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Honduras

Le président Zelaya se dit « victime d'un complot »

Article publié le 28/06/2009 Dernière mise à jour le 28/06/2009 à 15:48 TU

Discours télévisé du président hondurien, Manuel Zelaya, le 27 juin 2009.(Photo : Edgard Garrido/Reuters)

Discours télévisé du président hondurien, Manuel Zelaya, le 27 juin 2009.
(Photo : Edgard Garrido/Reuters)

L'armée hondurienne, en proie à une certaine effervescence ces derniers jours, a finalement pris l'initiative d'arrêter le chef de l'Etat, Manuel Zelaya. L'intervention s'est produite ce dimanche matin. La querelle s'était cristallisée sur une consultation populaire d'initiative présidentielle, mais jugée illégale par tous les autres pouvoirs, programmée également ce dimanche.

Une heure à peine avant l'ouverture des bureaux de vote qui devaient permettre aux citoyens honduriens de faire un premier pas vers une réforme constitutionnelle proposée par Manuel Zelaya, l'armée est intervenue : la résidence présidentielle a été cernée par quatre commandos d'environ 200 soldats, selon le témoignage d'un voisin, et le président a été arrêté puis transféré sur la base de l'armée de l'air à Tegucigalpa, après que trois coups de feu eurent été entendus. Les télévisions publiques ont ensuite interrompu leurs programmes.

Les tensions étaient particulièrement fortes depuis mercredi dernier : le président Zelaya avait en effet limogé le chef d'état-major, le général Vasquez, qui s'opposait à ce que l'armée aide à l'organisation de la consultation, au motif que les deux autres pouvoirs, judiciaire avec la Cour suprême, et législatif avec le Parlement, avaient déclaré illégale l'initiative présidentielle de ce dimanche. Depuis, le bras de fer ne faiblit pas : le chef de l'Etat s'était rendu en personne, entouré de ses partisans, sur la base aérienne où était gardé le matériel électoral arrivé du Venezuela, pendant que les institutions rétablissaient le général Vasquez dans ses fonctions, ainsi que les autres hauts-gradés qui l'avaient soutenu en donnant leur démission.

Référendum suspendu

L'arrestation du président a eu naturellement pour effet de suspendre la consultation populaire qui avait tant irrité les autres secteurs du pouvoir au Honduras ; le président Zelaya a eu beau insister sur le fait qu'elle n'était pas contraignante, le Parlement, la justice et l'armée ont vu là le lancement d'une procédure qui, sous le contrôle présidentiel, avait pour but principal de doter le pays d'une nouvelle Constitution dont le principal bénéficiaire devait être le président lui-même, permettant notamment au chef de l'Etat de briguer plusieurs mandats.

Les réactions ne se sont en tout cas pas fait attendre : le Vénézuélien Hugo Chavez, puis le Bolivien Evo Morales ont crié au coup d'Etat ; c'est que Manuel Zelaya, après avoir été élu en 2005 sous une étiquette conservatrice, avait progressivement rallié le camp chaviste en Amérique latine. D'ailleurs, son désir de se faire réélire était directement inspiré du modèle de son mentor vénézuélien.

La déclaration du président vénézuélien, Hugo Chavez

« L’empire yankee est lié à l’enlèvement du chef d’Etat du Honduras. Le président des Etats-Unis devrait se prononcer contre cet acte violent, dirigé non seulement contre le peuple du Honduras, mais aussi toute les peuples d’Amérique latine. Espérons que les militaires n’oseront pas massacrer ce peuple, ils seront condamnés par l’Histoire ! Et, bien évidemment, le Venezuela ne reconnaîtra aucun gouvernement distinct de Manuel Zelaya. Les militaires putschistes recevront une leçon de l’Histoire et se rendront compte que l’Histoire change. Ils ont encore le temps de réfléchir, ce sera difficile, mais espérons qu’un secteur réagisse, comme cela s’est passé au Venezuela : une partie des forces armées ont commencé à se lever, ils ont neutralisé les putschistes et se sont alliés au peuple. C’est ce que doivent faire les soldats patriotes du Honduras, pour neutraliser ce coup d’Etat et éviter un massacre, parce que je suis sûr que le peuple est déjà dans la rue ! ».