par Myriam Berber
Article publié le 30/04/2009 Dernière mise à jour le 30/04/2009 à 16:21 TU
Vilnius, capitale de la Lituanie, membre de l’UE depuis 2004. Les ex-membres du bloc de l'Est sont particulièrement pénalisés par la crise.
(Photo : Magister)
Le 1er mai 2004, l’Union européenne est passée à 25 Etats membres en accueillant dix nouveaux pays : les pays baltes ( Estonie, Lettonie, Lituanie), Chypre, la Hongrie, Malte, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie et la Slovénie. Deux autres pays, la Bulgarie et la Roumanie, les ont rejoints en 2007. L’UE élargie est aujourd’hui la plus grande zone économique intégrée du monde, avec une population d’un demi-milliard d’habitants, produisant plus de 30% du PIB mondial.
Cet élargissement est un succès, selon différents rapports européens qui montrent que les disparités entre les anciens et nouveaux membres ont diminué. Dans une étude publiée en février 2009 sur le bilan de l’élargissement, la Commission européenne souligne que le revenu par habitant dans les nouveaux Etats membres représentait en 1999, 40% du revenu moyen par habitant des anciens Etats membres. En 2008, il a progressé à 52%. De même, la croissance de l’économie des nouveaux Etats, qui atteignait 3,5% en rythme annuel sur la période 1999-2003, s’est accélérée pour atteindre un rythme de 5,5% sur la période 2004-2008.
Fin de l’euphorie économique
L’élargissement a également ouvert de nouvelles possibilités d’échanges commerciaux. En 2007, près de 80% des exportations des nouveaux Etats membres on été acheminées vers les autres pays de l’UE. De même, l’élargissement a permis une baisse du chômage à des niveaux similaires à ceux des autres pays membres de l’UE : environ 7% en 2007. Une partie des productions intensives en main d’œuvre de l’ouest a ainsi été relocalisée à l’Est. Les industriels ont trouvé à l’intérieur de l’Union un moyen de contrer la concurrence des pays asiatiques à bas coûts. Les taux de chômage, très élevés dans certains pays, ont ainsi diminué de façon spectaculaire, par exemple en Pologne pour passer de 19% à 9,5% ou encore en Lettonie de 9% à 5%.
Mais la crise mondiale a signé la fin de l’euphorie dans les dix pays d'Europe centrale et orientale (Peco), membres de l’UE. Elle a stoppé net la croissance de ces nouveaux membres de l’UE et les a privé d’une bonne partie de leurs recettes d’exportation. L’écroulement du crédit, pour l’essentiel aux mains des banques de l’Ouest, a augmenté leurs difficultés financières.
Dans l’ensemble des Peco, le ralentissement économique s’est accompagné d’une hausse du chômage. Le secteur de l’automobile a été le plus durement frappé. De Varsovie à Bucarest, les fermetures de sites et les arrêts de production dans les usines se sont multipliés. Une situation sociale tendue accentuée par le retour aux pays d’une partie des travailleurs immigrés. En Roumanie, plus de 500 000 travailleurs pourraient revenir au pays, chassés par la crise frappant de plein fouet l’Europe occidentale.
Accélérer l’adhésion à la zone euro
La situation dans les Peco est toutefois loin d’être homogène. Certains sont très touchés comme la Hongrie, en raison d’une forte dette publique, ou les pays baltes, victimes d’une intense spéculation immobilière. La République tchèque très dépendante de ses exportations est également très touchée par la crise. Même la Slovaquie, considérée avant la crise comme la Suisse des Balkans, a rejoint le cortège des pays entrés en récession. Ce pays qui avait connu en 2007 une croissance record de 10,4% s’attend à une contraction de son PIB de 2,4% cette année. Très dépendante des exportations (principalement de voitures et de téléviseurs), la Slovaquie subit durement l’affaiblissement de la demande des pays occidentaux.
Face à la crise, les pays dans leur ensemble veulent accélérer leur adhésion à la zone euro considérée comme un havre de stabilité. Encore faut-il qu’ils aient les moyens de le faire. En principe, les nouveaux entrants sont tenus d’adhérer à l’Union monétaire dès lors qu’ils respectent les critères de qualification de l’UE. Seuls la Slovénie, Chypre, Malte et la Slovaquie ont franchi le pas. D’autres candidats, comme la Hongrie et la Pologne, ont dû retarder l’échéance.