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Iran

Quelle stratégie pour l’opposition?

par Aurélien Colly (avec agences)

Article publié le 01/07/2009 Dernière mise à jour le 01/07/2009 à 19:44 TU

L'opposition iranienne persiste et signe. Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, deux candidats malheureux à l'élection présidentielle du 12 juin, n'acceptent pas la victoire de Mahmoud Ahmadinejad, entérinée pourtant lundi par le Conseil des gardiens de la Constitution. Ils cherchent une stratégie sans passer par les manifestations de rue.

Dans une lettre publiée dans la nuit de mardi à mercredi sur son site internet, Mir Hossein Moussavi demande toujours l'annulation du scrutin, qualifiant le nouveau gouvernement d’ « illégitime ».

 

Même son de cloche du côté de l’autre candidat malheureux, l'indépendant Medhi Karoubi. Dans une lettre publiée sur le site internet de son journal EtemadMelli, il ne reconnaît pas la victoire de Mahmoud Amadinejad et annonce qu’il ne participera à aucune cérémonie officielle, en particulier à l'investiture du président réélu. Cette lettre aurait dû être publiée ce mercredi dans l’édition papier de son journal. Le régime l’a formellement interdit, le quotidien n’est donc pas sorti en kiosque ce mercredi.

« Le dossier est désormais clos », avait insisté lundi Abbas-Ali Kadkhodaie, porte-parole du Conseil des gardiens de la Constitution, organe chargé de se prononcer sur le déroulement de l’élection présidentielle du 12 juin.

« Dossier clos » pour le pouvoir, mais pas pour deux des trois candidats perdants du scrutin. Face à un régime qui reste intransigeant sur les résultats, qui déploie ses forces de l'ordre pour empêcher tout rassemblement dans la rue, qui fait aussi arrêter les intellectuels, journalistes, professeurs proches des réformateurs, l’opposition cherche une nouvelle stratégie.

S’appuyer sur la contestation populaire

« Nous sommes entrés dans la seconde phase de la contestation », explique Ahmad Salamatian, vice-ministre iranien des Affaires étrangères et député d'Ispahan jusqu'en 1981. « L’opposition veut inscrire la contestation dans le temps. Ses représentants veulent éviter l’affrontement et les violences dans la rue ». Premier objectif donc, « renforcer les réseaux de solidarité pour faire face à la répression ».

Selon la Ligue iranienne des droits de l'homme, basée à Paris, près de 2000 personnes ont été arrêtées pendant les deux semaines de protestation qui ont suivi le scrutin du 12 juin. Parmi elles, plus d’une une centaine de personnalités proches du courant réformateur - intellectuels, journalistes, professeurs ou collaborateurs des candidats. L'agence officielle iranienne Fars annonce ce mercredi 1 032 arrestations, précisant que « bon nombre des personnes interpellées ont été libérées, les autres font l'objet d'une enquête par les tribunaux publics et révolutionnaires ».

Deuxième objectif pour Ahmad Salamatian, s’appuyer sur la contestation populaire des dernières semaines pour peser dans le jeu politique. « Le clivage dépasse largement aujourd’hui la réélection contestée d’Ahmadinejad », explique-t-il. « L’opposition veut rassembler autour de la dérive autoritaire du régime, en mettant en avant les dangers que cela représente pour la République islamique iranienne, menacée dans ses fondements si elle perd sa dimension républicaine ».

Cette stratégie semble déjà se dessiner dans le dernier communiqué de Mir Hossein Moussavi. Après avoir accusé le pouvoir d'avoir truqué l'élection, il annonce qu’il rejoindra « une association de dirigeants ayant pour but de faire entendre les suffrages ignorés » le 12 juin. Cette association exigera également le « retour du pays à une atmosphère politique normale », « une réforme de la loi électorale pour empêcher la fraude » et des garanties concernant « la liberté de la presse et la liberté d'organiser des rassemblements ».

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