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Sri Lanka/Interview

Les autorités déclinent l'offre de cessez-le-feu des Tigres

par Sophie Malibeaux

Article publié le 26/04/2009 Dernière mise à jour le 26/04/2009 à 20:59 TU

Les rebelles LTTE ont fait savoir ce dimanche qu'ils étaient prêts à un cessez-le-feu unilatéral pour résoudre une crise humanitaire sans précédent. Le communiqué de l'aile politique des Tigres indique que les civils présents sur la zone de combats font l'objet d'attaques continues de l'armée sri-lankaise, et souffrent du manque de nourriture et de médicaments en raison du blocus imposé depuis des mois. Les Tigres tamouls pressent la communauté internationale de peser de tout son poids pour obtenir la réciproque du gouvernement sri-lankais. Nous avons joint au téléphone le ministre de la Défense, chef des opérations militaires qui se déroulent au nord-est du pays. Gotabhaya Rajapakse explique ce qu'il pense de la proposition de cessez-le-feu des Tigres Tamouls.
(AFP)

(AFP)

Gotabhaya Rajapakse : Ce n’est pas une opportunité, c’est un piège des LTTE. Pourquoi devrions-nous accepter un cessez-le-feu ? La seule chose qu’ils devraient faire, c’est de libérer les civils, faire taire les armes et se rendre. Parce qu’ils sont vaincus militairement, ils sont acculés, et le cessez-le-feu, c’est un stratagème pour se regrouper, reprendre des forces encore une fois. Ils savent qu’ils n’ont aucune autre option. Nous, ce n’est pas ce que nous voulons. Nous exigeons qu’ils libèrent les civils, déposent les armes et se rendent.

RFI : Qu’est-ce qui vous fait penser qu’ils font cela uniquement pour se redéployer ?

GR : Parce que c’est ce qu’ils ont toujours fait. S’ils sont vraiment sincères, alors qu’ils laissent d’abord partir les civils, c’est le principal : juste libérer les civils. Ensuite, s’ils ne veulent pas se rendre, alors ils peuvent se battre. Mais d’abord, relâcher les civils.

RFI : Quelle est votre évaluation du nombre de civils toujours dans cette zone ?

GR : Peut-être moins de 10 000 civils, c’est ce que je crois. Je ne sais pas, on ne voit pas bien ce qui se passe à l’intérieur. Les gens donnent des estimations variables, mais à mon avis, c’est un nombre assez limité.

RFI : Vous  disiez qu’ils ont toujours utilisé les cessez-le-feu pour se ressaisir, mais cette fois-ci, est-ce que l’on ne peut pas penser que c’est la dernière issue qui s’offre à eux ?

GR : Oui, mais nous, nous ne voulons pas que cela traîne et la meilleure chose à faire, c’est de libérer les civils, et s’ils veulent se rendre, qu’ils le fassent. Un cessez-le-feu maintenant cela n’a plus aucun sens !

Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse après un cessez-le-feu ? Qu’est-ce que l’on peut en faire ? C’est juste une façon de retarder les choses ! Pourquoi voulez-vous un cessez-le-feu, au point où on en est ? Quel est l’objectif ? Pour quoi faire ? Qu’est-ce que l’on pourra en tirer ?

RFI : Cela signifie que vous ne comprenez pas la demande faite par les Nations unies d’un cessez-le-feu des deux côtés ?

GR : Non ! Pourquoi un cessez-le-feu ? Pourquoi offrir cette occasion encore une fois aux LTTE ! Mais la seule chose que la communauté internationale et les Nations unies doivent faire, c’est demander la libération des civils, c’est tout ! Pourquoi les LTTE devraient-ils maintenir des civils à l’intérieur de la zone ? Libérez-les !

RFI : L’idée d’un cessez-le-feu n’est pas une façon de se projeter dans l’après-conflit ?

GR : Non, non, non nous ne voulons pas ! Vous savez, le Sri Lanka souffre depuis si longtemps, 30 ans. Nous sommes une population qui souffre, nos civils, nos citoyens ont été tués, nous ne voulons plus rien avoir à faire avec ces gens-là. Nous devons en finir avec les LTTE.

Ces derniers jours, nous avons déjà secouru jusqu'à maintenant quelque 112 000 civils, sortis de cet endroit. Nous les avons sauvés. Chaque jour, je pense que nous en sauvons 2 000 par jour, c’est ce que nous faisons.

 RFI : Vous pensez que cela va prendre encore un peu de temps de sauver des civils, ensuite quel est votre objectif ?

GR : Ensuite, on en finit avec ces LTTE pour toujours ! On les détruit ! 

RFI : Et vous n’êtes pas du tout intéressé de prendre leur chef vivant ?

GR : Mort ou vif, je m’en fiche (rires). Je m’en fiche, nous voulons  anéantir les LTTE, nous voulons anéantir Prabakharan, c’est tout ! C’est un meurtrier, un tueur, un maniaque, un dictateur qui a tué des civils, cinghalais, musulmans, tamouls, il a tué toutes sortes de gens. C’est à nous de tout faire pour gagner cette population civile. C’est ce que nous tentons de faire actuellement. Je sais que les gens qui sortent de là sont très en colère, très en colère contre les LTTE.