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Iran

Manifestation géante de l'opposition à Téhéran

par  RFI

Article publié le 15/06/2009 Dernière mise à jour le 15/06/2009 à 16:42 TU

Mir Hossein Moussavi à Téhéran, le 12 juin 2009.(Photo : AFP)

Mir Hossein Moussavi à Téhéran, le 12 juin 2009.
(Photo : AFP)

La tension restait palpable lundi en Iran, trois jours après le scrutin présidentiel contesté. Mahmoud Ahmadinejad a défendu la légitimité de sa réélection en rejetant les accusations de fraudes. Son principal rival, Mir Hossein Moussavi, réclame au contraire l'annulation du scrutin et demande à ses partisans de continuer à manifester. Lundi matin, le gouvernement a interdit toute manifestation ou rassemblement pour Moussavi, et a suspendu le journal de l'ancien Premier ministre Kalameh Sabz.

Mais en dépit de l’interdiction, des centaines de milliers de partisans de Mir Hossein Moussavi étaient réunis ce lundi sur la place Enqelab à Téhéran pour protester contre la réélection de Mahmoud Ahmadinejad. La communauté internationale est de plus en plus inquiète de la tournure des événements en Iran.

Mahmoud Ahmadinejad lors d'un rassemblement devant une foule de partisans à Téhéran, le 14 juin 2009.(Photo: AFP)

Mahmoud Ahmadinejad lors d'un rassemblement devant une foule de partisans à Téhéran, le 14 juin 2009.
(Photo: AFP)

Dimanche, lors d’une conférence de presse, Mahmoud Ahmadinejad  a rejeté les accusations de fraudes. « Ils peuvent être furieux de leur défaite. Ils ont dépensé beaucoup d'argent pour leur propagande et ils s'attendaient à gagner. Donc, c'est normal qu'ils soient déçus ».

Puis, devant des milliers de ses partisans, le président réélu a défendu la légitimité de sa réélection : « Les élections en Iran sont les plus propres », a-t-il affirmé.

Mahmoud Ahmadinejad

« Dans la République islamique d’Iran, la démocratie au sens propre du terme constitue le principe de base du système ».

15/06/2009

Le même jour, pour la deuxième journée consécutive, des affrontements ont opposé des partisans de Mir Hossein Moussavi aux forces de l'ordre dans la capitale. Le candidat malheureux a réclamé l'annulation du scrutin et demandé à ses partisans de continuer à manifester. « Aujourd'hui, j'ai présenté officiellement au Conseil des gardiens une demande visant à faire annuler les résultats de l'élection présidentielle », a déclaré l'ancien Premier ministre, en ajoutant : « J'invite les Iraniens à poursuivre leurs manifestations à l'échelon national dans le calme et conformément à la loi ».

Moussavi a invité ses partisans et les mouvements qui le soutiennent à une manifestation ce lundi à partir de 16 heures (heure locale) dans les rues de Téhéran. Il devait s’adresser en personne aux manifestants sur la place Azadi de la capitale. Mais tôt lundi matin, le ministère de l'Intérieur a rejeté la demande du candidat Moussavi de tenir une marche de protestation contre les résultats de l'élection. « Aucune autorisation pour une marche ou un rassemblement n'a été délivrée, et toute sorte de marche ou de rassemblement est interdite », a déclaré à l'AFP le service des relations publiques du ministère de l'Intérieur.

L’autre candidat largement battu, Mehdi Karoubi a affirmé pour sa part qu'il « ne reconnaissait pas M. Ahmadinejad comme président ». Lui, aussi, a demandé l’annulation du scrutin.

Dans la nuit de samedi à dimanche plusieurs personnalités, partisans de M. Moussavi, avaient été arrêtées. Certains d’entre eux ont été libérés dimanche dans la journée. Aucune raison valable n’a été avancée pour la détention des interpellés.

Dans les rues de Téhéran, et certaines villes de province (Tabriz, Ispahan, Shiraz, Babol), les anti-Ahmadinejad continuent à manifester, malgré la répression policière, et les arrestations des manifestants. Certains journalistes étrangers ont même été interpellés et sommés de quitter le pays, et le bureau de la chaine de télévision Al-Arabiya a été fermé pour une semaine. Les brouillages des réseaux de téléphone portable et d'internet continuent.

Désarroi de la diaspora

Certains mouvements de l’opposition à l’extérieur du pays avaient boycotté l’élection. Mais une bonne partie de la diaspora iranienne surtout en Europe, notamment en France et au Royaume-Uni, avaient participé au vote dans l’espoir d’un changement pour leurs compatriotes à l’intérieur. Depuis l’annonce des résultats, ces Iraniens multiplient manifestations et rassemblements pour dénoncer la réélection d’Ahmadinejad.

Pour sa part, Reza Pahlavi, le fils du dernier shah d'Iran, a appelé le monde libre à aider les Iraniens « dans leur combat pour la liberté, les droits de l'homme et la démocratie ». Estimant que le changement dans son pays ne pourrait venir que de l'intérieur, il a exhorté la communauté internationale à soutenir un « scénario de désobéissance civile » en Iran.




 

 

 

 

 

 

Crainte de la communauté internationale

Les Etats-Unis, l’Union européenne, la France, L’Italie, les Pays-Bas, l’Allemagne ont exprimé leur inquiétude suite au résultat de la présidentielle et les violences postélectorales qui l’ont suivies. Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a convoqué l'ambassadeur d'Iran pour lui demander des explications. En France, la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme Rama Yade a appelé les autorités iraniennes « à faire preuve de mesure et de prudence » face à ceux qui contestent la réélection annoncée de Mahmoud Ahmadinejad.

Le vice-président américain, Joe Biden, a déclaré que « vu la façon dont ils répriment la liberté d'expression, la façon dont ils répriment la foule, il y a de vrais doutes » sur la légitimité de la réélection du président Ahmadinejad.

Joe Biden

Vice-président des Etats-Unis

« Il y a de vrai doutes sur le résultat [...] il faut attendre ».

15/06/2009

Le représentant spécial de la France pour l'Afghanistan et le Pakistan, Pierre Lellouche, invité de notre émission Internationales avec TV5 et le journal Le Monde, a également exprimé ses « doutes » sur la validité de la réélection de M. Ahmadinejad.

Pierre Lellouche

Le représentant spécial de la France pour l'Afghanistan et le Pakistan

« J'ai des doutes, l'écart me paraît énorme entre les deux candidats ».

15/06/2009 par Bruno Daroux

Sur le dossier du nucléaire, Pierre Lellouche a redouté que la réélection de M. Ahmadinejad « donne une bonne excuse » aux partisans en Israël d'une attaque.

Pierre Lellouche

Le représentant spécial de la France pour l'Afghanistan et le Pakistan

« Dès le mois de mars, Obama avait tendu la main lors du discours de Norouz. Début avril, les Six avaient demandé aux Iraniens de revenir à la table des négociations, on n’y est toujours pas ! »

15/06/2009 par Bruno Daroux

Amnesty International a appelé les autorités iraniennes à ouvrir immédiatement une enquête sur la répression et demande à ce que les responsables d'atteintes aux droits de l'homme soient traduits en justice.

Après les mouvements Hamas palestinien et Hezbollah libanais, et les pays amis, le Venezuela et la Syrie, le président irakien, Jalal Talabani, a été l'un des rares à féliciter M. Ahmadinejad pour sa victoire.