bienvenues, reconnaît l'ONG Oxfam-France Agir ici, dans un communiqué. Mais comme toujours lors des sommets, ce ne sont pas les déclarations qui comptent, mais bien leur mise en œuvre ».

Pour le CCFD, « les règles de prudence et les mécanismes de contrôle » décidés au G20 « amoindrissent sérieusement »  le risque d'une nouvelle crise financière telle que celle des subprimes. « C'est le minimum qu'on pouvait attendre du G20, mais c'est déjà ça ». Chez les altermondialistes par contre, on ne s'attendait pas à gand chose, et on n'est pas déçu :

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Les pays du G20 se retrouveront en septembre prochain, à New-York, pour faire un premier bilan des mesures décidées à Londres. 

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Un sommet historique ?

Ce qu'on retient surtout, c'est l'avancée sur la régulation financière :  Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont réussi leur pari. Il y a aura beaucoup plus de contrôle, notamment sur les fonds spéculatifs. Il y a aussi et surtout cette mise à l'index des paradis fiscaux. Même si le G20 a laissé le soin à l'OCDE de publier la liste noire, plusieurs listes en fait, sur l'une d'elles figurent notamment Monaco, Andorre ou encore la Suisse. Des sanctions sont également prévues pour les pays qui ne coopéreraient pas, mais ces sanctions seront précisées ultérieurement.

Autre victoire pour le couple franco-allemand : il n'y aura pas de nouveau plan de relance globale, comme le réclamaient les Américains, même si 5 000 milliards de dollars vont être injectés dans l'économie mondiale d'ici fin 2010. Les Etats se sont engagés à remettre au pot, mais seulement quand ce sera jugé nécessaire.

Enfin, un autre gagnant de ce sommet, c'est le FMI qui verra non seulement ses ressources tripler, pour venir en aide aux pays les plus vulnérables, mais il devrait aussi avoir plus de pouvoirs. Plus de 1 000 milliards de dollars d'aide vont être attribués aux institutions internationales.

Pour autant, il faudra attendre pour décider s'il s'agit du grand changement annoncé. Car dans cet accord très dense et, qui n'a pas été facile à obtenir selon les participants, il y a encore pas mal de points à préciser. Les ministres des Finances du G20 vont se retrouver pour travailler dans les prochaines semaines et les prochains mois sur les détails techniques. Et un 3e sommet est prévu d'ici la fin de l'année pour évaluer la bonne marche des décisions annoncées ici à Londres.  

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