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Afrique du Sud

La nation « arc-en-ciel » aux urnes

par Nicolas Champeaux

Article publié le 21/04/2009 Dernière mise à jour le 23/04/2009 à 01:30 TU

Vingt-trois millions de Sud-Africains étaient appelés à se rendre dans les bureaux de vote, ce mercredi, pour le quatrième scrutin national depuis la chute du régime apartheid. Le scrutin, qui s'est déroulé dans le calme, a été marqué par une forte participation. Le parti ANC de Jacob Zuma est assuré de remporter une confortable victoire. Au total, quarante partis se sont lancés dans la bataille. Le décompte des voix se fera manuellement et la commission devrait divulguer les résultats dimanche. 

Affiches électorales dans le township d'Umlazi, près de Durban.(Photo : Reuters)

Affiches électorales dans le township d'Umlazi, près de Durban.
(Photo : Reuters)

On recense deux millions et demi de nouveaux inscrits sur les listes, la commission électorale table sur un taux de participation élevé, quatre vingt pour cent, soit  dix points de plus que lors des précédentes élections générales en 2004. La chef de la commission, Brigalia Bam, attribue ce regain d’intérêt aux jeunes premiers votants qui, selon elle, ont suivi activement la campagne. Les commentateurs estiment par ailleurs que la création d‘un nouveau parti, le COPE, suite à l’éviction brutale du président Thabo Mbéki l’an dernier, a joué un rôle de catalyseur.

Le COPE

Le lancement du parti en décembre dernier avait suscité un certain enthousiasme dans les médias, signalant le début de la fin de l’hégémonie de l’ANC. Le parti, présidé par l’ex-ministre de la défense de Thabo Mbéki, Mosiuoa Lekota, a mené campagne sur le thème de l’intégrité, un thème peu porteur. Le COPE a choisi pour candidat de tête de liste Mvume Dandala, un ancien évêque au parcours irréprochable qui n’est pas issu de l’ANC. Dandala, peu connu du grand public, n’a pas réussi à mobiliser les électeurs, d’autant plus que le COPE a lancé sa campagne avec retard.

L’abandon des charges visant Zuma  

Au-delà des opérations de porte-à-porte et des réunions publiques, la campagne de l’ANC a également consisté à convaincre le parquet général d’abandonner les poursuites visant Jacob Zuma. Il était dans le collimateur de la justice depuis huit ans, dans le cadre du scandale de vente d’armes impliquant le groupe français Thalès. Le suspense durant les quinze jours qui ont précédé la décision du procureur national, a tenu le pays en haleine pendant une large partie de la campagne.

Le 6 avril, le procureur en chef Mokotedi Mpshe, a déclaré qu’il n’était pas souhaitable de maintenir les poursuites visant Jacob Zuma, citant de graves violations à la procédure légale. Des enregistrements de conversations téléphoniques, transmis par les avocats de Zuma au parquet, ont convaincu Mokotedi Mpshe que son équipe d’enquêteurs avait été instrumentalisée. La décision a été décriée par l’opposition et par la majorité des commentateurs, elle a néanmoins permis à Zuma d’aborder la ligne droite de sa campagne en toute sérénité.

 Constitution modifiée ou pas

Si les visages du candidat de chaque parti au poste suprême sont reproduits sur les bulletins de vote, les électeurs sud-africains n’élisent pas directement leur président. Ils choisissent le parti qui les représentera à l’Assemblée nationale ; pourvue de 400 sièges, mais aussi leurs représentants au Conseil national des provinces, doté de 90 sièges. Il s‘agit d’un scrutin de liste à la proportionnelle intégrale, les sièges appartiennent au parti et non aux députés. Les élus choisiront le président lors d’une session parlementaire prévue le 6 mai. La cérémonie d’investiture au palais présidentiel à Prétoria est prévue le 9 mai.

Il ne fait aucun doute que l’ANC décrochera plus de cinquante pour cent des suffrages, l’enjeu est de savoir s'il conservera sa majorité des deux tiers, requise pour amender la Constitution. Jacob Zuma a confirmé dimanche qu’il n’avait pas l’intention de modifier la Constitution, mais l’opposition demande aux électeurs de ne pas le croire sur parole. Elle craint que l’ANC de Zuma retouche la loi fondamentale afin de réduire l’autonomie des mairies et autres entités régionales aux mains de l’opposition.

Par ailleurs, l’ANC a toujours amélioré son score, d’élection en élection. Jacob Zuma, pour des questions d’égo et de légitimité, ne souhaite pas être celui qui aura infléchi la tendance. Il espère faire mieux que son prédécesseur et rival Thabo Mbéki qui avait décroché près de soixante dix pour cent des voix en 2004.

Près de 5 350 observateurs locaux et internationaux

La campagne s’est déroulée sans heurts majeurs. L’armée sera toutefois déployée au sein d‘une unité spéciale d’intervention dans plusieurs villes du Kwazulu Natal, où des incidents ont été signalés entre des membres de l’ANC et de l’Inkhata Freedom Party. Un dispositif de sécurité est également prévu dans le township d’Alexandra au nord de Johannesburg où les émeutes xénophobes, il y a bientôt un an, avaient fait plusieurs morts.

La bataille du Western Cape

Helen Zille, la chef de file du principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique, a jeté son dévolu sur cette province du sud-ouest de la nation arc-en-ciel. Zille détient déjà la mairie du Cap, elle souhaite décrocher la province pour faire du Western Cape (Cap occidental) un bastion de l’opposition et prouver à terme que l’Alliance démocratique est un parti de gouvernement. Les autres partis d’oppositions ont également le Western Cape en ligne de mire. Patricia de Lille, la dirigeante des Indépendants démocrates et le COPE, convoitent également le Western Cape. Le COPE, les dissidents de l’ANC ont déployé un candidat de taille, en la personne du révérend Alan Boesack, respecté pour son implication dans le combat contre l’apartheid.

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(Photos : S. Tisseyre/RFI - Réalisation : E. Dupard/RFI)

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