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Sommet UE

Le grand oral de José Manuel Barroso

par Heike Schmidt

Article publié le 17/06/2009 Dernière mise à jour le 17/06/2009 à 19:52 TU

La nomination du nouveau président de la Commission européenne, le Traité de Lisbonne et la régulation des marchés financiers : ces trois sujets devraient être au cœur des débats lors du Conseil européen qui réunit, ces 18 et 19 juin, les 27 chefs d’Etat et de gouvernement à Bruxelles.

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, le 9 juin 2009 à Bruxelles.(Photo : Reuters)

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, le 9 juin 2009 à Bruxelles.
(Photo : Reuters)

José Manuel Barroso, pour l’heure le seul candidat à sa propre succession, devra batailler ferme pour convaincre les 27 de le reconduire rapidement et sans encombre pour un second mandat à la tête de la Commission européenne. A la veille du sommet, son espoir de surmonter les derniers obstacles semble s’estomper au fur et à mesure des réunions préparatoires. Des nombreuses critiques émergent sur sa gestion de la crise économique. Il est probable que les dirigeants de l’UE se contenteront de lui donner leur « soutien de principe », sans pour autant entériner cette décision formellement.    

Fort du soutien de la plupart des dirigeants européens, José Manuel Barroso pensait pourtant être nommé dans les plus brefs délais. Que ce soit les conservateurs comme le Polonais Donald Tusk ou les socialistes comme l’Espagnol José Luis Zapatero, presque tous les leaders européens optent pour la solution la plus simple, celle de remettre l’actuel président de la Commission en selle pour les cinq ans à venir.  

Paris et Berlin réclament un « programme »

Mais deux poids lourds de l’UE, l’Allemagne et la France, entendent maintenir la pression sur le Portugais, critiqué pour avoir réagi trop tardivement et avec peu d’entrain face à la crise économique et financière. Ne souhaitant fâcher personne à la veille de sa candidature, José Manuel Barroso aurait été trop passif et trop faible à un moment crucial, se contentant d’une Europe à minima. Paris et Berlin lui réclament donc un programme clair : «Son devoir est de faire en sorte que l’Europe protège les Européens », a dit le président français Nicolas Sarkozy le jeudi 11 juin, à l’issue d’une rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel à Paris. Les deux dirigeants veulent inclure dans son cahier des charges une meilleure supervision des marchés financiers. José Manuel Barroso a annoncé vouloir présenter les grandes lignes de son programme jeudi soir, lors du diner.

Même si ce programme convainc les dirigeants européens, les 27 ne comptent pas imposer leur choix, mais tenteront d’abord de trouver une majorité au sein du Parlement européen. S’ils réussissent cet exercice laborieux, les eurodéputés pourraient entériner la reconduction de M. Barroso dès leur première session à la mi-juillet. Mais même si le résultat des élections européennes profite largement au parti conservateur PPE et donc au camp pro Barroso, les seules voix du PPE et des libéraux ne suffiront pas. Les socialistes, quant à eux, refusent pour l’heure de soutenir la candidature de M. Barroso, et les Verts, eux, veulent retarder la désignation du candidat unique pour permettre l’émergence d’autres personnalités. Faute de majorité, la décision devrait alors être ajournée jusqu’après le référendum en Irlande sur le Traité de Lisbonne, prévu fin septembre ou début octobre.

Traité de Lisbonne : « Non, c’est non » ?

« Non, c’est non », avaient dit des centaines de manifestants en Irlande en juillet dernier lorsque le président français Nicolas Sarkozy déclarait qu’il fallait organiser un autre référendum. Mais les Irlandais n’y échapperont pas. Cet automne, ils devront se prononcer une nouvelle fois sur la réforme des institutions européennes.

La crise économique semble même avoir changé la donne. Des sondages indiquent que le « Oui » pourrait bel et bien l’emporter cette fois ci. européen de ce jeudi et vendredi, les 27 doivent entériner les détails des « garanties » promises à l’Irlande. Ces « garanties » portent notamment sur la neutralité militaire de l’Irlande, sur son autonomie fiscale et son interdiction de l’avortement. En plus, Dublin pourra garder son commissaire européen à Bruxelles.

A la veille du sommet, l’Irlande semble avoir accepté que ces garanties ne soient pas ratifiées par tous les pays européens. Dans un premier temps, Dublin avait exigé de les inscrire dans un « protocole » ce qui obligerait en effet les pays membres de ratifier le traité de Lisbonne à nouveau.

Un risque que les 27 veulent éviter pour ne pas « rouvrir le débat » sur le traité, notamment en Grande Bretagne où les conservateurs ont menacé de remettre en cause la ratification. En République tchèque, le très eurosceptique président Vaclav Klaus a pourtant déjà donné le ton, en exigeant que les garanties à l’Irlande soient soumises à un vote au parlement tchèque.