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Islande

La gauche favorite

par  Schmidt Heike

Article publié le 24/04/2009 Dernière mise à jour le 25/04/2009 à 05:56 TU

Selon les derniers sondages, les dés sont déjà jetés pour les élections anticipées en Islande ce samedi, 25 avril. Le gouvernement intérimaire de gauche dirigé par l’actuel Premier ministre Johanna Sigurdardottir, a, sans conteste, toutes les chances d’emporter la victoire. Tout indique que les électeurs vont sanctionner le Parti de l’Indépendance, rendu responsable de la crise économique qui a conduit le pays au bord de la faillite, il y a six mois.

Les rues de Reykjavik sont désertes, nombre de magasins fermés.(Photo : D. de Courcelles / RFI)

Les rues de Reykjavik sont désertes, nombre de magasins fermés.
(Photo : D. de Courcelles / RFI)

Selon un sondage, publié à la veille du scrutin dans le quotidien Frettabladid, les sociaux-démocrates obtiennent 31,8% des suffrages. Leur allié dans la coalition actuelle, le mouvement Gauche-Verts, est crédité de 24,1%. Les conservateurs du Parti de l’Indépendance resteraient en dessous du résultat le plus bas de leur histoire, avec 21,9%.

Suite à la crise qui a secoué cette île de 320 000 habitants, le Parti de l’Indépendance est en pleine déroute. Au pouvoir depuis 1991, les conservateurs ont été renvoyés en janvier dernier, à l’issue de plusieurs mois de manifestations. Les Islandais accusent le Parti de l’Indépendance d’avoir mené une politique trop libérale qui a conduit à l’effondrement du système bancaire en automne dernier.

L’île de l’Atlantique Nord fait face à une sévère récession

Aujourd’hui, six mois après avoir été en quasi-banqueroute, l'île prospère de l’Atlantique Nord doit faire face à une sévère récession. Habituée à des taux de croissance moyenne de 4%, l’île s’attend à une baisse de son produit intérieur brut de 10%. Reykjavik a dû demander un prêt de 2,1 milliards d’euros au Fonds monétaire international (FMI). La couronne, la plus petite monnaie mondiale, a perdu 44% de sa valeur, pénalisant ceux qui doivent rembourser des emprunts en devises étrangères. Le chômage rajoute au désarroi de la population. Après une longue période de plein emploi, les Islandais perdent aujourd’hui leur travail et la Banque centrale prévoit un taux de chômage de 10%.

L’ambition des sociaux-démocrates : l’adhésion à l’UE

Dans ce contexte plutôt morose, les Islandais semblent vouloir donner leur voix à l’actuelle Premier ministre Johanna Sigurdardottir ce samedi. Depuis que cette ancienne hôtesse de l’air, entrée en politique en 1978, a accédé au pouvoir en février dernier, elle a su gagner la confiance des Islandais. Pendant sa campagne, elle a annoncé clairement son ambition qui est de faire entrer son pays le plus rapidement possible dans l’Union européenne, avec l’adoption de l’euro dans les quatre ans.

Son allié du parti Gauche-verts, Steigrimur Sigfusson, ne la suit pas dans cette voie, mais se dit prêt à discuter de cet enjeu qui est devenu l’un des principaux sujets de la campagne électorale. L’obstacle majeur pour les écologistes est la crainte de voir l’UE contrôler la pêche islandaise, aujourd’hui le pilier de l’économie avec 36,6% des exportations totales.

Ecologistes et conservateurs eurosceptiques

Les conservateurs du Parti de l’Indépendance, eux, sont aussi plutôt eurosceptiques. Ils sont d'avis que l’Islande n’aurait pas beaucoup à y gagner, étant donné que l’île fait déjà partie de l’Espace économique européen et bénéficie du libre-échange. Le jeune et tout nouveau dirigeant du Parti de l’Indépendance, Bjarni Benediktsson, s’est approprié une idée qu’il croit porteuse de voix électorales, à savoir adopter l’euro sans adhérer à l’Union, avec l’avantage de stabiliser l’économie de l’île sans perdre le contrôle des ressources. Une idée tout à fait prometteuse pour ce parti, donné perdant d’avance. « Il semblerait qu’une large proportion des Islandais souhaitent la monnaie unique sans l’adhésion à l’Union européenne », estime le politologue Gunnar Helgi Kristinnson.

Mais la Commission européenne à Bruxelles a fait savoir que cette option n’existe pas, car l’adoption de l’euro présuppose l’adhésion à l’Union européenne.

Dans un premier temps, le nouveau gouvernement devra donc affronter la crise sans pouvoir compter sur l’UE. Mais le nouveau gouverneur de la Banque centrale islandaise, le Norvégien Svein Harald Oygard, se montre confiant : « L’Islande devrait avoir les bases pour devenir un symbole de la rapidité avec laquelle une économie peut repartir. »