Article publié le 21/05/2009 Dernière mise à jour le 22/05/2009 à 06:16 TU
Le président Barack Obama lors de son discours sur la sécurité nationale, aux Archives nationales à Washington, le 21 mai 2009.
(Photo : Reuters)
Avec notre correspondante à Washington, Donaig Le Du
Les récentes décisions prises par Barack Obama, d’interdire la diffusion de photos d’interrogatoires de détenus, de remettre en service une version réformée des tribunaux d’exception, tout cela avait quelque peu semé la confusion, à tel point que le Sénat et la Chambre des représentants ont refusé de voter les fonds prévus par l’administration Obama pour fermer la prison de Guantanamo. De façon très solennelle donc, le président américain a prononcé un long discours, près de 50 minutes, pour expliquer en somme, qu’il reste fidèle à ses engagements.
Sur Guantanamo
« Nous devons remettre de l'ordre dans ce qui, il faut le dire simplement, est une vraie pagaille... »
Cette situation, que ce soit l’existence de Guantanamo ou la pratique de la torture, Barack Obama explique qu’il l’a trouvé en arrivant aux affaires, que tout cela est l’héritage de l’administration Bush, et que ce qu’il doit faire maintenant, pour reprendre ses propres termes, c’est de nettoyer cette pagaille. Le président qui répète qu’il veut agir selon deux grands principes. Le premier c’est le respect des valeurs, donc pas de torture, pas de pratiques qui pourraient être considérées comme violant la Constitution ou les droits de l’homme. Le second, c’est la défense de la sécurité nationale des Etats-Unis. « C’est la première chose à laquelle je pense en me réveillant le matin, dit-il, et la dernière chose à laquelle je pense en m’endormant ».
Le sort des prisonniers de Guantanamo C’est évidemment le principal problème posé par la promesse de fermer le centre de détention. Alors certains, ceux qui ont été ou seront blanchis, doivent être relâchés, et les Etats-Unis leur cherchent un pays d’accueil. D’autres seront jugés. Certains devant des tribunaux ordinaires, d’autres devant les commissions militaires, les tribunaux d’exception qui avaient été mis en place par l’administration Bush. Mais des tribunaux réformés, plus respectueux des droits des accusés.
D’autres enfin, et c’est probablement ce qui pose le problème le plus important, ne sont ni jugeables, faute de preuves ou d’éléments matériels, ni libérables car considérés comme dangereux. Ceux là, qui seraient entre cinquante et cent personnes selon le secrétaire à la Défense, il va falloir trouver un moyen de les garder enfermés.
Barack Obama promet qu’il va tenter, avec le Congrès, de construire un cadre légal pour cela. Il évoque la possibilité de les mettre dans des prisons de haute sécurité américaines. Et on peut déjà prévoir qu’il se heurtera à un double barrage. D’abord celui du Congrès et de l’opinion publique qui sont opposés à ce qu’on les mette dans une prison sur le sol américain. Et ensuite celui des organisations de défense de droits de l’homme qui considèrent que l’on ne peut détenir quelqu’un indéfiniment sans jugement.
Le contre discours de Dick Cheney
A quelques rues des Archives nationales, où Barack Obama a prononcé son long discours très solennel, l’ancien vice-président Dick Cheney, attendait que Barack Obama termine pour prononcer son contre discours et défendre l'action de l'administration Bush : « Je pense que le président se rendra compte après réflexion qu’emmener les pires des pires des terroristes aux Etats-Unis serait un grand danger et une grande menace pour les années à venir ».
Dick Cheney n’a pas l’intention de se taire et cela complique la tâche de Barack Obama, déjà confronté aux critiques de la gauche qui l’accusent de revenir sur ses promesses.