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Hongrie

Le 2 mai 1989, première brèche dans le rideau de fer

par Béatrice Leveillé

Article publié le 01/05/2009 Dernière mise à jour le 01/05/2009 à 15:28 TU

Le démantèlement du rideau de fer, l’effondrement du bloc de l’Est, cet incroyable bouleversement a débuté un 2 mai 1989 en Hongrie. Retour sur une date clé de la construction européenne.

Deux Hongrois émigrent en Europe de l'Ouest le 4 septembre 1989..(Photo : AFP)

Deux Hongrois émigrent en Europe de l'Ouest le 4 septembre 1989..
(Photo : AFP)

Ce sont des gardes frontières hongrois qui ont donné le premier coup de tenaille dans le rideau de fer en démantelant les barbelés à la frontière avec l’Autriche. Un évènement qui est passé presque inaperçu. Les gardes ont découpé la clôture, près du village de Hegyeshalom, sur la route entre Budapest et Vienne. L’électrification de la clôture avait remplacé les champs de mines et devait permettre une surveillance plus efficace car les tentatives de franchissements déclenchaient des alarmes. Le système fonctionnait mal : les alarmes se déclenchaient sans arrêt et personne n’arrivait à régler le problème. Le bureau politique du Parti communiste hongrois prit alors la décision de démanteler le rideau de fer parce que son entretien coûtait trop cher.

Les gardes frontières n’ont donc été qu’à moitié surpris quand leurs responsables à Budapest leur ont demandé de retirer une partie des clôtures électrifiées. Rien n’était prévu pour les  remplacer. Une solution radicale dans laquelle vont s’engouffrer des milliers d’allemands de l’Est. C’est la première brèche dans ce rideau de fer mis en place par les soviétiques : des miradors tous les dix kilomètres, des murs, des barbelés pour endiguer la fuite des ressortissants de l’Est vers l’Ouest.

Hegyeshalom va devenir le plus important point de passage entre la Hongrie, la Slovaquie et l’Autriche mais ce village de 3 000 âmes va retomber dans sa torpeur en 2007 après la signature des accords de Schengen par la Hongrie. Les automobilistes qui empruntent l’autoroute pour aller de la capitale hongroise à la capitale autrichienne ne réalisent même plus lorsqu’ils passent à Hegyeshalom, qu’ils traversent la frontière.

La Hongrie, maillon faible du système soviétique    

« Le sol sur lequel repose la porte de Brandebourg est hongrois »... cette déclaration du chancelier Helmut Kohl pour célébrer la réunification de l'Allemagne montre bien l’importance du rôle de la Hongrie dans l’effondrement du système soviétique.

Sous le régime communiste, la Hongrie reste un pays relativement ouvert. Lieu de villégiature traditionnel pour les Allemands de l’Est, il  accueille aussi des touristes d’Europe de l’Ouest. Après les émeutes de 1956, réprimées dans le sang, le Parti communiste hongrois qui ne veut pas d’un nouveau soulèvement populaire a assoupli le système. Les réformateurs ont leur place même au gouvernement. Leur chef, Imre Pozsgay parle, en 1988, du rideau de fer comme d’un « grillage de la honte ». Une déclaration qui ne contribue pas à la motivation des gardes frontières hongrois. Roumains et Allemands de l’Est profitent de leurs « vacances » pour passer à l’Ouest. A partir du  2 mai 1989, le mouvement va s’accélérer. Les Allemands de l’Est affluent, ils sont de plus en plus nombreux à tenter leur chance. Au mois d’août, une centaine de « campeurs » est-allemands forcent le passage de la frontière. Les gardes frontières s’abstiennent d’intervenir. Le rideau de fer n’est plus qu’un rideau de fumée, la Hongrie décide d’ouvrir la frontière. Deux mois plus tard, le 9 novembre 1989, le mur de Berlin tombe à son tour mais c’est bien le 2 mai 1989 que l’Europe a entamé sa profonde mutation.