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Algérie / Présidentielle

Une participation controversée pour un plébiscite annoncé

par  RFI

Article publié le 10/04/2009 Dernière mise à jour le 10/04/2009 à 09:24 TU

Sans surprise, les premières tendances du dépouillement des urnes donnent le président sortant largement en tête, suivi de loin par la candidate du parti des Travailleurs, Louisa Hanoune.  La grande surprise vient du taux final officiel de participation : 74,11%.
Dès la fermeture des bureaux de vote, le dépouillement des premiers bulletins a commencé, le 9 avril 2009, à Alger.(Photo : Reuters)

Dès la fermeture des bureaux de vote, le dépouillement des premiers bulletins a commencé, le 9 avril 2009, à Alger.
(Photo : Reuters)

« Avec une classe politique au pouvoir qui date de Brejnev, Ceausescu et Mobutu et qui a fait des petits, comment voulez-vous que je vote ? ». Ce commentaire d’un commerçant quinquagénaire résume en partie l’état d’esprit d’une catégorie d’Algérois. Ce rejet du régime politique se retrouve dans la mouvance de l’ex-Front islamique du salut, chez de nombreux jeunes gens, au sein du corps enseignant et dans les milieux intellectuels arabophones et francophones. Ce rejet existe également parmi les militants et sympathisants qui désavouent la ligne actuelle du FLN et même du Mouvement de la société pour la paix. La forte participation de 74,11%, officiellement annoncée, va à contre-courant de cette réalité sociopolitique qui recouvre de larges pans de la société.

Un taux de participation reconnu d'avance

A l’œil nu, également, les observateurs n’ont pu constater une forte affluence électorale dans des grands centres urbains tels qu’Alger, Oran, Annaba et Sétif. Elle était en tout cas inférieure à celle du scrutin présidentiel de 2004 où le taux de participation avait atteint les 58%. Alors, on peine à s’expliquer comment la tendance lourde de la rébellion de l’électorat, née après la fraude historique de 1997, a pu être inversée cette fois-ci.

Les partisans du régime ont leur explication. C’est le « bilan positif » des deux mandats du président sortant et sa « campagne forte » qui ont remobilisé les Algériens. Cette argumentation ne convainc pas les « lièvres » de cette élection présidentielle.

Le candidat Moussa Touati juge « exagéré » le taux officiel de participation. Un représentant du candidat islamiste Djahid Younsi estime que ce chiffre est « un peu excessif par rapport à ce qu’on a vu au niveau des bureaux de vote ». Dans le camp du candidat Mohamed Saïd on relève que ces 74,11% sont « difficile à vérifier » et que « l’Alliance présidentielle avait déjà annoncé un taux de 70%, avant le scrutin présidentiel ».

« Une fraude massive »

D'après les premiers résultats du dépouillement des urnes, les Algériens auraient voté massivement pour Abdelaziz Bouteflika, le chef de l'Etat sortant.(Photo : Reuters)

D'après les premiers résultats du dépouillement des urnes, les Algériens auraient voté massivement pour Abdelaziz Bouteflika, le chef de l'Etat sortant.
(Photo : Reuters)

Plus tranchant, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), parti qui a boycotté le scrutin, affirme que « les différents cercles du pouvoir sont tombés d'accord pour donner un taux de participation se situant entre 69 et 72% ». A la mi-journée, le Front des forces socialistes (FFS) dénonçait de son côté « un vrai tsunami et une fraude massive qui a atteint l'échelle industrielle ».

Concrètement, le RCD et le FFS n’ont aucune possibilité d’infléchir le cours des évènements et les candidats contestataires doivent présenter des recours dûment justifiés auprès du Conseil constitutionnel. Or, selon des sources concordantes, ils n’avaient pas de scrutateurs dans 70% des bureaux de vote. Dans la soirée, le dépouillement des urnes donnait un net avantage au candidat « indépendant » Abdelaziz Bouteflika qui attend une « majorité écrasante ». Elle devrait être égale ou supérieure à celle obtenue en 2004, soit au moins 85% des suffrages exprimés.

« Il pourra poursuivre tranquillement la réalisation de son programme politique tout en renforçant, a posteriori, la légitimité de la révision constitutionnelle qui lui a permis de briguer ce troisième mandat », confie-t-on dans son entourage. Le 12 novembre dernier, le président Bouteflika avait fait amender la loi fondamentale par la procédure parlementaire. Sans référendum.