par Mehdi Benchelah
Article publié le 15/04/2009 Dernière mise à jour le 17/04/2009 à 12:28 TU
Nul ne sait avec précision combien de mines sont toujours actives au Sahara Occidental. Les estimations vont de 200.000 à 10 millions. L’ONU a comptabilisé trente-cinq types de mines antipersonnel et vingt-et-un types de mines antichars. Fabriquées dans douze pays différents, dont l’Italie, l’Espagne, la Russie ou encore Israël, les mines sont en fer, ou en plastique afin d’éviter leur détection.
On trouve au Sahara Occidental des mines antipersonnel à effet de souffle, dites « mines papillons » qui ressemblent à des jouets et qui trompent si souvent les enfants, des « mines bondissantes » destinées à exploser en l’air au milieu d’un groupe d’hommes pour faire le maximum de victimes. Il y a aussi des mines à fragmentation en forme de piquets pour les planter dans le sable, ou directionnelle qui peuvent être reliées à des fils-pièges…
Assistance aux victimes et actions de déminage.
Dans une oasis perdue dans le désert, à une vingtaine de kilomètres de Tindouf, une petite équipe de la Croix Rouge International s’efforce de porter assistance aux victimes des mines. Chaque année, on compte une douzaine de morts environ et une vingtaine de blessés parmi la population locale. Didier Cooreman, un orthopédiste Belge travaille déjà depuis huit mois avec les Sahraouis. Il confectionne des prothèses pour les patients et forment des orthoprothésistes Sahraouis qui ont pour beaucoup étudié à Cuba. « Le problème des mines, explique-t-il, c’est qu’elles ne font pas la différence entre les civils et les militaires, les adultes et les enfants ». Ali Moubarak, un pasteur d’une cinquantaine d’année a marché sur une mine l’année dernière alors qu’il faisait paître ses moutons non loin de Tifarit : « Des amis qui n’étaient pas loin ont entendu l’explosion. Ils m’ont vu étendu par terre et m’ont transporté à l’hôpital de Tindouf. Une fois là bas, ils m’ont coupé la jambe. Je n’ai pas pu les en empêcher. C’est comme ça dans cette région ».
Peuple de pasteurs, les Sahraouis se déplacent constamment pour trouver des pâturages pour leurs dromadaires qui représentent bien souvent l’essentiel de leur capital. Quand un dromadaire est tué par une mine c’est une catastrophe économique pour ces nomades. De nombreux accidents interviennent lorsque les bêtes s’aventurent dans des zones contaminées par les mines, en particulier près du mur de sable qui coupe le Sahara Occidental en deux.
Les actions de déminage principalement menées par une ONG britannique Landmine action nécessiteront encore de nombreuses années, principalement en raison du coût extrêmement élevé que représentent ce type d’opérations. Selon les estimations des Nations Unies, il resterait au Sahara Occidental encore 100 000 kilomètres carrés encore contaminés par les mines.
Un reportage de Mehdi Benchelah, dans les environs de Tindouf (Algérie)
Liens internet :
→ ONG britannique Landmine Action (en anglais)
→ Activités de Landmine action au Sahara Occidental (en anglais)→ Rapport du Land Mine Monitor 2008 (en anglais)
→ Rapport du Land Mine Monitor 2000 (en français)
→ Site proche du Polisario dédié au problème des mines au Sahara Occidental
→ Article sur le problème des mines au Sahara Occidental dans un journal marocain.