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Iran

La tension persiste

Article publié le 22/06/2009 Dernière mise à jour le 22/06/2009 à 23:21 TU

Un millier de partisans de Moussavi ont manifesté lundi à Téhéran malgré la menace des Gardiens de la révolution de recourir à la force. Environ soixante personnes ont été arrêtées. Rome et Londres déconseillent les voyages en Iran. Le Conseil des Gardiens de la Constitution reconnaît des incohérences dans les résultats de la présidentielle.
La police iranienne bloque des manifestants dans les rues de Téhéran, le 20 juin 2009.(Photo: AFP)

La police iranienne bloque des manifestants dans les rues de Téhéran, le 20 juin 2009.
(Photo: AFP)

Ce lundi, les autorités iraniennes rejettent toujours toute accusation de fraude électorale, mais un porte-parole du Conseil des Gardiens de la Constitution, chargé d'examiner les plaintes déposées par les candidats battus, a reconnu que dans un certain nombre de circonscriptions, le nombre total des voix exprimées dépassait celui des électeurs inscrits.

« D'après les premières informations, 50 villes ont connu un tel problème », a déclaré le porte-parole du Conseil des Gardiens, Abbasali Kadkhodai, cité par la radiotélévision iranienne IRIB. Des inspecteurs vont se saisir du problème, a-t-il assuré.

Après une journée de manifestations qui a fait au moins 10 morts à Téhéran, samedi 20 juin, un millier de partisans de l'opposition à la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad ont manifesté durant trois heures lundi dans le centre de Téhéran, où la police déployée en force a eu recours aux gaz lacrymogènes.

Les manifestants s'étaient rassemblés en nombre à partir de 16H00 sur la place Haft-é Tir, pour commémorer la mémoire d'une manifestante, Neda, tuée samedi d'une balle dans la poitrine selon une vidéo circulant largement sur la Toile.

Quelque 500 policiers anti-émeutes et miliciens islamiques avaient quadrillé la place Haft-é Tir, ouverte à la circulation. Environ soixante personnes ont été arrêtées.

Alors que l'issue de la crise autour de la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad reste incertaine, l'opposant Mir Hossein Moussavi avait lancé un nouvel appel invitant ses partisans à continuer de manifester leur hostilité au pouvoir tout en faisant preuve de retenue.

Les Gardiens de la révolution, eux, avait averti qu'ils écraseraient toute nouvelle manifestation de protestation contre la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad. Des associations d'étudiants iraniens, alliées du gouvernement, annoncent une manifestation mardi devant l'ambassade de Grande-Bretagne à Téhéran.

L'appel à manifester de ce lundi avait été lancé par le biais du réseau social Twitter. En effet, les médias étrangers ne sont plus autorisés à couvrir les manifestations de ceux qui contestent la régularité de la réélection du président Ahmadinejad.

Le réformateur Mehdi Karoubi, l'un des candidats malheureux à la présidentielle en Iran, a appelé lundi à une cérémonie de deuil jeudi en mémoire des manifestants tués.

Nouvelles réactions occidentales

Dimanche, le président Mahmoud Ahmadinejad avait demandé aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne de cesser leur ingérence dans les affaires intérieures de l'Iran.

Dans ce contexte, le Royaume-Uni a pris la décision de rapatrier les familles du personnel de l'ambassade britannique à Téhéran, juste après avoir déconseillé à ses ressortissants de voyager en Iran.

L'Italie s’est dite prête à ouvrir son ambassade à Téhéran aux manifestants iraniens. Dans la journée de lundi, Rome a maintenu son invitation à Téhéran de participer au G8 Affaires étrangères de Trieste qui aura lieu du 25 au 27 juin. En début de soirée, le gouvernement italien a fait savoir qu'il considérait que l'Iran a « décliné » l'invitation.

La Russie a appelé lundi les autorités iraniennes à régler « les différends » avec l'opposition « en conformité avec la Constitution ».

Même si les pays arabes pro-occidentaux voient d'un mauvais œil l'expansionnisme de l'Iran, ils sont sortis de leur silence lundi. Parmi eux, le ministre des Affaires étrangères des Emirats arabes unis. Il a jugé « inacceptable » toute ingérence dans les affaires iraniennes, allant donc dans le sens du pouvoir iranien qui se plaint d'une immixtion de l'Occident dans les affaires intérieures iraniennes. Ces pays arabes craignent une possible propagation des troubles chez eux.

« Les pays de la région s'accordent à penser qu'il n'y a aucun intérêt à ce qu'un pays soit en proie à l'instabilité », a déclaré le ministre, Cheikh Abdoullah bin Zaïed al Nahayan, cité par la chaîne panarabe Al Djazira.

Nombre de petits pays du Golfe entretiennent des rapports étroits avec l'Iran chiite.