Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Justice internationale

L'ex-espion en chef de Milosevic refuse d’être jugé

par Stéphanie Maupas

Article publié le 09/06/2009 Dernière mise à jour le 09/06/2009 à 20:23 TU

L’ancien chef des services secrets de Slobodan Milosevic refuse de se présenter devant les juges du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Ses avocats estiment que Jovica Stanisic n’est pas en état mental de suivre son procès.
Jovica Stanisic , ancien chef des services secrets serbes, lors de sa première comparution au Tribunal international de La Haye, le 13 juin 2003. (Photo : AFP)

Jovica Stanisic , ancien chef des services secrets serbes, lors de sa première comparution au Tribunal international de La Haye, le 13 juin 2003.
(Photo : AFP)

A l’ouverture de son procès, l’ancien chef de la police et des services secrets serbes n’a pas quitté sa cellule. Depuis cinq ans, celui qui fut l’espion en chef de Slobodan Milosevic durant les guerres d’ex-Yougoslavie tente d’éviter son procès.

En 2004, deux agents de la CIA avaient influencé une décision de mise en liberté provisoire par le Tribunal. En avril 2008, alors qu’il disait souffrir d’une « profonde dépression » et de problèmes intestinaux, le Tribunal de La Haye avait reporté les audiences sine die et accepté qu’il soit traité à l’hôpital militaire de Belgrade.

Mais en avril 2009, le procureur révélait que seize membres du personnel de l’hôpital ont été poursuivis pour corruption et falsification, parmi lesquels le chef du département de psychiatrie. Mardi, malgré les allégations de ses avocats, les juges ont ordonné l’ouverture du procès en l’absence de l’accusé. Pour le procureur Dermot Groome, « l’exécutant des directives de Slobodan Milosevic » a participé à l’entreprise criminelle, en « armant, entraînant, finançant » les bérets rouges, « des hommes qui avaient tout, y compris le droit de nettoyer le pays », a déclaré le procureur américain aux trois juges.

Un procès clé

Jugé avec Jovica Stanisic, Franko Simatovic, le chef des services spéciaux de Serbie - les bérets rouges - envoyés en Croatie et en Bosnie-Herzégovine pour mettre en œuvre la politique d’épuration ethnique, suit l’audience sans sourciller.

Parmi la multitude de pièces à conviction en possession du procureur, figure l’agenda 1995 de Ratko Mladic. En fuite, le général est accusé de génocide, notamment pour avoir dirigé l’attaque de Srebrenica en juillet 1995, au cours de laquelle plus de 7 000 musulmans avaient été éliminés.

Tout au long de la guerre de Bosnie, les services de Jovica Stanisic avaient formé des milices, dans vingt-six camps d’entraînement créés sur les rives de la Drina, à la frontière entre les deux pays. Les Tigres d’Arkan, les Aigles Blancs de Vojislav Seselj, les hommes du Capitaine Dragan et les Scorpions, émargeaient tous au ministère de l’Intérieur de Serbie. Suivant les conquêtes de l’armée serbe, ils s’emparaient des villages et semaient la terreur. Les populations non serbes étaient déportées ou exécutées.

Le procès de Jovica Stanisic, qui devrait durer plusieurs mois, est l’un des plus importants conduits par le TPIY, avec celui de Radovan Karadzic, qui devrait s’ouvrir à la fin du mois d’août. Mais l’accusé, entré à 25 ans dans les services secrets de renseignements de la Yougoslavie de Tito, devenu l’homme de l’ombre et le bras droit de l’ex président yougoslave Slobodan Milosevic, pourrait rester muré dans son silence.