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Iran/Présidentielle

Les partisans de Moussavi protestent contre les résultats

Article publié le 13/06/2009 Dernière mise à jour le 14/06/2009 à 06:20 TU

Suite à l’annonce des résultats et la victoire surprenante de M. Ahmadinejad, les sympathisants des candidats vaincus, surtout ceux qui soutiennent Mir Hossein Moussavi, persuadés de l’existence d’une fraude massive, ont manifesté devant le ministère de l’Intérieur. Mais la manifestation qui se voulait pacifique a été rapidement et violemment attaquée par la police anti-émeute.

Un partisan du candidat Moussavi lors d'une manifestation à Téhéran, le 13 juin 2009.(Photo: Reuters)

Un partisan du candidat Moussavi lors d'une manifestation à Téhéran, le 13 juin 2009.
(Photo: Reuters)

De Téhéran, Faranak Abtine

L’annonce des résultats, samedi matin, a choqué les Téhéranais. La population qui s’était manifestée joyeusement durant toute la semaine précédente et qui avait soutenu énergiquement Mir Hossein Moussavi, principal concurrent de M. Ahmadinejad, ne pouvait croire aux chiffres officiels annoncés par le ministère de l’Intérieur : plus de 64% pour Ahmadinejad, 34% pour Moussavi, et le reste pour les deux autres candidats.

Mahmoud Ahmadinejad

« Le peuple iranien a voté pour un programme et, dans un élan national, a exprimé ses souhaits. Le vote du peuple est désormais clair, il doit être respecté ! »

14/06/2009

Premier constat d’irrégularité des protestataires : comment se fait-il qu’aucun vote blanc ou nul n’a été annoncé ?

D’autres bizarreries dans les résultats se sont fait remarquer très tôt. Moins de deux heures après la clôture du scrutin, vers une heure du matin, le ministère de l’Intérieur a annoncé avoir dépouillé plus de 5 millions de bulletins. Pourtant ce même ministère avait déclaré le jour précédent que les premiers résultats ne pourraient pas être connus avant 4 heures du matin. Autre singularité : déjà le décompte des 5 premiers millions de bulletins donnait 67% à Ahmadinejad, c’est-à-dire un chiffre très proche du résultat définitif, et les votes des trois autres candidats sont restés presque les mêmes, pendant tout le processus de comptage. Ce qui est une nouveauté dans les élections présidentielles iraniennes.

Réaction d'une habitante

« Personne ne voulait d'Ahmadinejad, cela fait 4 ans que les gens vivent dans les difficultés et sous la pression, personne ne souhaite que cela perdure sauf évidemment ceux qui vivent aux crochets du pouvoir ! »

14/06/2009

 

Mais l’argument définitif de tous ceux qui croient fermement à une « fraude totale » vient de leur présence effective dans les bureaux de vote et leur propre observation. Tous ceux qui ont voté pour Moussavi se demandent comment est-il possible que cette population immense, qui a manifesté toute une semaine pour soutenir son candidat, puisse perdre avec une telle différence dans le scrutin ? D’autant plus que les observateurs appartenant au camp de Moussavi, se basant sur des sondages effectués dans les bureaux de vote, prévoyaient une nette victoire de leur candidat.

Samedi matin, dans un communiqué très dur, qualifiant le résultat du scrutin de « effarant », M. Moussavi lançait un avertissement aux « responsables » et leur conseillait « d’arrêter ce processus avant qu’il ne soit trop tard ». M. Moussavi prévient clairement qu’il « ne se résignera jamais à cette dangereuse mise en scène ».

Après la publication de ce communiqué, les sympathisants de Moussavi ont déclaré vouloir organiser une marche pacifique, commençant devant le siège du grand quotidien national Etela’At et se dirigeant vers le ministère de l’Intérieur. Mais déjà la police anti-émeute, accompagnée d’agents vêtus en civil du ministère de l’Information (services de sécurité), avaient quadrillé tout le quartier et les rues menant vers le ministère.

Dans cette situation où aucune marche ou manifestation organisée n’était plus possible, des groupes de quelques dizaines, parfois quelques centaines d’individus, se formaient tout autour du ministère en scandant des slogans contre Ahmadinejad : « A bas le dictateur », ou alors interpellant le malheureux candidat : « Moussavi ! Rends-nous notre vote »…

La réélection d'Ahmadinejad

« Des manifestations sont intervenues alors que le ministère de l'Intérieur a proclamé la victoire nette du président Ahmadinejad ».

14/06/2009 par Siavosh Ghazi

Malgré la volonté des manifestants de rester calme, les forces de l’ordre les ont très vite attaqués. La grande avenue Vali-Asr, qui croise l’avenue dans laquelle est situé le ministère de l’Intérieur, a été le théâtre, ce samedi après-midi, de heurts très violents. La police anti-émeute attaquait sans distinction hommes et  femmes, jeunes ou vieux. Des détonations sourdes de gaz lacrymogène provenaient des rues avoisinant le ministère.

Au début de la soirée, vers 19 h 30, les heurts continuaient dans ce même quartier, mais aussi plus au nord, dans les quartiers riches de Téhéran. Le conflit n’est manifestement pas encore terminé.