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Haïti / Economie

L'aide internationale pour un pays ravagé par les intempéries

par Michèle Gayral

Article publié le 15/04/2009 Dernière mise à jour le 15/04/2009 à 21:10 TU

324 millions de dollars : c'est la somme totale qui a été promise à Port-au-Prince au terme de la conférence des donateurs qui s'est tenue mardi à Washington. Des engagements qui visent la relance économique d'un pays ravagé l'an dernier par plusieurs ouragans et tempêtes.
9 Haïtiens sur 10 n’ont pas d’accès à l’électricité. Le charbon de bois reste donc la principale source d’énergie pour se chauffer et cuisiner.(Photo : Marc Kingtoph Casimir)

9 Haïtiens sur 10 n’ont pas d’accès à l’électricité. Le charbon de bois reste donc la principale source d’énergie pour se chauffer et cuisiner.
(Photo : Marc Kingtoph Casimir)

324 millions de dollars, c'est à la fois beaucoup et pas forcément autant que l'espérait Port-au-Prince. Certes, le président René Préval et le Premier ministre Michèle Pierre-Louis avaient affiché avant la conférence un objectif modeste - 125 millions de dollars, officiellement voués à boucler un budget 2009 en déficit et à soutenir celui de l'année prochaine.

Mais ils attendaient aussi des donateurs de quoi alimenter le plan présidentiel de reconstruction sur deux ans d'un pays très éprouvé par le passage de quatre cyclones au cours de l'été 2008.

Michèle Pierre-Louis avait, en prélude à cette réunion, mis l'accent sur les risques de destabilisation en Haïti : « Nous avons besoin de cette somme pour mener la politique d'investissement public du pays. Dans le cas contraire, et face aux multiples problèmes qui se dressent devant nous, la situation pourrait devenir de plus en plus fragile », avait déclaré le Premier ministre, qui a par ailleurs insisté sur les efforts conduits par son gouvernement pour combattre une corruption susceptible de refroidir la générosité internationale.

Les quelque 28 Etats et organisations multilatérales réunis à Washington par la BID (la Banque interaméricaine de développement) ont finalement affecté au budget haïtien 41 millions de dollars, ce qui réduira, à condition que cette somme puisse être rapidement versée, l'actuel « trou » de 20 milliards de gourdes (1 dollar équivaut à 40 gourdes) dans le budget 2009. Le reste des dons doit servir à revitaliser une économie naufragée : le PIB a « reculé de 15% en 2008, alors qu'il avait progressé de 3,5% l'année précédente », d'après le Premier ministre.

Les pays donateurs se sont donc ralliés au plan national haïtien de redressement économique, et ils ont jugé crédibles les projections de 150 000 nouveaux emplois liés au lancement des grands travaux prévus.

La France, qui s'exprimait par la voix de Rama Yade, a mis 40 millions de dollars au pot commun, une aide en augmentation, a souligné la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme, qui a rappelé « la relation ancienne, parfois tragique » entre les deux pays, et d'autres signes de proximité tels que la langue et le voisinage de trois départements français.

Les Etats-Unis se sont engagés, eux, à hauteur de 57 millions de dollars. Le plus gros contributeur du jour, représenté par Hillary Clinton qui doit se rendre dès ce jeudi en Haïti, a assorti cette promesse d'exigences particulières, comme la lutte contre le trafic de drogue ou la réparation des infrastructures endommagées par les tempêtes. La secrétaire d'Etat américaine a jugé qu'Haïti a vraiment l'occasion aujourd'hui de « réaliser des progrès substantiels » ; ce pays « a un programme pour cela et il a démontré sa détermination à le mener à bien », a-t-elle ajouté. Une confiance affichée qui fait monter les attentes liées à son imminente visite à Port-au-Prince...

Autre annonce de nature à satisfaire les dirigeants haïtiens : d'après le directeur général du FMI Dominique Strauss-Khan, la dette haïtienne sera réduite de près d'un milliard de dollars d'ici fin juin, ce qui allègera la charge annuelle des remboursement de 35 à 40 millions. Les 324 millions promis à l'occasion de cette 7ème réunion des bailleurs de fonds d'Haïti vient en complément des financements auxquels la communauté internationale s'est déjà engagée, pour des projets d'environ 3 milliards de dollars au total.

Paul Vermande

Président du Collectif Haïti France

« Haïti a vraiment besoin de beaucoup d’argent. Pourquoi ? Parce qu'il y a eu 4 événements cycloniques l’année dernière.  En plus, c’est un pays qui a perdu énormément de cadres qui se sont exilés, principalement aux Etats-Unis ou au Canada, et un petit peu en France. Donc, c’est un pays qui a beaucoup de difficultés. »

15/04/2009 par Jean-François Cadet