Article publié le 22/05/2009 Dernière mise à jour le 23/05/2009 à 05:19 TU
Aung San Suu Kyi, 63 ans, a clamé son innocence vendredi devant le tribunal qui la juge depuis lundi dans la prison d’Insein, au nord de Rangoon, selon un porte-parole de sa formation politique qui fait partie de son équipe de défense. L’opposante birmane est jugée pour avoir, selon les autorités, enfreint les règles de son assignation à résidence en hébergeant pendant deux jours, début mai, l'Américain John Yettaw. Ce mormon âgé de 53 ans a réussi à gagner à la nage la maison de l'opposante, située au bord d'un lac.
Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Aung San Suu Kyi place la junte en position d’accusée. Si John Yettaw a pu pénétrer dans sa résidence par le côté ouvert sur le lac Inya, c’est à cause des failles dans le dispositif de sécurité. Elle plaide donc non coupable disant n’avoir commis aucun crime.
Le pouvoir militaire avance lui une version différente. Il affirme que l’escapade de l’Américain John Yettaw a été organisée par les mouvements d’opposition à la junte à un moment où certains pays occidentaux étaient en train de réviser leur politique de sanctions vis-à-vis de la Birmanie.
Vingt-trois personnes, pour la plupart des policiers, ont témoigné contre Aung San Suu Kyi. Celle-ci va présenter sa défense aidée par ses trois avocats à partir de lundi. Le procès devrait se conclure la semaine prochaine.
Alerté par un mauvais rêve
De son côté, John Yettaw a également plaidé non coupable, mais sur une base peu juridique. Il dit avoir fait un rêve, dans lequel Aung San Suu Kyi était assassinée, et s’est rendu chez elle pour la mettre en garde.
L’Américain reconnaît aussi qu’Aung San Suu Kyi lui a demandé de repartir immédiatement. Mais il a insisté pour rester en raison de crampes et d’un sentiment de fatigue. « Et s’il a traversé le lac à la nage, a-t-il lancé aux juges, c’est tout simplement parce qu’il ne pouvait pas marcher sur les eaux ».