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Tchad / Soudan

Six ans de rapports tumultueux

par Rédaction Internet (avec AFP)

Article publié le 07/05/2009 Dernière mise à jour le 07/05/2009 à 17:28 TU

La crise dans la province soudanaise du Darfour est en toile de fond dans les rapports tumultueux entre Ndjamena et Khartoum qui ont même conduit à la coupure des relations diplomatiques entre les deux Etats, en 2006 et en 2008. Les présidents du Tchad et du Soudan ont signé à plusieurs reprises des traités de non agression qui sont restés lettre morte.

En 2003, près de 260 000 Soudanais venant du Darfour se sont réfugiés au Tchad et en  janvier 2004 Ndjamena a émis des protestations, à la suite d’un raid soudanais sur le secteur tchadien de Tiné, tout en démentant toute implication dans la guerre au Darfour. Le 6 mai, le Tchad proteste à nouveau contre des incursions de milices arabes janjawids qui combattent aux côtés de l'armée soudanaise contre les rebelles du Darfour.

En septembre 2005, Ndjamena accuse, à nouveau, les miliciens janjawids, après une attaque contre le village de Madayoun qui aurait fait 75  morts. Le 3 octobre, le Tchad décide de fermer son consulat à el-Geneina (ouest du Soudan) et celui du Soudan à Abéché (est du Tchad). Le 23 décembre, après une attaque contre Adré, les autorités tchadiennes se déclarent « en état de belligérance avec le Soudan », qui est accusé de vouloir « déstabiliser » le pays.

Le 8 février 2006, le président tchadien Idriss Déby et son homologue soudanais Omar el-Béchir signent un accord prévoyant « l'interdiction d'utiliser le territoire de l'un pour des activités hostiles contre l'autre ». Mais, le 13 avril suivant, le Tchad dénonce une « agression programmée à partir de Khartoum », après une offensive de rebelles tchadiens sur Ndjamena et dans l'est du pays. Le Soudan dément toute implication et, le 14 avril suivant, il y rupture des relations diplomatiques qui seront rétablies en août. Ndjamena décide à cette époque de se retirer des négociations sur le Darfour.

Le 9 avril 2007, un accrochage entre les armées des deux pays se produit en territoire soudanais. Toutefois, le 3 mai suivant, Idriss Déby et el-Béchir signent un nouvel accord en Arabie saoudite censé mettre fin à la tension entre les deux Etats. La portée de cet accord a été bien limitée : le 29 décembre suivant le Soudan dépose une plainte à l'ONU dénonçant des frappes aériennes tchadiennes.

Le 8 janvier 2008, le Tchad reconnaît avoir bombardé des bases rebelles au Soudan et annonce qu'il fera usage de son droit de poursuite. Ndjamena accuse, à son tour, le Soudan d'avoir « ordonné » aux rebelles tchadiens, installés au Darfour, de franchir la frontière pour attaquer l'armée tchadienne. Fin février, l’alliance des rebelles tchadiens déclenche des actions en vue du renversement du régime du président Déby.  Le Soudan nie toute implication dans ces combats. La situation reste très tendue jusqu’au 13 mars suivant, date à laquelle les présidents Déby Itno et Omar el-Béchir signent à Dakar un nouvel accord de non agression. Toutefois, le 11 mai, au lendemain d'une attaque sans précédent de rebelles du Darfour contre Omdurman, ville jumelle de Khartoum, le Soudan rompt ses relations diplomatiques avec le Tchad, qui dément « toute implication » dans cet assaut. Le 15 juillet, le Tchad estime que « la communauté internationale prend conscience du drame » du Darfour après la demande par le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) d'un mandat d'arrêt contre le président el-Béchir. Pourtant, le 9 novembre, les deux pays rétablissent leurs relations diplomatiques avec échange d'ambassadeurs, après une médiation de la Libye.

Le 26 jan 2009, Ndjamena accuse le Soudan d'être derrière la création de l'Union des forces de la résistance (UFR), mouvement réunissant les principales factions rebelles et dirigé par Timan Erdimi, neveu du président tchadien Idiris Déby. Le 5 mai dernier, le gouvernement tchadien accuse Khartoum d'avoir lancé une offensive armée contre le Tchad, deux jours après la signature à Doha d'un énième « accord » de réconciliation sous l'égide du Qatar et de la Libye. Le Soudan nie, une fois de plus, toute implication.