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Sri Lanka

Velupillaï Prabhakaran, un chef de guerre

Article publié le 18/05/2009 Dernière mise à jour le 18/05/2009 à 17:05 TU

Velupillaï Prabhakaran.( Photo : Reuters )

Velupillaï Prabhakaran.
( Photo : Reuters )

Le chef suprême des Tigres tamouls était depuis près de 40 ans adulé comme un dieu par ses partisans et considéré comme un mégalomaniaque sans pitié par ses détracteurs. Invisible depuis 18 mois, M. Prabhakaran, âgé de 54 ans, essayait de s’enfuir à bord d’une ambulance en compagnie de deux lieutenants quand il est tombé dans une embuscade tendue par les militaires et a été abattu, a indiqué un responsable militaire du ministère de la Défense.

Un responsable de la présidence sri-lankaise a indiqué à l’AFP qu’il avait vraisemblablement été tué lundi. Le cadavre de son fils, Charles Anthony, âgé de 24 ans, a par ailleurs été retrouvé lundi matin par les forces armées.

Avec la disparition du chef historique des Tigres tamouls, si elle est officiellement confirmée, les autorités de Colombo peuvent se prévaloir d’une victoire totale face à une insurrection séparatiste qui contrôlait encore en 2006 un tiers des 65 000 km2 du Sri Lanka dans le nord et l’est, où elle luttait pour un Etat tamoul indépendant.

C’est en 1972 que Prabhakaran, benjamin d’une famille tamoule de quatre enfants de la classe moyenne de Jaffna (nord), crée à 18 ans les Nouveaux Tigres Tamouls (TNT). Il veut alors lutter contre les discriminations de la majorité cinghalaise contre la minorité tamoule et établir un Etat marxiste.

Dès lors, l’étudiant jamais diplômé, né le 26 novembre 1954, embrasse la clandestinité. Il refait surface en 1975 pour revendiquer le premier assassinat politique de son organisation, celui du maire de Jaffna.

La radicalisation est lancée. En mai 1976, il crée les Tigres de Libération de l’Eelam Tamoul, dont l’emblème est un tigre rugissant opposé au lion du drapeau sri-lankais. Leur but : obtenir un Etat séparé dans le Nord-Est, peuplé majoritairement de Tamouls.

Il devient connu internationalement à partir de 1987, lorsqu’il organise des attaques meurtrières contre les troupes indiennes venues aider le Sri Lanka à se débarrasser de la rébellion.

Depuis, il jouissait d’un véritable culte de la personnalité parmi ses cadres qui l’adulaient comme le « dieu du soleil ».

Des assassinats d’envergure leur sont attribués, celui de l’ancien Premier ministre indien, Rajiv Gandhi, en mai 1991 et du président sri-lankais, Ranasinghe Premadasa, en mai 1993. Les LTTE sont ensuite placés par les Etats-Unis et l’Union européenne sur la liste des organisations terroristes.

Réputé sanguinaire et d’une grande cruauté, il imposait à ses troupes une discipline de fer, interdisant alcool et cigarettes. Comme leur leader, les principaux cadres des « Tigres », préférant mourir plutôt que se rendre, portaient une pastille de cyanure.

Affaiblis par des défections, et selon certains analystes par des purges sans pitié, les « Tigres » ont peu à peu reculé face à l’offensive des forces gouvernementales.

En février, l’armée s’empare d’un bunker de deux étages, avec air conditionné, au coeur d’une plantation de cocotiers, dans le district de Mullaittivu. Dans ce bunker, considéré comme l’une de ses caches, Prabhakaran avait laissé derrière lui un tigre empaillé et une bouteille de cognac.

Silencieux depuis un discours radiodiffusé en novembre 2008 dans lequel il promettait encore « d’éliminer les forces sri-lankaises », le mystère planait autour du sort de Tigre numéro un, comme on le surnommait. Ses affidés affirmaient qu’il se trouvait aux côtés des derniers combattants encerclés par l’armée quand des rumeurs annonçaient sa fuite à l’étranger, voire son suicide.
                                                                                   (avec AFP)