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Européennes/Pays-Bas

L’islamophobe Geert Wilders a le vent en poupe

par Heike Schmidt

Article publié le 03/06/2009 Dernière mise à jour le 04/06/2009 à 16:25 TU

La gauche néerlandaise a beau appeler à la mise en place d’un « cordon sanitaire », ce sont bien les populistes d’extrême droite qui ont eu la vedette à l’approche du scrutin européen de ce jeudi 4 juin. Sur fond de crise économique et d’ambiance de plus en plus islamophobe, le député populiste Geert Wilders a trouvé un terreau fertile pour ses idées radicales. En tout cas, les sondages prédisent un bon score à ce partisan de la suppression du Parlement européen. Son mouvement, le Parti pour la liberté (PVV), pourrait envoyer deux à trois députés à Strasbourg.

Près de 13 millions d’électeurs inscrits doivent choisir les 25 eurodéputés néerlandais. 289 candidats se présentent, répartis sur 17 listes électorales. Comme dans l’ensemble des 27 pays membres, les chrétiens-démocrates du parti CDA au pouvoir sont en tête dans les sondages avec 14% des suffrages. Leurs alliés du Parti travailliste PvdA obtiendraient, eux, 12%. Après une envolée de sa cote de popularité ces dernières semaines, le Parti pour la liberté de Geert Wilders se retrouve désormais sur un pied d’égalité avec le Parti travailliste, avec 12% des suffrages.

Le film Fitna a donné des ailes au parti islamophobe

L’auteur du court-métrage anti-islam Fitna dit vouloir défendre son pays contre « l’auto-islamisation ». Les poursuites judiciaires à son égard pour incitation à la haine semblent avoir dopé sa popularité, lui permettant de se positionner comme un héros de la liberté d’expression. Sur les questions européennes, Geert Wilders est l’un des plus farouches opposants à l’adhésion de la Turquie à l’UE : « Il n’y a aucun parti qui dit, comme mon parti le PVV que la Turquie ne doit jamais devenir membre. Ni dans cent ans, ni dans 10.000, ni dans 100.000 ans », a-t-il notamment déclaré, misant sur le fait qu’une majorité des Néerlandais (67%) est contre l’entrée de la Turquie au sein de l’UE.

Moins les Néerlandais se déplaceront ce jeudi, 4 juin, plus le populiste Wilders qui compare le Coran à « Mein Kampf » d’Adolf Hitler devrait en profiter. En tout cas, selon le président du Parlement européen, l’Allemand Hans-Gert Pöttering, une forte abstention favoriserait bel et bien les partis « extrémistes ». Un sondage récent de TNS Opinion dans 24 des 27 pays de l’Union européenne laisse penser qu’une abstention record n’est pas à exclure aux Pays-Bas : Seulement 30% des personnes interrogées se déclarent « tout à fait certaine d’aller voter ».

Ce chiffre est nettement en dessous de la moyenne européenne (43%). Seuls les Tchèques et les Slovaques sont moins nombreux que les Néerlandais à prévoir de se rendre aux urnes. Aux dernières élections européennes en 2004, seulement 39,1% des électeurs ont participé au scrutin, bien moins que la moyenne européenne (45%). Le «non » au Traité constitutionnel en 2005 n’a fait que confirmer le désamour des Néerlandais pour l’Europe.

L’extrême droite surfe sur la crise

Comme en Bulgarie, en Grande-Bretagne ou en Slovaquie, la crise économique, financière et donc sociale pourrait, tout comme l’abstention, jouer en faveur de l’extrême droite de Geert Wilders et de son parti PVV, surfant sur le mécontentement des laissés-pour-compte. Les Pays-Bas ont annoncé un recul de 2,8% du PIB au premier trimestre.

Selon l’économiste en chef de l’Office central des statistiques, Michiel Vergeer, « l’économie néerlandaise a connu au premier trimestre 2009 le plus fort recul, et de loin, depuis la Seconde Guerre mondiale ». Même si le taux de chômage aux Pays-Bas reste, avec 2,7%, l’un des plus bas en Europe, la récession commence à laisser des traces sur le marché du travail. Elle pourrait également laisser ses traces sur les élections européennes.