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Sahara Occidental

Le fléau des mines

par Mehdi Benchelah

Article publié le 15/04/2009 Dernière mise à jour le 17/04/2009 à 12:28 TU

Le conflit entre le Maroc et le Front Polisario qui a duré de 1975 à 1991 a laissé le Sahara Occidental contaminé par des millions de mines antipersonnel et des restes d’explosifs de guerre. Pendant la guerre, le Maroc a construit un mur de sable renforcé par des mines antipersonnel et antichars de près de 2500 kilomètres qui divise aujourd’hui le Sahara Occidental entre une zone contrôlée par le Maroc (80% du territoire) et une zone contrôlée par le Front Polisario (20%). Depuis le cessez-le-feu, les armes se sont tues, mais le conflit continue toujours de tuer et blesser. Aujourd’hui, le Sahara occidental est l'un des dix territoires les plus minés au monde. Reportage en texte et en images.
Etendue infinie figée par l’ardeur du soleil, le désert évoque pour la plupart des gens une image d’authenticité et de pureté. C’est le lieu de tous les possibles, de tous les départs. Pour les habitants du Sahara Occidental cette image s’accompagne d’une réalité bien moins romantique : la présence des mines enfouies sous les sables par les belligérants pendant près de seize ans de guerre. Un chamelier portant un chèche sombre croisé au milieu du désert avec ses dromadaires ne dissimule pas sa crainte des mines antipersonnel : «Il y a beaucoup de mines, c’est un problème très important pour nous. Il y a six jours, il y a eu des gens blessés dans le désert parce qu’ils avaient marché sur une mine. Alors, bien sûr, j’ai peur, tous les Sahraouis ont peur. C’est un danger permanent.»



Nul ne sait avec précision combien de mines sont toujours actives au Sahara Occidental. Les estimations vont de 200.000 à 10 millions. L’ONU a comptabilisé trente-cinq types de mines antipersonnel et vingt-et-un types de mines antichars. Fabriquées dans douze pays différents, dont l’Italie, l’Espagne, la Russie ou encore Israël, les mines sont en fer, ou en plastique afin d’éviter leur détection.

On trouve au Sahara Occidental des mines antipersonnel à effet de souffle, dites « mines papillons » qui ressemblent à des jouets et qui trompent si souvent les enfants, des « mines bondissantes » destinées à exploser en l’air au milieu d’un groupe d’hommes pour faire le maximum de victimes. Il y a aussi des mines à fragmentation en forme de piquets pour les planter dans le sable, ou directionnelle qui peuvent être reliées à des fils-pièges…

Assistance aux victimes et actions de déminage.

Dans une oasis perdue dans le désert, à une vingtaine de kilomètres de Tindouf, une petite équipe de la Croix Rouge International s’efforce de porter assistance aux victimes des mines. Chaque année, on compte une douzaine de morts environ et une vingtaine de blessés parmi la population locale. Didier Cooreman, un orthopédiste Belge travaille déjà depuis huit mois avec les Sahraouis. Il confectionne des prothèses pour les patients et forment des orthoprothésistes Sahraouis qui ont pour beaucoup étudié à Cuba. « Le problème des mines, explique-t-il, c’est qu’elles ne font pas la différence entre les civils et les militaires, les adultes et les enfants ». Ali Moubarak, un pasteur d’une cinquantaine d’année a marché sur une mine l’année dernière alors qu’il faisait paître ses moutons non loin de Tifarit : « Des amis qui n’étaient pas loin ont entendu l’explosion. Ils m’ont vu étendu par terre et m’ont transporté à l’hôpital de Tindouf. Une fois là bas, ils m’ont coupé la jambe. Je n’ai pas pu les en empêcher. C’est comme ça dans cette région ».

Peuple de pasteurs, les Sahraouis se déplacent constamment pour trouver des pâturages pour leurs dromadaires qui représentent bien souvent l’essentiel de leur capital. Quand un dromadaire est tué par une mine c’est une catastrophe économique pour ces nomades. De nombreux accidents interviennent lorsque les bêtes s’aventurent dans des zones contaminées par les mines, en particulier près du mur de sable qui coupe le Sahara Occidental en deux.

Les actions de déminage principalement menées par une ONG britannique Landmine action nécessiteront encore de nombreuses années, principalement en raison du coût extrêmement  élevé que représentent ce type d’opérations. Selon les estimations des Nations Unies, il resterait au Sahara Occidental encore 100 000 kilomètres carrés encore contaminés par les mines.

Un reportage de Mehdi Benchelah,  dans les environs de Tindouf (Algérie)

Liens internet :

→ ONG britannique Landmine Action (en anglais)
→ Activités de Landmine action au Sahara Occidental (en anglais)→ Rapport du Land Mine Monitor 2008 (en anglais)
→ Rapport du Land Mine Monitor 2000 (en français)
Site proche du Polisario dédié au problème des mines au Sahara Occidental
Article sur le problème des mines au Sahara Occidental dans un journal marocain.