Article publié le 20/04/2009 Dernière mise à jour le 20/04/2009 à 09:31 TU
Les chefs d'Etat et de gouvernement du continent américain à la clôture du 5ème sommet des Amériques, le 19 avril 2009.
(Photo : Reuters)
Cuba : un processus qui va prendre du temps
Lors du sommet, l’ensemble des 33 dirigeants du continent américain avaient demandé à Barack Obama de mettre fin à ce blocus, jugé « anachronique », et « contreproductif ». Le président américain a déclaré qu’il était prêt à dialoguer avec le régime castriste et qu’il comprenait l’importance de la question cubaine pour les pays d’Amérique latine. Habile, il a aussi admis que la politique menée pendant 50 ans, et qui a été définie « avant ma naissance » à l’égard de l’île, était un échec : « les Cubain ne sont toujours pas libres ».
Toutefois, Barack Obama a écarté l’idée d’un changement « du jour au lendemain ». « Les questions relatives aux prisonniers politiques, à la liberté d'expression et la démocratie sont importantes, et ne sauraient être simplement mises de côté », a-t-il souligné lors de sa conférence de presse à l’issue du sommet. Le message est on ne peut plus claire : pour Washington la balle est désormais dans le camp de La Havane.
Opération séduction réussie
Malgré la question cubaine, la méthode Obama a encore une fois porté ses fruits. A l’écoute de tout le monde tout en affichant une certaine fermeté, le président américain a réussi à montrer un nouveau visage des Etats-Unis. Fini le temps où Washington considérait la région au Sud du Rio grande comme son arrière-cour. La nouvelle administration souhaite bâtir des « partenariats d’égal à égal ». Dans ce contexte, Barack Obama a su instaurer un nouveau ton dans la politique américaine vis-à-vis de ses voisins. Il a reconnu la responsabilité des Etats-Unis dans les problèmes du narcotrafic au Mexique, ou encore la politique d’ingérence, pratiquée en Amérique latine pendant des décennies par Washington.
« Je suis fermement opposé et je condamne toute tentative qui viserait à faire renverser un gouvernement démocratiquement élu. Ce n’est pas la politique de notre gouvernement. Les Etats-Unis ont un passé dans cette région (d’Amérique latine) qui est critiqué par certains pays. Je suis responsable des actions de ce gouvernement. Et nous respecterons tous les gouvernements démocratiquement élus, même si nous sommes en désaccord avec eux », a assuré le président américain dimanche.
Quel poids pour la déclaration finale ?
Le Premier ministre de Trinité-et-Tobago, Patrick Manning, signant la déclaration finale du 5ème sommet des Amériques, le 19 avril 2009.
(Photo : Reuters)
Cette approche a fait l’unanimité des participants du sommet à Port d’Espagne. Le président mexicain, Felipe Calderon, par exemple, a déclaré que « le succès a été de parvenir à relancer le dialogue entre les pays du continent américain dans une atmosphère franche et cordiale ».
De son côté, le président du Honduras, Manuel Zelaya a estimé que grâce à l’extraordinaire esprit d’ouverture et de dialogue de l’ensemble des participants, l’Amérique latine comme les Etats-Unis avaient « gagné en dignité ».
Reste maintenant à savoir, si les gestes de bonne volonté des uns et des autres, comme la nomination d’un nouvel ambassadeur vénézuélien à Washington, vont se traduire dans les prochains mois en un vrai changement du climat politique. Reste aussi à savoir si les mesures concrètes décidées au cours de ce sommet et qui concernent notamment la lutte contre la pauvreté, l’insécurité et le changement climatique, vont trouver une quelconque application. Elles figurent certes dans la déclaration finale mais celle-ci n’a pas été signée par les dirigeants du continent américain.
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