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Liban

La fièvre électorale bat son plein

Article publié le 11/04/2009 Dernière mise à jour le 11/04/2009 à 10:01 TU

Le Liban a rendez-vous, le 7 juin prochain, avec des élections législatives qualifiées d’historiques. 702 candidats se disputent 128 sièges, répartis à égalité entre chrétiens et musulmans. 

De gauche à droite et de haut en bas : le Premier ministre Fouad Siniora, le président du Parlement Nabih Berry, le chef druze Walid Joumblatt et le leader chrétien Michel Aoun.(Photos : AFP / Reuters)

De gauche à droite et de haut en bas : le Premier ministre Fouad Siniora, le président du Parlement Nabih Berry, le chef druze Walid Joumblatt et le leader chrétien Michel Aoun.
(Photos : AFP / Reuters)


De notre correspondant à Beyrouth, Paul Khalifeh

Après quatre années d’une crise politique sans précédant depuis la fin de la guerre civile, en 1990, ponctuée d’assassinats, d’attentats et d’affrontements armés, en mai 2008, la majorité parlementaire du 14-mars et l’opposition se livrent un duel électoral sans merci, le 7 juin. Le but affiché des deux larges coalitions est d’obtenir une majorité au Parlement, afin de contrôler le prochain gouvernement. Dans le régime parlementaire libanais, la Chambre, qui ne peut être dissoute que dans des conditions très difficiles à réunir, est la principale institution. C’est elle qui élit le président de la République, désigne le Premier ministre et accorde la confiance au gouvernement. Sept cent deux candidats se disputent les 128 sièges, répartis à égalité entre chrétiens et musulmans. Les plus illustres sont le Premier ministre Fouad Siniora, le président du Parlement Nabih Berry, le leader chrétien Michel Aoun et le chef druze Walid Joumblatt.

Le découpage électoral, basé sur les petites circonscriptions, adopté à la conférence interlibanaise de Doha, en mai 2008, permet aux chrétiens, pour la première fois depuis 1972, de choisir une cinquantaine de leurs 64 députés. De 1975 à 1990, aucune élection n’a été organisée à cause de la guerre civile. A la fin de chaque législature de quatre ans, le Parlement renouvelait son mandat afin d’éviter le vide institutionnel. Et pendant la tutelle syrienne (1990-2005), les lois électorales successives étaient élaborées surtout dans un souci d’affaiblir les chrétiens. Les électeurs de cette communauté étaient rattachés à de vastes circonscriptions contenant une confortable majorité d’électeurs musulmans. Ceux-ci faisaient pencher la balance en faveur des candidats chrétiens proches de la Syrie. Appuyé par ses alliés chiites (le Hezbollah et le mouvement Amal, dirigé par le président du Parlement), le général Michel Aoun a réussi à obtenir un découpage électoral libérant les chrétiens du poids déterminant de l’électorat musulman dans six des vingt-six circonscriptions.         

Bataille décisive chez les chrétiens

La fin du délai de dépôt des candidatures, mardi à minuit, marque le début officiel de la campagne. Mais cela fait déjà des semaines que la vie politique est rythmée par l’échéance électorale. Les principaux partis ont formé leurs alliances, annoncé leurs programmes électoraux et lancé des campagnes de mobilisation au Liban et au sein de la diaspora dispersée en Europe, en Amérique, en Afrique et en Australie. Les candidats ont envahi les plateaux de télévision et leurs portraits ont été placardés dans les villes et les villages. Les préparatifs logistiques et administratifs vont bon train et les autorités prévoient de déployer quelque 30 000 soldats et policiers le jour des élections.    

La principale formation du 14-mars est le Courant du futur, dirigé par le député sunnite Saad Hariri. Il a comme allié le leader druze Walid Joumblatt et deux chefs chrétiens, Amin Gemayel et Samir Geagea. L’opposition, elle, est composée de trois forces principales : le Courant patriotique libre du leader chrétien Michel Aoun, le Mouvement Amal et le Hezbollah chiites. Elle regroupe aussi de petits partis sunnites et druzes ainsi que des formations laïques. Les deux coalitions sont donc multiconfessionnelles, avec une majorité sunnite et druze pour le 14-mars, chrétienne et chiite pour l’opposition.

Avant même le début du scrutin, les résultats sont connus d’avance pour près de 70 sièges. Dans les fiefs chiites du Liban-Sud et de Baalbeck (31 députés), les listes de l’opposition sont sûres de s’imposer sans difficulté. Dans la troisième circonscription de Beyrouth (10 députés), à Tripoli (8 députés) et Akkar (8 députés), à majorité sunnite dans le Nord du Liban, c’est le 14-mars qui l’emporte d’avance. Dans le Chouf et Aley (14 députés) au sud du Mont-Liban, Walid Joumblatt ne semble pas inquiété.

C’est dans les circonscriptions chrétiennes du Liban-Nord, du Mont-Liban et de Zahlé (Békaa), qui comptent 34 députés, que tout doit se jouer. Après avoir été marginalisé pendant près de 20 ans, c’est l’électorat chrétien qui décidera de l’issue de la bataille. Et si Michel Aoun avait été largement plébiscité par sa communauté lors des élections de 2005, les observateurs, au Liban et à l’étranger, attendent de voir si les chrétiens vont lui renouveler leur confiance ou, au contraire, le sanctionner pour son alliance avec le Hezbollah et son ouverture en direction de la Syrie.