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Grand reportage

La science au service des enquêtes criminelles

Article publié le 28/04/2009 Dernière mise à jour le 28/04/2009 à 17:42 TU

Exceptionnellement, Olivier Chermann, Grand reporter au service France de RFI a pu enquêter au sein de l’ IRCGN : l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale de Rosny-Sous-Bois, en région parisienne. La Police technique et scientifique française est l’une des plus performantes du monde. Visite chez les experts français.

(Photos : Laboratoire photographique central Gendarmerie Nationale)

Sur une paillasse, des dizaines de crânes humains, des mandibules, des ossements, un squelette carbonisé reconstitué : ce ne sont que des pièces à conviction d’affaires criminelles.

Nous sommes dans le laboratoire du médecin en chef Yves Schulliard. Il nous présente une partie de son département de l’anthropologie médicale qui examine les squelettes et les restes squelettiques. Dans son équipe, deux médecins légistes et quinze docteurs réservistes, tous volontaires pour participer à ces missions d’identification. Autre activité de ce département, la reconstruction faciale à partir de restes osseux.

A l’IRCGN, 250 personnes travaillent dont 200 scientifiques. Plus de la moitié d’entre eux sont diplômés du 3e cycle. Sur une année, 80 000 pièces à conviction circulent dans le laboratoire, hors fichier national automatisé des empreintes génétiques.

Les 80 000 pièces traitées en 2008 ont donné lieu à 150 000 actes de laboratoire

Les éléments relevés sur une scène de crime doivent  arriver à l Institut dans un parfait état, comme le souligne le directeur de l’IRCGN, le colonel Jacques Hébrard :

« Sur la scène de crime, il faut surtout être efficace. C’est la raison pour laquelle il faut qu’il y ait un gel des lieux, il faut être très méthodique. Aujourd’hui, on essaye de prélever le maximum d’éléments, même s’ils ne seront pas tous traités. Alors on met en place un coordinateur des opérations criminalistiques. C’est en quelque sorte l’ingénieur de scènes de crime,  il va superviser le travail des techniciens d’identification criminelle qui font les prélèvements et surtout, c’est lui qui va être le lien avec le directeur d’enquête. Car il ne faut pas oublier qu’une enquête, c’est d abord un officier de police judiciaire qui travaille sous le contrôle d’un magistrat qui mène les investigations.  La Police technique et scientifique est là pour apporter à ce directeur des enquêtes des éléments pour avancer. »

L’IRCGN est un plateau technique multidisciplinaire unique en son genre qui regroupe toutes les activités liées à la criminalistique.

Parmi elles, l’étude des insectes nécrophages collectés sur une scène de crime. Les prélèvements doivent arriver vivants au laboratoire et être placés sous scellés. Ce département d’entomologie, créé en 1992, est  composé de 5 personnes dont 4 militaires. Il a déjà effectué 850 saisines.

Plus de 6000 armes dans la collection de référence balistique

Le domaine de l’Institut est très vaste. Une salle en sous-sol livre tous ses secrets, c’est la  collection d’armes la plus importante de France. Un lieu très sécurisé. Explications du capitaine Alain Pasquier, chef du département balistique :

«  Ici, c’est la collection de référence du département balistique où nous détenons plus de 6000 armes. Des armes de tous types : fusils d’assaut, armes de poing, mitraillettes, armes manufacturées, armes de chasse… tout ce qui est représentatif de la délinquance française.  Ces armes  sont toutes issues des greffes des tribunaux et issues des affaires définitivement jugées. »

Au-dessus se situe le département informatique électronique : des dizaines d’ordinateurs disséqués, des disques durs analysés et des téléphones portables fortement détériorés posés sur une paillasse. Le tout dans une salle sécurisée : il faut montrer patte blanche pour entrer dans ce lieu.

Le Lab-Unic, une première mondiale

Voici enfin la dernière grande nouveauté de l’IRCGN : le Lab-Unic. C’est un bus de la gendarmerie reconverti en laboratoire roulant d’analyses. Unique en Europe, il est destiné aux grandes enquêtes, il pourra intervenir partout en France. Ce Lab-Unic est opérationnel et peut être engagé pour des scènes graves et complexes, catastrophes, incidents nucléaires, radiologiques, bactériologiques et chimiques. Mais aussi dans le cadre d’enquête sur des personnes disparues et notamment celles des enfants où le facteur temps est décisif.

Ce bus n’a pas encore été utilisé mais il est fin prêt. Il ne manque maintenant qu’une grande affaire, une grande enquête pour qu’il soit dépêché sur une scène de crime.

Dans ce domaine de la police scientifique, la France est leader mondial en raison d’une très forte spécialisation de son personnel : des formations internationales sont effectuées dans de nombreux pays comme le Qatar ou les pays du Maghreb. Mais il faudrait encore plus de moyen humain.

La solution serait peut-être un véritable rapprochement entre police et gendarmerie scientifique. Le principe en est adopté mais pas encore véritablement appliqué.