par Piotr Moszynski
Article publié le 18/06/2009 Dernière mise à jour le 18/06/2009 à 17:47 TU
José Manuel Barroso arrivant à un meeting du Parti populaire européen, le 18 juin 2009 à Bruxelles.
(Photo : Reuters)
Un candidat a minima, qui ne suscite l’admiration de personne, mais qui ne dérange personne non plus. Et qui, surtout, n’a aucun adversaire déclaré dans son combat pour la présidence de la Commission. La gauche est très remontée contre lui, car elle le perçoit comme un chantre du libéralisme et de la dérégulation. On peut facilement trouver des arguments aussi bien en faveur qu’en défaveur de cette thèse – car beaucoup considèrent Barroso comme opportuniste ou « libéral de gauche » - mais le problème n’est pas là. Le problème pour les socialistes et pour les Verts, c’est que, tout en organisant une virulente campagne anti-Barroso, ils n’ont pas été capables de présenter ne serait-ce qu’un seul contre-candidat. Ils semblent espérer qu’en bloquant Barroso, ils obligeront les autres candidats potentiels à surgir. Mais, pour l’instant, tout indique que l’actuel président de la Commission garde toutes ses chances d’être reconduit, surtout au niveau du Conseil européen, où sa candidature arrange à peu près tout le monde.
Cinq raisons
Le quotidien Libération, vient de publier un long article de Jean Quatremer, expliquant les « cinq raisons de ne pas reconduire Barroso ». Celui-ci serait donc « l’homme de la dérégulation », « l’homme au service des Etats », « l’homme sans vision », « l’homme des Anglo-Saxons » et « l’homme sans courage politique ». Or, si ces caractéristiques risquent d’apparaître peu flatteuses aux yeux de l’enthousiaste et fin connaisseur de l’Europe qu’est Jean Quatremer, elles conviennent très probablement aux chefs d’Etat et de gouvernement réunis à Bruxelles. Paradoxalement, pour eux, elles pourraient même devenir les cinq raisons de reconduire Barroso. En effet, c’est le portrait même de quelqu’un qui peut satisfaire à la fois les attentes des Allemands, des Français et des Anglo-Saxons. Et surtout – de ceux qui ne veulent pas une Commission trop forte et qui souhaitent avoir à sa tête plutôt quelqu’un qui sache bien s’adapter aux différentes pressions et exigences nationales qu’un homme politique de grande envergure, avec sa propre vision européenne, et capable de la mettre en œuvre.
Durant les cinq années de son premier mandat, le président de la Commission européenne a su se montrer pragmatique, réaliste et opportuniste – et il continue à le faire. Soucieux de mettre toutes les chances de son côté à l’heure du débat sur sa reconduction, José Manuel Barroso vient d’esquisser son programme pour son second mandat dans une lettre envoyée à tous les dirigeants européens.
Programme
La présentation d’un programme clair fait partie des conditions posées en particulier par l’Allemagne et la France pour qu’elles soutiennent sa candidature à sa propre succession. José Manuel Barroso s’exécute, donc, en reprenant assez précisément les suggestions de Nicolas Sarkozy en la matière, exprimées la semaine dernière. Le président français veut un programme pour l’Europe qui « protège les Européens », qui s’engage sur « une meilleure régulation financière » et qui s’appuie sur « une volonté politique ». Dans sa lettre, le président Barroso parle donc d’une Europe « clairement déterminée à protéger et promouvoir les intérêts européens dans le monde ». Une Europe bâtie sur un « projet politique » qui augmente ses capacités d’agir. Le président de la Commission n’oublie pas une autre priorité française, celle de « la promotion du développement du secteur agricole ». Paris entend en effet défendre la Politique agricole commune, dont le budget doit être négocié lors du prochain mandat de la Commission européenne.
Sauf énorme surprise, tout laisse donc à penser que cet ancien étudiant maoïste passé dans le camp libéral pour atterrir ensuite dans la famille conservatrice du PPE qui domine le Parlement européen, garde en automne son poste de chef d’une des institutions clés de l’Union européenne pour les cinq ans à venir.
A écouter
« Le but est bien de jouer la montre pour mettre sur pied une coalition anti Barroso, la bataille ne fait que commencer. »
18/06/2009
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