par Heike Schmidt
Article publié le 03/06/2009 Dernière mise à jour le 04/06/2009 à 16:25 TU
Le film Fitna a donné des ailes au parti islamophobe
L’auteur du court-métrage anti-islam Fitna dit vouloir défendre son pays contre « l’auto-islamisation ». Les poursuites judiciaires à son égard pour incitation à la haine semblent avoir dopé sa popularité, lui permettant de se positionner comme un héros de la liberté d’expression. Sur les questions européennes, Geert Wilders est l’un des plus farouches opposants à l’adhésion de la Turquie à l’UE : « Il n’y a aucun parti qui dit, comme mon parti le PVV que la Turquie ne doit jamais devenir membre. Ni dans cent ans, ni dans 10.000, ni dans 100.000 ans », a-t-il notamment déclaré, misant sur le fait qu’une majorité des Néerlandais (67%) est contre l’entrée de la Turquie au sein de l’UE.
Moins les Néerlandais se déplaceront ce jeudi, 4 juin, plus le populiste Wilders qui compare le Coran à « Mein Kampf » d’Adolf Hitler devrait en profiter. En tout cas, selon le président du Parlement européen, l’Allemand Hans-Gert Pöttering, une forte abstention favoriserait bel et bien les partis « extrémistes ». Un sondage récent de TNS Opinion dans 24 des 27 pays de l’Union européenne laisse penser qu’une abstention record n’est pas à exclure aux Pays-Bas : Seulement 30% des personnes interrogées se déclarent « tout à fait certaine d’aller voter ».
Ce chiffre est nettement en dessous de la moyenne européenne (43%). Seuls les Tchèques et les Slovaques sont moins nombreux que les Néerlandais à prévoir de se rendre aux urnes. Aux dernières élections européennes en 2004, seulement 39,1% des électeurs ont participé au scrutin, bien moins que la moyenne européenne (45%). Le «non » au Traité constitutionnel en 2005 n’a fait que confirmer le désamour des Néerlandais pour l’Europe.
L’extrême droite surfe sur la crise
Comme en Bulgarie, en Grande-Bretagne ou en Slovaquie, la crise économique, financière et donc sociale pourrait, tout comme l’abstention, jouer en faveur de l’extrême droite de Geert Wilders et de son parti PVV, surfant sur le mécontentement des laissés-pour-compte. Les Pays-Bas ont annoncé un recul de 2,8% du PIB au premier trimestre.
Selon l’économiste en chef de l’Office central des statistiques, Michiel Vergeer, « l’économie néerlandaise a connu au premier trimestre 2009 le plus fort recul, et de loin, depuis la Seconde Guerre mondiale ». Même si le taux de chômage aux Pays-Bas reste, avec 2,7%, l’un des plus bas en Europe, la récession commence à laisser des traces sur le marché du travail. Elle pourrait également laisser ses traces sur les élections européennes.