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Diplomatie

Barack Obama en tournée, de l’Arabie Saoudite à la Normandie

par Sylvain Biville

Article publié le 03/06/2009 Dernière mise à jour le 04/06/2009 à 12:56 TU

Barack Obama a entamé mercredi une tournée au Proche Orient et en Europe. En Arabie Saoudite et en Egypte, il va s’efforcer de réconcilier les Etats-Unis avec le monde musulman. En Allemagne et en France, son séjour sera placé sous le signe de l’Histoire, avec la visite du camp de concentration de Buchenwald, puis les commémorations du 65ème anniversaire du débarquement allié sur les plages normandes. Les quatre étapes d’une tournée express.

Barack Obama en compagnie du roi Abdallah, le 3 juin 2009.(Photo: Reuters)

Barack Obama en compagnie du roi Abdallah, le 3 juin 2009.
(Photo: Reuters)

JOUR 1 : Mercredi 3 juin, Ryad, Arabie Saoudite.

Pour son premier séjour au Proche-Orient en tant que président, Barack Obama a choisi un fidèle allié des Etats-Unis. « Il est très important de venir sur le lieu où l’islam est né », a déclaré Barack Obama à l’issue d’un entretien avec le roi Abdallah, dans une résidence royale, dans le désert saoudien, à l’extérieur de Ryad. L’Arabie Saoudite, poids lourd régional et premier exportateur mondial de pétrole, abrite plusieurs bases militaires américaines. Le roi Abdallah est à l’origine de l’initiative de paix de 2002 qui prévoyait notamment une reconnaissance d’Israël par les pays de la Ligue arabe, en échange d’un retrait de l’Etat hébreu des Territoires palestiniens occupés depuis 1967.

Opération séduction à Ryad

« Je suis persuadé qu'en travaillant ensemble, les Etats-Unis et l'Arabie Saoudite peuvent réaliser des progrès sur toutes les questions d'intérêts communs. ».

03/06/2009 par Clarence Rodriguez

Barack Obama, qui semble prêt à se montrer plus ferme que son prédécesseur George Bush à l’égard d’Israël, va tenter d’arracher des concessions supplémentaires aux pays arabes. L’Arabie Saoudite, de son côté, cherche à obtenir des assurances des Etats-Unis sur la relance de négociations sur la création d’un Etat palestinien, à laquelle le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou n’est pas favorable. Ryad est persuadé que la non-résolution du conflit israélo-palestinien est la cause de la montée des mouvements extrémistes au Proche et au Moyen-Orient. Les Israéliens, qui n’ont pas encore eu droit à une visite du président américain, redoutent, quant à eux, un affaiblissement de leur lien privilégié avec les Etats-Unis.

Outre le dossier israélo-palestinien, Barack Obama devait également évoquer avec le souverain saoudien la question du programme nucléaire iranien. L’Arabie Saoudite sunnite redoute la montée en puissance dans la région de l'Iran chiite, aujourd'hui incontournable en Irak, en Afghanistan et au Liban.

JOUR 2 : Jeudi 4 juin, Le Caire, Egypte.

Dès son arrivée à la Maison Blanche, Barack Obama promet une grande adresse à destination du monde musulman. C’est finalement l’Egypte, autre allié de poids des Etats-Unis dans la région, qui a été choisie pour ce discours, que l’entourage du président américain présente comme « fondateur ». Après la guerre en Irak, le scandale d'Abou Ghraïb et les dérives de Guantanamo, Barack Obama a l’ambition de « repartir à zéro » dans les relations entre Occident et Islam.

De notre correspondant au Caire: Les Egyptiens sont surtout fiers du fait que leur pays ait été choisi comme lieu du discours du président américain au monde musulman. A leurs yeux... Suite

Né d’un père kenyan d’héritage musulman, élevé en partie en Indonésie, premier pays musulman au monde par sa population, Barack Obama bénéficie, par sa trajectoire personnelle, d’un capital sympathie. Depuis son élection, l’image des Etats-Unis s’est légèrement améliorée en Egypte, mais elle reste globalement négative, avec 52% d’opinions défavorables, selon un sondage Gallup rapporté par le site Politico (contre 74% en 2008).

L’élection du 4 novembre 2008 a suscité beaucoup d’espoir au Proche-Orient, mais sept mois plus tard, les populations attendent plus que de belles paroles. « Nous ne nous attendons pas à ce que tout change après un discours, cela demandera un effort soutenu », a prévenu Robert Gibbs, le porte-parole de la Maison Blanche, pour tenter de tempérer les attentes. Le discours sera prononcé à la mi-journée à l’Université du Caire, « sur un campus où les libertés politiques sont rares », écrit le Washington Post.  Plusieurs opposants égyptiens craignent que le séjour de Barack Obama n’ait pour effet de renforcer le pouvoir autoritaire du président Hosni Moubarak.

Sans attendre l’arrivée du chef de la Maison Blanche, le groupe terroriste al-Qaïda a dénoncé une « visite stupide » et une « opération de relations publiques ». Dans un message audio diffusé par la chaîne de télévision qatarie al-Jazira, Oussama Ben Laden a estimé que Barack « Obama [suivait] les pas de son prédécesseur dans sa politique d'hostilité à l'égard des musulmans ». « Obama et son administration ont jeté les semences pour plus de haine et de volonté de revanche contre l'Amérique », a déclaré le chef d’al-Qaïda.

JOUR 3 : Vendredi 5 juin, Buchenwald et Dresde, Allemagne.

En se rendant successivement à Buchenwald et à Dresde, Barack Obama a choisi deux lieux particulièrement emblématiques de l’histoire allemande du XXème siècle. Dans le camp de concentration de Buchenwald, il se recueillera, en hommage aux 56 000 victimes de la barbarie nazie décédées sur place, accompagné de l’écrivain de langue française Elie Wiesel, ancien détenu du camp, où son père est mort. Le président américain marchera également sur les traces de son grand-oncle, Charlie Payne, qui a pris part à la libération de Buchenwald en tant que jeune soldat américain.

A Dresde, où il sera reçu par la chancelière Angela Merkel, Barack Obama découvrira un autre aspect de l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, celui d’une Allemagne victime, dans une ville détruite à 75% par les bombardements américains et anglais de février 1945, qui ont fait 35 000 morts. Le président américain fera également une courte étape à l'hôpital militaire américain de Lanstuhl, dans le sud-ouest de l’Allemagne,  où sont soignés les GI's blessés en Afghanistan ou en Irak.

JOUR 4 : Samedi 6 juin, Colleville, France.

C’est une tradition pour tous les nouveaux hôtes de la Maison Blanche : Barack Obama viendra se recueillir, lui aussi,  au cimetière américain de Colleville, en Normandie, où sont enterrés 9 387 soldats, tués lors du Débarquement allié du 6 juin 1944. Au milieu des croix blanches surplombant « Omaha Beach », il sera entouré de Nicolas Sarkozy, du Premier ministre canadien Stephen Harper et du prince Charles, invité in extremis pour représenter la reine Elisabeth II, froissée de ne pas avoir été conviée aux commémorations du 65ème anniversaire du Débarquement.

Avant la cérémonie de Colleville, le président américain sera reçu par son homologue français à Caen. Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision française Canal Plus avant son départ de Washington, Barack Obama s’est félicité de son « excellente relation avec le président Sarkozy ». « La France est l'un des pays les importants de la planète, sa parole est décisive », a-t-il également confié. Le président américain a également prévu de prolonger son séjour en France par une visite privée, en famille, le dimanche 7 juin.