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Chine

L'oubli orchestré de Hu Yaobang

Article publié le 15/04/2009 Dernière mise à jour le 15/04/2009 à 11:14 TU

Il y a vingt ans disparaissait Hu Yaobang, vétéran du Parti communiste et défenseur des réformes démocratiques. Cet anniversaire est volontairement passé sous silence en Chine, alors que sa disparition a été à l’origine du « Printemps de Pékin », les plus grandes manifestations spontanées jamais connues dans le pays.

 

Avec notre correspondant à Pékin, Marc Lebeaupin

Lors d’une manifestation Place Tiananmen le 19 avril 1989, des étudiants déposent fleurs et couronnes devant un portrait de Hu Yaobang, ancien leader du Parti communiste chinois, mort le 15 avril 1989.(Photo : AFP)

Lors d’une manifestation Place Tiananmen le 19 avril 1989, des étudiants déposent fleurs et couronnes devant un portrait de Hu Yaobang, ancien leader du Parti communiste chinois, mort le 15 avril 1989.
(Photo : AFP)

Deux ans avant sa mort, l'ancien secrétaire général Hu Yaobang avait été limogé du parti, pour avoir défendu des réformes démocratiques. Un engagement que les étudiants de l'époque n'avaient pas oublié. En 1989, la mort de Hu Yaobang a aussitôt provoqué une réaction dans les facultés. Dès le lendemain, les premiers rassemblements spontanés ont commencé place Tiananmen. Le 18  avril, ils étaient déjà des milliers réunis sur la place devant le palais du Peuple, bravant ainsi les interdictions de la police, avec la volonté d'obtenir une reconnaissance du rôle de l'ancien secrétaire général.

Face à cette mobilisation, les autorités chinoises ont décidé d'organiser des funérailles nationales, alors que les étudiants occupent déjà la place, couverte de banderoles et de fleurs en hommage à Hu Yaobang. C'est le début de ce printemps de Pékin, qui se terminera dans le sang, après l'intervention de l’armée, le 4 juin 1989.

Des événements sous embargo

Vingt années plus tard, l’embargo est total sur tous ces évènements. Pas une seule ligne dans la presse officielle ce jour, y compris l'agence Chine nouvelle. China Daily, le quotidien en anglais, consacre sa une aux émeutes en Thaïlande et à la Corée du Nord. Les commentaires sur les blog sont le plus souvent censurés. Les Chinois interrogés semble n'avoir aucun souvenir de l'ancien dirigeant déchu.  

Seule, la presse de Hong-Kong est attentive à cet anniversaire. Le South China Morning Post, prévoit une situation très tendue dans les jours à venir. Une photo de ces évènements est même publiée. Rappelons toutefois que seuls les étrangers peuvent s'abonner à la presse de Hong-Kong.

De leur côté, les autorités chinoises ont dévoilé, il y a quelques jours, un plan d'action en faveur des droits de l'homme. Une initiative qui n'est, bien sûr, pas étrangère à cet anniversaire, mais qui vise surtout à apporter une réponse toute faite à ceux qui seraient tentés de critiquer la Chine. 

Pendant ce temps, les dissidents les plus en vue croupissent en prison. Pour les autres, la nouvelle donne est bien intrégrée : une période de haute sécurité qui interdit toute forme d'action, en particulier, dans le secteur de la place Tiananmen.