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Iran – Durban II

Israël, l’ennemi préféré d'Ahmadinejad

par  RFI

Article publié le 20/04/2009 Dernière mise à jour le 20/04/2009 à 21:55 TU

Depuis son élection en 2005, Mahmoud Ahmadinejad a multiplié les propos violemment hostiles à Israël. C’est également sous sa présidence que l’Iran a organisé, fin 2006, une conférence réunissant de nombreux négationnistes, remettant en cause la réalité du massacre de 6 millions de juifs par les nazis, en Europe, pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le président iranien lors de son discours devant les participants à la Conférence de l'ONU sur le racisme à Genève, le 20 avril 2009.(Photo: Reuters)

Le président iranien lors de son discours devant les participants à la Conférence de l'ONU sur le racisme à Genève, le 20 avril 2009.
(Photo: Reuters)

Octobre 2005 : cela fait quelques semaines que l’ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad est officiellement le nouveau président de la République islamique d’Iran. A ce titre, il participe à une conférence intitulée « Le monde sans le sionisme ». Dans les heures qui suivent, l’agence de presse iranienne IRIB publie une dépêche attribuant à Mahmoud Ahmadinejad les propos suivants : « Comme l'a dit l'imam (Khomeiny), Israël doit être rayé de la carte ». Cette phrase… Mahmoud Ahmadinejad ne l’a en réalité jamais prononcée, du moins en ces termes : les propos du président iranien se traduisent plutôt ainsi : « Le régime qui occupe Jérusalem doit disparaître des pages de l’Histoire ». Les mots diffèrent… Mais pas le message. Mahmoud Ahmadinejad s’attire alors une tempête de protestations internationales, la première d’une longue série. 

Conférence révisionniste

Le tollé n’empêche pas le président iranien de récidiver. Dès le mois de décembre 2005, il évoque « ces pays européens qui répètent que pendant la Seconde Guerre mondiale, Hitler a brûlé des millions de juifs » et qui « condamnent ou jettent en prison les historiens et scientifiques qui doutent » de ces faits. Allusion au mouvement révisionniste, qui conteste la réalité de la Shoah (le génocide de six millions de juifs en Europe par les nazis) et auquel l’Iran offre une très médiatique tribune en décembre 2006, en organisant une conférence internationale qui promet alors d’apporter une « vision nouvelle » de l’Holocauste.

Y participent le Français Robert Faurisson (condamné à de multiples reprises pour ses propos niant la Shoah), l’Américain David Duke (membre de l’organisation raciste Klu Klux Klan), l’Australien Gerald Fredrick Töben  (révisionniste) ou encore des représentants de l’organisation juive ultra-orthodoxe et anti-sioniste Neturei Karta (qui ne nient pas la Shoah mais clament qu’elle sert à justifier l’existence de l’Etat d’Israël que les Neturei Karta qualifient d’ « impie »). Nouvelle avalanche de protestations internationales. A commencer par Israël, où l’on s’inquiète de ces déclarations alors que l’Iran poursuit un programme nucléaire jugé suspect par une partie de la communauté internationale.

Difficile d’énumérer l’ensemble des déclarations de Mahmoud Ahmadinejad concernant Israël qu’il qualifie de « cadavre puant » en 2008, lorsque l’Etat hébreu célèbre les 60 ans de sa création. Dernier épisode en date ce lundi 20 avril 2009, quand à la tribune de la conférence de l’ONU sur le racisme « Durban II » organisée en Suisse, le président iranien fustige l’établissement d’un « gouvernement raciste » en Palestine après 1945… provoquant le départ des représentants de l’Union européenne qui quittent la salle pour signifier leur réprobation.

A qui s’adressent ces propos ? Selon l’historien Yann Richard, professeur à la Sorbonne nouvelle, Mahmoud Ahmadinejad ne s’adresse ni à ses compatriotes ni aux Occidentaux. « Ce discours est destiné au monde musulman », explique Yann Richard. Selon lui, « si les dirigeants des pays du Moyen-Orient  n’osent pas aller dans le sens de leurs opinions publiques, c’est parce qu’ils sont liés à l’Occident ». Ce qui laisse à l’Iran la possibilité d’être le seul pays affranchi de ces alliances et donc libre « de tenir ces propos que nous jugeons excessifs ».

Juifs iraniens

Les propos fracassants du dirigeant iranien puisent dans l’héritage de la Révolution islamique, fondée sur le rejet de l’Etat hébreu. « Mort à Israël » (et « mort à l’Amérique ») crient ainsi des milliers d’Iraniens réunis chaque semaine à l’université de Téhéran pour la grande prière du vendredi, en présence des plus hautes autorités de la République islamique. Une opposition radicale au sionisme que les dirigeants iraniens refusent d’assimiler à l’antisémitisme.

A Téhéran, on rappelle volontiers, que 20.000 juifs vivent en Iran, avec leurs synagogues, leurs écoles, leurs hôpitaux, leurs sièges réservés au Parlement… Et même le droit de consommer de l’alcool pendant les fêtes religieuses (ce qui est par ailleurs strictement prohibé en Iran). Lorsqu’on les interroge sur le sujet, les juifs iraniens sont nombreux à citer l’ayatollah Khomeiny, qui a toujours insisté sur la différence entre le judaïsme accepté en tant que religion et le sionisme, honni par la République islamique.

Mahmoud Ahmadinejad

Président iranien

« Après la Seconde Guerre mondiale, une population et un gouvernement illégitime s'est mis en place en Palestine. »

20/04/2009 par Nicolas Falez