par Anne-Marie Mouradian
Article publié le 06/04/2009 Dernière mise à jour le 06/04/2009 à 20:08 TU
Le mois dernier, les 27 avaient accepté d’accorder à Nouakchott un délai supplémentaire et poursuivi leurs discussions dans le cadre du Groupe de Contact international sur la Mauritanie. Ils estiment aujourd’hui que les représentants de la Junte militaire, au pouvoir depuis le coup d’Etat du 6 août dernier, n’ont pas présenté de propositions, ni d'engagements satisfaisants pour un retour à l'ordre constitutionnel.
Le 27 mars déjà, la Commission européenne avait salué la décision de l'Union africaine d'appliquer des sanctions ciblées à l'encontre des auteurs du coup d'Etat militaire. Le Commissaire européen au développement, Louis Michel, avait rappelé l'impossibilité de soutenir la feuille de route unilatérale de la junte et le déploiement d'une mission d'observation électorale dans les conditions actuelles.
Le gel de la coopération européenne sera maintenu tant qu’il n’y aura pas de consensus politique entre tous les acteurs mauritaniens pour une sortie de crise et un retour à l’Etat de droit. Les Européens se disent néanmoins prêts à poursuivre leur dialogue avec toutes les parties mauritaniennes.
Dans leur lettre au général Ould Abdel Aziz, ils envisagent quatre scénarios possibles :
1) En l’absence de tout progrès, la coopération européenne et l’aide financière (156 millions d'euros au titre du 10ème FED) resteront suspendues. Seuls l'aide humanitaire, l’appui direct à la population et certains contrats en cours seront poursuivis.
2) En cas d’accord entre le pouvoir et toutes les parties mauritaniennes, l’Union européenne débloquera le financement de certains programmes, parmi lesquels le projet de renouvellement du port minéralier de Nouadhibou.
3) En cas de « mise en œuvre irréversible » d’une solution consensuelle, l’UE mettra en œuvre tous les programmes signés ou prévus dans le passé (sous le huitième et neuvième FED), mais restés en suspens
Elle pourrait aussi appuyer la mise en place de la sortie de crise, soutenir l’organisation de nouvelles élections (une enveloppe de 10 millions d’euros est tenue en réserve), financer un programme d'appui à la justice, etc.
4) Seul le retour complet de la Mauritanie à l'ordre constitutionnel permettra la levée de toutes les restrictions et la mise en oeuvre de l'intégralité des 156 millions d’euros du dixième FED.
L'Union européenne va placer la Mauritanie sous surveillance durant les deux ans à venir en suivant de près l'évolution de la situation et en organisant des missions de suivi régulières sur le terrain.