Article publié le 09/06/2009 Dernière mise à jour le 11/06/2009 à 12:33 TU
L’église Sonmin est un gigantesque building à quatre pans de béton cru, protégé par de hauts murs. Un îlot chrétien à Douchanbé, la capitale du Tadjikistan. Choi Yun Soi, pasteur coréen, arrivé ici en 1991, avant même la chute de l'URSS, y célèbre l’office dans sa langue. Son interprète traduit en russe et en tadjik pour une foule de convertis fervents.
Parmi les quelque 80 églises du pays, Sonmin a payé le plus lourd tribut de l’évangélisation récente du Tadjikistan. En octobre 2000, un attentat a fait ici une dizaine de morts et une cinquantaine de blessés, durant le culte du dimanche. Avec le développement extrêmement rapide des communautés, d’autres attaques, sporadiques, révèlent un véritable malaise dans le pays.
Partout ici, on accuse les chrétiens « d’acheter » les musulmans en leur offrant des cours d’anglais, d’informatique, de taekwondo... Ils s'appuient sur un réseau d'ONG qui les finance discrètement. Cette manne, l'Etat tadjik, en quasi faillite, ne peut s'en passer. Au Tadjikistan, plus d’un homme sur trois travaille en saisonnier hors du pays, en Russie notamment. L’argent qu’ils envoient représente près de la moitié du PIB tadjik, c’est un record mondial. Mais les chrétiens occupent aussi un vide laissé par l’islam, archaïque au Tadjikistan et discrédité après six ans de guerre civile mi-clanique, mi-religieuse (1992-1997).
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