Epidémie de grippe
Fin de l'épidémie au Mexique ?
Article publié le 05/05/2009 Dernière mise à jour le 05/05/2009 à 14:31 TU
L'Organisation mondiale de la santé appelle à ne pas baisser la garde après les nouvelles rassurantes en provenance du Mexique. Les autorités mexicaines ont décidé de baisser le niveau d'alerte. Les cours vont reprendre progressivement dans les écoles et les universités. Des mesures que la population attendaient avec impatience depuis plusieurs jours. Peut-on déjà envisager une fin de l'épidémie dans le pays ?
Les autorités mexicaines ont décidé de lever l'alerte rouge. La population va ainsi pouvoir reprendre une vie « quasi-normale ».
(Photo : Reuters)
Avec notre correspondant à Mexico, Patrice Gouy
Le ministre de la Santé a déclaré que l’épidémie s’est stabilisée et que le nombre de personnes infectées a tendance à baisser. On sait maintenant que les hôpitaux possèdent les médicaments antiviraux pour soigner la grippe.
Marcelo Ebrard, le maire de la capitale a donc levé l’alerte rouge. Les restaurants, les cafeterias et tous les commerces, sauf les discothèques et les bars, pourront reprendre leurs activités, à partir de mercredi 6 mai, avec des mesures sanitaires spécifiques pour éviter que les gens soient trop près les uns des autres. Les bibliothèques, les musées et les églises ouvriront leurs portes à partir de 7 mai. Pour les écoles ce sera plus progressifs. Dès jeudi, les universités et les collèges et le lundi 11 mai pour les primaires, le temps de désinfecter les écoles.
Pendant dix jours, le Mexique a vécu en situation de crise. Vu de l’extérieur, on a l’impression que le pays n’a pas si peur que cela. Les Mexicains ont réagi au quart de tour en suivant toutes les recommandations du gouvernement et de l’OMS. Ils ont craint d’avoir affaire à une épidémie mortelle. Et puis, très vite, il y a eu les cafouillages du ministre de la Santé et de l’OMS qui n’avaient pas les mêmes chiffres, ni le même nombre de morts et de personnes infectées par la grippe A.
L’OMS a calmé le jeu en révélant qu’il n’y avait pas autant de morts que l’annonçait le gouvernement. Les Mexicains se sont, alors, rendu compte que leurs services sanitaires n’étaient pas performants, qu’il n’y avait pas de plan d’urgence pour faire face à une épidémie, que les investissements en laboratoires d’analyses n’avaient pas été réalisés, et, surtout, que si les gens mourraient, c’est parce que les hôpitaux mexicains étaient incapables de soigner les malades par négligence, bureaucratie et manque de médicaments antiviraux. C’est la première grande leçon de cette épidémie.
Manipulation politique
On a également l’impression que cette population, qui applique à la lettre toutes les recommandations de prévention, commençait à en avoir assez. Est-ce que ce n’est pas la crise économique qui a obligé le gouvernement à baisser le niveau de l’alerte ? Personne ne connaît quelqu’un atteint par la grippe A. C’est ce que révèle une enquête aujourd’hui. Les gens commencent donc à penser qu’on leur raconte des histoires et que cette épidémie de grippe n’est finalement pas aussi terrible que ça. Les Mexicains sont prêts à faire des efforts, à se serrer la ceinture, mais à condition que ce soit pour quelque chose. 50% d’entre eux vivent au jour le jour. Ce qui veut dire que dix jours sans revenus, c’est dix jours avec l’estomac vide.
Les Mexicains s’interrogent : soit il y a eu manipulation politique à la veille des élections législatives pour cacher les effets de la crise économique, soit une réelle incompétence du gouvernement qui, faute de savoir quoi faire, a préféré prendre des mesures très conservatoires. Dans l’un et l’autre cas, cette épidémie, n’aurait pas du mériter un traitement médiatique pareil. L’image du Mexique en a pris un sacré coup avec tous les dégâts collatéraux pour le tourisme, alors que, finalement, on ne sait même pas si l’épidémie a réellement commencé aux Etats-Unis.
