par Sarah Tisseyre
Article publié le 15/04/2009 Dernière mise à jour le 21/04/2009 à 10:26 TU
La famille Monzanga dans son salon. De gauche à droite : Ian, 15 ans, Claude Monzanga, le père, Rachel, 5 ans, Pascaline, dite Passy, la mère et Fortune, 17 ans.
(Photo : Sarah Tisseyre / RFI)
En Afrique du Sud, il a suffi au médecin congolais de repasser un examen et de se spécialiser en santé publique. Quatre ans plus tard, il était déjà directeur adjoint de l’hôpital Baragwanath à Johannesburg.
Aujourd’hui, il a conscience d’être arrivé au bon moment, quand les portes de l’Afrique du Sud étaient plus ouvertes. « A notre arrivée, en tant que médecins, dès lors qu’on réussissait l’examen, les autorités nous donnaient un permis de séjour de 3 ans », explique Claude Monzanga, « par la suite, elles n’ont donné que des permis d’un an, et ça a été le début des complications. Aujourd’hui, les gens doivent se contenter d’enchaîner les permis de travail ». En 1998, Claude Monzanga, lui, a pris la nationalité sud-africaine.
Son épouse, Passy, Kinoise elle aussi, est technicienne de laboratoire. La coquetterie lui interdit de dire son âge. Au travail, elle s’habille à la sud-africaine, en pantalon. Pas à la maison. Elle porte ce jour-là un boubou lie de vin. « Au fond, je reste Congolaise », dit-elle. Une culture qu’elle essaie de transmettre à ses trois enfants par la cuisine et l’éducation. « On essaie de les éduquer comme chez nous au Congo », explique Passy, « par exemple, une personne plus âgée doit être appelée Tonton, ou Tantine, c’est une question de respect. Alors qu’ici, tu peux bien avoir 50 ans, si tu t’appelles Hélène, une enfant de 3 ou de 15 ans t’appellera Hélène ». Et elle conclut : « L’éducation, ici, est un peu légère ».
Du salon, où trône un canapé crème, s’échappent des notes de rumba congolaise. Claude et Passy assurent qu’ils essaient de parler aux enfants en lingala et en français. Les deux grands, Fortune et Ian, restent toutefois bien plus à l’aise en anglais.
Ian, 15 ans, se voit médecin plus tard. Surtout, il dit vouloir vivre ailleurs qu’en Afrique du Sud. « C’est à cause de la criminalité », justifie l’adolescent, « je ne peux pas marcher dans la rue dès qu’il fait nuit, je ne peux pas bouger de cette maison… j’ai des amis qui ont été attaqués, alors je rentre chez moi le plus vite possible après l’école ». Quant à son vélo, il l’utilise peu. « Les vélos, ça plaît aux voleurs de nos jours ! ». Ian fait donc du vélo sur son court de tennis. Et si son humour fait rire toute la famille, la criminalité est effectivement aux yeux de tous le plus gros défaut de l’Afrique du Sud.
La criminalité en Afrique du Sud |
L’Afrique du Sud est l’un des pays où la criminalité est la plus élevée au monde, avec une cinquantaine d’homicides par jour, et un viol toutes les dix minutes. Les provinces du Gauteng (Pretoria, Johannesburg) et de l’Eastern Cape arrivent en tête au palmarès des pires statistiques de meurtres et de viols. La criminalité est l’un des thèmes centraux de la campagne électorale. Le parti d’opposition Alliance Démocratique brandissait récemment des chiffres officiels selon lesquels la police a perdu 668 dossiers criminels l’an dernier (en 2008), contre 382 en 2005. Le manque de crédibilité de la police, sous-équipée et démotivée, conduit les Sud-Africains qui en ont les moyens à confier leur sécurité à des sociétés privées. Les agents de sécurité privée sont désormais plus nombreux que les policiers. La police elle-même a dû faire appel à des privés pour garder certains commissariats et leurs parkings, faute de personnel. A Johannesburg notamment, les habitants aisés se barricadent derrière de hauts murs, surmontés souvent de clôtures électriques, voire agrémentés de caméras vidéos. Tous disposent d’une alarme, qu’ils peuvent pour certains déclencher à l’aide d’un « panic button » (petit interrupteur portable). |
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