Article publié le 08/06/2009 Dernière mise à jour le 08/06/2009 à 16:15 TU
Le président français Jacques Chirac et son homologue gabonais Omar Bongo le 12 octobre 2002.
(Photo : AFP)
Il y a d'abord le Bongo officiel, dans ses fonctions de chef d'Etat, avec tout ce que cela suppose de protocoles et de fastes. Puis il y a l'autre Bongo, le Bongo décontracté, le Bongo drôle voire prolixe quand il vous a en confiance.
Mais l'homme était avant tout un véritable conteur qui savait raconter les mille et une scènes qu'il a vécues en compagnie des dinosaures qui ont marqué la vie du continent : Houphouët-Boigny, pour qui il avait une admiration certaine, Mobutu Sesse Seko, Léopold Sédar Senghor ou Jean-Bedel Bokassa.
En tout cas, les récits du président ne pouvaient laisser indifférent. Il savait captiver son auditeur, parce que ce baobab de la vie politique africaine avait une mémoire comme nulle autre pareille. Il rapportait des faits précis sans jamais oublier d'y ajouter son grain de sel.
Imitateur hors pair de ses autres collègues chefs d'Etat, il aurait pu faire une grande carrière d'acteur. Il n'avait pas son pareil pour se glisser, par exemple, dans la peau d'un Houphouët-Boigny. Aux jeunes chefs d'Etat, il donnait du « petit », avec tout le poids affectif que ce qualificatif peut avoir en Afrique.
Humaniste et éternel séducteur, il aimait aussi s'entourer de belles femmes. Omar Bongo était apprécié des journalistes, car ses propos aidaient toujours à décoder ou à mieux éclairer.
Par Christophe Boisbouvier |
Omar Bongo, c'était le pivot de la Françafrique. Depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny, tout passait par lui. Quand Jacques Chirac essayait de gérer la chute de Mobutu, il s'appuyait sur lui. Quand Nicolas Sarkozy voulait rencontrer Nelson Mandela, il s'adressait à lui. Omar Bongo, c'était plus qu'un ami de la France. C'était à la fois le Président du Gabon et le vice-président de la France en charge de l'Afrique. Pour lui, la France était une seconde patrie. On a beaucoup dit qu'Omar Bongo tirait sa force de ses puits de pétrole et qu'il tenait les hommes par l'argent. Mais il savait aussi les attraper avec sa gouaille et son humour. Omar Bongo, ce n'était pas seulement un grand corrupteur. C'était aussi un affectif qui pouvait donner son amitié, une vraie amitié à Denis Sassou Nguesso ou Alassane Ouattara. Il ne se contentait pas de financer les partis politiques français. Après l'épisode Balladur, il était l'un de ceux qui avaient réconcilié Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy à coups de : « mais enfin Nicolas, Jacques c'est ton aîné... Il faut le respecter un peu ! ». En octobre 2003, quand notre confrère Jean Hélène a été assassiné en Côte d'Ivoire, Omar Bongo nous a tout de suite appelé. « C'est terrible. Je veux parler sur RFI », nous a-t-il dit. Bongo était comme ça, sans façon, président et humain. |