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Etats-Unis

Obama lance sa révolution énergétique

par Frédérique Misslin

Article publié le 20/05/2009 Dernière mise à jour le 20/05/2009 à 17:09 TU

Barack Obama annonçant les nouvelles règles de régulation d'économie de carburant et de gaz à effet de serre provenant des automobiles, à La Maison Blanche, le 19 mai 2009.(Photo : Reuters)

Barack Obama annonçant les nouvelles règles de régulation d'économie de carburant et de gaz à effet de serre provenant des automobiles, à La Maison Blanche, le 19 mai 2009.
(Photo : Reuters)

Le président américain impose les voitures moins polluantes. Barack Obama, soutenu par le secteur automobile et les associations de défense de l’environnement propose un ambitieux programme de réduction de la consommation automobile et des émissions de dioxyde de carbone. Les nouvelles normes commenceront à s’appliquer dès 2012. L’objectif de ce plan est double : mettre fin à la dépendance énergétique et lutter contre le réchauffement climatique.

Chaque année les Etats-Unis consomment 7 milliards de barils de pétrole et rejettent 7 milliards de tonnes de gaz à effet de serre. Le secteur automobile, à lui seul, est responsable de 30 % de cette pollution. Le plan de Barack Obama vise donc à en finir avec les véhicules trop gourmands en carburants et trop polluants. Il prévoit une réduction de 30 % des émissions de dioxyde de carbone d’ici 2016 pour les voitures et camions vendus aux Etats-Unis.

Les nouvelles normes définies par l’administration américaine, en concertation avec les constructeurs automobiles, commenceront à être appliquées dès 2012, partout dans le pays. Cette initiative est censée harmoniser les règlementations (actuellement très différentes selon les Etats) en limitant sévèrement les émissions de CO2 sur le modèle californien. La Californie a en effet voté en 2002 une loi imposant aux industriels de l’automobile de réduire de 30 % d’ici 2016 les émissions polluantes des véhicules, un texte qui a fait l’objet d’une très longue bataille juridique, suspendue de fait par le programme national de Barack Obama.    

Pour les consommateurs ?

Concrètement d’ici 7 ans les voitures américaines devront répondre à une exigence de consommation : 6,6 litres aux cent kilomètres (un gallon pour 35,5 miles) contre 9,4 actuellement. Le plan fixera également, et c’est une première, des « normes d’émissions de gaz d’échappement ». Les associations écologistes ont salué une initiative qui devrait permettre d’économiser 1,8 milliards de barils de pétrole ( c'est-à-dire plus que les importations réunies de l’Arabie Saoudite, du Venezuela, de la Lybie et du Nigéria pour l’année passée) et réduire les émissions de gaz à effet de serre de 900 millions de tonnes, ce qui équivaut à retirer de la circulation 177 millions de voitures.

D’après les calculs de la Maison Blanche, en 2016, une voiture neuve coûtera à l’achat 1300 dollars de plus qu’aujourd’hui. Barack Obama rassure les automobilistes : « cette hausse sera compensée par la baisse du prix du carburant, à la pompe, dans les trois ans ».

Les constructeurs en première ligne

Plus de véhicules hybrides, plus de diesels (encore peu répandus aux Etats-Unis), des modèles plus légers en aluminium, des petites voitures importées de Chine ou d’Italie… Ce sont quelques unes des pistes envisagées par les constructeurs pour se mettre aux normes des nouveaux standards définis par l’administration Obama. Ce défi technologique va coûter cher : 21 milliards de dollars annuel pour l’ensemble du secteur. Une facture lourde pour une industrie en crise. Les républicains critiquent ce plan affirmant qu’il va « tuer des emplois, faire monter les prix et réduire le choix des consommateurs ». Ils estiment que Chrysler et Général Motors n’ont pas eu d’autre choix que de soutenir l’Etat puisque ce dernier les a sauvés de la faillite.

Un plan historique

« Tout est possible lorsqu’on travaille ensemble » a souligné le Président Obama, mardi lorsqu’il a dévoilé un plan qu’il juge « historique ». Mais les tractations n’ont pas été faciles. Ford a fait et refait ses comptes, hésitant à signer jusqu’au dernier moment car le projet Obama nécessite des coupes sombres et des investissements technologiques majeurs.  Finalement les 10 constructeurs qui se sont engagés ont préféré participer à un plan national plutôt que de voir les Etats fédérés prendre chacun leurs dispositions à l’instar de la Californie. 13 autres Etats étaient prêts à lui emboîter le pas. La Maison Blanche rappelle que « les constructeurs et les syndicats du secteur soutiennent le plan parce qu’il fixe un cadre prévisible jusqu’en 2016 (…) et intègre des mécanismes de flexibilité qui réduiront le coût de la mise en conformité ».