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Union européenne

Une présidence tchèque plutôt faible

par Heike Schmidt

Article publié le 29/06/2009 Dernière mise à jour le 30/06/2009 à 17:26 TU

Václav Klaus, président de la République tchèque, à droite, et José Manuel Barroso lors de Réunion inaugurale de la présidence tchèque du Conseil de l'Union européenne.

( Photo : Union européenne)

Václav Klaus, président de la République tchèque, à droite, et José Manuel Barroso lors de Réunion inaugurale de la présidence tchèque du Conseil de l'Union européenne.
( Photo : Union européenne)

Le soulagement est palpable à Bruxelles et dans les capitales de l’Union européenne : ce 1er juillet, après six mois à la tête de l’UE, la République tchèque passe le relais de la présidence de l’UE à la Suède. Entre faux-pas diplomatiques et chute du gouvernement à mi-parcours, les Tchèques laissent un souvenir plutôt mitigé. Pourtant, à Prague, on met en avant la difficulté de la tâche, avec notamment le conflit de Gaza, la crise gazière russo-ukrainienne et l’effondrement de l’économie mondiale. La République tchèque a été le capitaine d’un navire européen en pleine tempête.

« La présidence tchèque a démontré que même un nouveau pays membre (de l’UE), qui n’est pas un grand pays, peut apporter sa contribution à l’UE et y laisser son empreinte, et pas seulement soulever de la poussière », a fait valoir le Premier ministre Jan Fischer dans une déclaration aux médias tchèques ce lundi, 29 juin.

« Monsieur Fischer a très bien fait son travail de président », confirmait le chef d’Etat français Nicolas Sarkozy lors du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement le19 juin dernier, tout en rajoutant une critique à peine voilée adressée à l’ex-Premier ministre Mirek Topolanek : « Ce qui s’est passé avant, je n’ai pas gardé mémoire de tout. Donc la présidence tchèque se termine bien ». Sous-entendu, on aurait pu se passer de l’empreinte tchèque laissée dans les premiers mois de la présidence.

Le scandale de la cuvette de toilette

A peine entamée, la présidence tchèque soulevait déjà de la poussière et se trouvait sous les feux des critiques pour une œuvre d’art provocatrice de l’artiste David Cerny, exposée dans l’atrium du Conseil des ministres européens à Bruxelles et destinée à représenter les pays membres dans toutes leurs richesses : montrée comme une vaste cuvette de toilette à la turque, la Bulgarie criait au scandale. La Slovaquie, elle, a si peu apprécié d’être symbolisée en saucisse que Prague a dû présenter ses excuses pour cet incident diplomatique. 

La première semaine n’était pas encore finie qu’un deuxième faux-pas entachait la présidence tchèque. Au nom des 27, le ministre des Affaires étrangères tchèque et chef de la diplomatie européenne, Karel Schwarzenberg, déclarait que l’intervention militaire israélienne dans la bande de Gaza était « défensive plus qu’offensive ». Face aux critiques de ses partenaires européens, Karel Schwarzenberg était obligé de faire marche arrière, qualifiant de « grave erreur » ses propres propos.  

Crise gazière : médiation réussie

C’est dans le bras de fer entre la Russie et l’Ukraine pour l’approvisionnement en gaz que la République tchèque a pu faire ses preuves. L’UE se voyait menacée d’une pénurie énergétique en plein hiver et il a fallu la médiation du Premier ministre Mirek Topolanek pour débloquer la situation.

Mais à ce stade, les jours du gouvernement tchèque étaient déjà comptés. Confronté à cinq motions de censure, le Premier ministre Mirek Topolanek a finalement dû présenter sa démission pour faire place au technocrate Jan Fischer. Déjà secouée par l’effondrement des marchés financiers, cette crise tchèque fragilisait davantage l’Union européenne. En tout cas, les mots que Martin Schulz, président du groupe socialiste au Parlement européen, prononçait en ce mois de mars 2009, n’étaient pas très tendres : « Cela fait longtemps que je n’ai pas vu une présidence de l’UE aussi faible que celle conduite par Mirek Topolanek », disait-t-il, « les Tchèques n’arrivent pas à relever les défis qu’affronte actuellement l’Union européenne, ils n’ont rien fait ni dans le domaine de l’emploi, ni dans celui des questions institutionnelles ». 

Le président Vaclav Klaus en fauteur de trouble

Quant aux fameuses questions institutionnelles, une bonne partie de la responsabilité en revient au président tchèque, le très eurosceptique Vaclav Klaus. Farouchement opposé au Traité de Lisbonne, il n’a toujours pas apposé sa signature au bas de ce traité de réforme des institutions européennes, le qualifiant d’ « erreur tragique ». Vaclav Klaus n’a pas raté une seule occasion de discréditer la présidence tchèque et dans son sillage toute l’Union européenne. La dernière attaque en règle date de la veille des élections européennes du 7 juin : l’eurosceptique notoire proclamait que ce scrutin n’était pas nécessaire. En pleine crise économique, au moment où les dirigeants européens plaidaient pour un retour d’une Europe protectrice, le turbulent Vaclav Klaus défendait la libéralisation accrue des marchés. 

Pour de nombreux diplomates européens, les caprices de Vaclav  Klaus sont bien la meilleure preuve que l’Europe a besoin du Traité de Lisbonne qui mettra un point final au principe des présidences tournantes. L’une des nouveautés sera en effet l’instauration d’une présidence stable.