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Irak/Etats-Unis

Il n’y a plus de soldats américains dans les villes irakiennes

par Nicolas Falez

Article publié le 30/06/2009 Dernière mise à jour le 30/06/2009 à 17:16 TU

Ce 30 juin 2009 a été décrété jour férié pour marquer le retrait des troupes américaines des villes. 6 ans après l’invasion américaine, les forces irakiennes sont prêtes à prendre le relais. L'événement a été endeuillé par un attentat à Kirkouk qui a fait 26 morts et 56 blessés.

Des forces de sécurité irakiennes défilent dans la ville de Najaf, à 160 km au sud de Bagdad, le 30 juin 2009, pour marquer le retrait des troupes américaines des villes et des villages du pays.(Photo : Qassem Zein/AFP)

Des forces de sécurité irakiennes défilent dans la ville de Najaf, à 160 km au sud de Bagdad, le 30 juin 2009, pour marquer le retrait des troupes américaines des villes et des villages du pays.
(Photo : Qassem Zein/AFP)


« Policiers et soldats irakiens ont décoré leurs voitures et leurs bureau
», raconte l’universitaire Adel Al Kayar, joint par RFI dans sa maison de Bagdad. « C’est pour fêter la souveraineté de l’Irak, fêter le départ des troupes étrangères. Le peuple en a ras-le-bol après six ans de fouilles, d’attaques et de patrouilles ! », ajoute-t-il. Des fêtes ont été organisées en Irak pour marquer l’événement. A compter de ce 30 juin, les 130 000 militaires américains se regroupent dans des bases, hors des agglomérations irakiennes. Les forces américaines devront même demander une autorisation pour intervenir hors de leurs camps. Il leur faudra pour cela solliciter le feu vert du Comité de coordination des opérations militaires conjointes (JMOCC), placé sous l’autorité du ministère irakien de la Défense.

Un défi pour les forces irakiennes

« Aujourd’hui, la véritable question, c’est celle du degré de préparation des forces irakiennes qui devront se substituer aux Américains  », note le chercheur Karim-Emile Bitar de l’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques). 500 000 policiers et 250 000 soldats irakiens ont été formés et déployés pour remplacer les militaires américains. « Seront-ils assez habiles pour prévenir les attentats suicides », s’interroge Karim-Emile Bitar qui se demande aussi si ses forces sauront résister aux tensions ethniques et communautaires qui parcourent la société irakienne, divisée entre majorité chiite et minorités (sunnites, kurdes, etc.). Adel Al Kayar, lui, ne cache pas son optimisme : « Les forces irakiennes ont montré leur maîtrise de la rue. Elles agissent maintenant avec calme, il n’y a plus de grande pagaille lorsqu’il y a un attentat », raconte l’universitaire irakien.

Attentats anti-chiites

Pourtant, de récents attentats ont réveillé la crainte d’une flambée de violence. 78 morts le 24 juin sur un marché du quartier chiite de Sadr City à Bagdad, 73 morts quelques jours plus tôt dans un village chiite proche de Kirkouk… « Les insurgés essaient de mettre ce retrait à leur crédit », explique Karim-Emile Bitar de l’IRIS, selon lequel « les Irakiens ne sont pas dupes mais il existe un risque pour que les résidus d’al-Qaïda en Mésopotamie essaient d’attiser les tensions entre chiites et sunnites ». Lucide, l’universitaire Adel Kayar admet : « Les attentats vont continuer, des attentats isolés pour deux ou trois ans. Mais rien à voir avec les années de guerres que l’on vient de traverser ! ».

« Milices du Réveil »

Autre défi pour l’Irak, au lendemain du retrait des troupes américaines des agglomérations : l’attitude des « Sahwa » ou « milices du Réveil », ces groupes armés sunnites qui combattaient aux côté d’al-Qaïda contre l’envahisseur américain mais que les Etats-Unis ont réussi à « retourner », moyennant finances. Ces milices vont-elle trouver leur place dans la nouvelle configuration sécuritaire irakienne ? « C’était un pari extrêmement risqué », rappelle le chercheur Karim-Emile Bitar, qui se demande si ces Sahwa ne vont pas revenir « comme un boomerang » à la figure des dirigeants irakiens. Autre interrogation pour l’avenir : l’attitude du voisin iranien, et de ses relais chiites en Iran. Encore beaucoup d’incertitudes pour l’Irak de l’après-Saddam Hussein mais le Premier ministre irakien Nouri Al Maliki veut y croire : il fustige « les sceptiques qui ne croyaient pas en leur capacité [des Irakiens] de prendre en charge leur sécurité » et ceux « qui martelaient que les forces étrangères ne se retireraient pas et garderaient des bases permanentes dans le pays ».